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Le Conte

Tout sur les contes

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LE CONTE<br />

ou dégradée qui parcourt toute l'œuvre de Flaubert, et que Félicité exprime<br />

autrement encore quand elle s'immerge dans la personnalité des autres 1 .<br />

Ces éléments parallèles concernent également des incidents secondaires, telle<br />

la visite du trésor souterrain d'Antipas, pendant d'une scène fort similaire dans<br />

Salammbô, ou bien des noyaux identiques, mais dont la ressemblance n'existe qu'à<br />

un certain niveau : Julien, pour fuir son destin s'engage « dans une troupe<br />

d'aventuriers » - comme Frédéric dans L'éducation sentimentale : « Il voyagea ».<br />

Tout ceci démontre, chez Flaubert, l'universalité thématique des clichés.<br />

Comme le catéchisme dans Madame Bovary, l'apprentissage de la chasse dans Saint-<br />

Julien se fait par le moyen d'une sorte de Dictionnaire des Idées reçues.<br />

On pourrait même dire que Flaubert instaure un autre réseau et un autre type<br />

de clichés par le fait même qu'il reprend et retravaille les mêmes motifs pendant<br />

toute la durée de son activité d'écrivain.<br />

Pour ce qui est des structures narratives, il n'échappe à personne que Flaubert<br />

maintient dans deux contes sur trois cette division en trois parties assortie<br />

d'antithèses et de parallèles qui structure certains romans 2 .<br />

En effet, les contes comme les romans s'élaborent à partir de parallèles, de<br />

contrastes et de mises en abyme, de structures doubles, de motifs récurrents<br />

(immobilité, errance, violence, paix, couleurs) qui font que tous les personnages,<br />

tous les événements se ressemblent. Élément clichéiforme à ajouter aux autres.<br />

STABILITÉ GÉNÉTIQUE<br />

Ces échos divers n'étonnent personne. Il serait tout à fait anormal que<br />

Flaubert, en passant du roman au conte, comme d'un roman à un autre, ne maintienne<br />

pas une certaine continuité dans sa façon de coordonner l'événementiel et l'écriture,<br />

dans sa manière de percevoir l'humanité - c'est à ce prix que le flaubertien existe !<br />

Cette continuité n'est pas le simple fait d'obsessions psychologiques, morales<br />

ou autres. Elle se manifeste à la base, dans une réflexion génétique qui ne varie<br />

guère.<br />

A partir de Salammbô, les manuscrits flaubertiens se ressemblent de très près.<br />

Toutes les œuvres des années 1860-1870 traversent les mêmes stades : plans,<br />

scénarios, brouillons, plans récapitulatifs, mise au net par tronçons, dernière version<br />

autographe, copie, épreuves.<br />

Son activité créatrice est donc d'une très grande stabilité : Quand il annonce à<br />

Caroline, le 9 décembre 1876 : « ((j'ai) fini la première partie d'Hérodias. Elle est<br />

même recopiée. » 3 , on reconnaît un processus et une chronologie qui existent depuis<br />

fort longtemps.<br />

Flaubert maintient également jusqu'au bout son habitude de poursuivre ses<br />

recherches au fur et à mesure de la composition de son texte. Il est donc normal<br />

1 Raitt A. W. « Flaubert and the art of the short story » p. 125.<br />

2 v. D'Oria D. « Relevé des constantes lexématiques, sémantiques et structurales dans les Trois <strong>Conte</strong>s ».<br />

Università di Bari, Annali della Facoltà di lingue e letterature straniere, nuova serie 1-2, 1970-1971, p.<br />

35-53.<br />

3 CHH vol 15, p. 508.<br />

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