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Le Conte

Tout sur les contes

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LE CONTE<br />

l'avoir fait, car en définitive c'est mon testament. » 1 . Il ne place pas les Trois <strong>Conte</strong>s<br />

sur le même plan que Bouvard et Pécuchet : « J'écris des choses courtes, ce qui est<br />

plus facile » 2 .<br />

Sur un plan nettement moins impressionniste, les Trois <strong>Conte</strong>s accusent en<br />

dépit des apparences une évolution génétique sensible. Flaubert s'y livre à des<br />

procédures nouvelles de fragmentation, d'enchaînement et d'extension tout à la fois -<br />

et ce presque au pied levé.<br />

Certains éléments de pure chronologie le démontrent : quand il commence<br />

Saint-Julien, Flaubert n'envisage d'écrire que ce conte-là, bien qu'il dispose du plan<br />

d'Un cœur simple qui date, lui aussi, de 1856. Ensuite il annonce à Laporte : « J'ai<br />

fini Saint-Juliien et je vais commencer un autre conte, de manière à avoir un petit<br />

volume à publier cet automne. » 3 Il est évident qu'à cette époque, il ne pense faire<br />

que deux contes 4 .<br />

L'idée d'Hérodias lui viendra encore plus tard 5 , car c'est seulement à son<br />

retour de Pont-l'Evêque et d’Honfleur, où il était allé « enquêter » pour Un cœur<br />

simple qu'il semble faire la première allusion à Hérodias. Dans une lettre à Mme<br />

Roger des Genettes, il écrit : « Savez-vous ce que j'ai envie d'écrire après cela : la<br />

vacherie d'Hérode pour Hérodias m'excite » 6<br />

On assiste donc déjà à une dislocation de planification inusitée, ce qui est fort<br />

instructif pour un texte comme les Trois <strong>Conte</strong>s, qui n'est compréhensible que d'une<br />

manière globale, les contes pris ensemble signifiant bien plus que chacun des contes<br />

pris séparément.<br />

Dans un autre ordre d'idées, on peut postuler que dans les Trois <strong>Conte</strong>s le<br />

discours flaubertien change sensiblement de régime. En fin de compte, on y retrouve<br />

les grands motifs de l'écriture flaubertienne, mais exploités à des fins nouvelles.<br />

<strong>Le</strong>s motifs deviennent de ce fait des thèmes. C'est-à-dire que ce qui rapproche<br />

contes et romans fait figure de motifs, d'échos de matière brute, alors que dans tel ou<br />

telle œuvre prise individuellement, nous avons affaire essentiellement à des thèmes.<br />

On pourrait avancer que la période qui va de 1870 à 1880 fut pour Flaubert<br />

une période fort différente des précédentes, tant par son climat culturel que par les<br />

conditions mêmes dans lesquelles Faubert travailla. C'est pourquoi la thématique des<br />

Trois <strong>Conte</strong>s se distingue sensiblement de celle des œuvres écrites avant 1870. <strong>Le</strong><br />

résultat direct de ceci est qu'au lieu de se contenter de simples échos intertextuels,<br />

ces contes explorent le problème, le thème central, de la réécriture.<br />

On ne s'est pas assez interrogé sur l'évolution des textes flaubertiens.<br />

Cette nouvelle tendance thématique se manifeste, grosso modo, dans la<br />

combinaison inusitée d'une substance légendaire, surnaturelle, mythique, religieuse.<br />

1 <strong>Le</strong>ttre du 18 février 1876 CHH vol 15 p. 437.<br />

2 <strong>Le</strong>ttre du 17 juin 1876 CHH vol 15 p. 455.<br />

3 <strong>Le</strong>ttre du 15 février 1876 CHH vol 15 p. 436.<br />

4 <strong>Le</strong>ttre du 18 février 1876 CHH vol 15 p. 438.<br />

5 <strong>Le</strong>ttre du 17 juin 1876 CHH vol 15 p. 455.<br />

6 <strong>Le</strong>ttre du 20 avril 1876 CHH vol 15 p. 448<br />

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