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Le Conte

Tout sur les contes

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LE CONTE<br />

On récite la même formulette en se rendant entre onze heures et minuit à<br />

reculons, du côté de l'égoût du toit « 1<br />

Telle quelle est décrite, cette pratique présente, pêle-mêle, plusieurs<br />

oppositions figuratives sous-jacentes, telles celles de (jour)/nuit, brillant/(mat),<br />

céleste/terrestre, terrestre/aquatique (« égoût du toit »), horizontalité (« lit »,<br />

« carrefour »)/verticalité (« descendre », « poser »), etc. nous ne nous éloignons pas<br />

ici des contes merveilleux qui font appel, eux aussi, à ces mêmes figures.<br />

De ces quelques observations et d'une multitude d'autres possibles, on<br />

retiendra qu'un même univers sémantique, en l'occurrence de nature figurative,<br />

s'exprime sous des formes variables, comme en témoigne la panoplie des traditions<br />

populaires : ce n'est point un hasard si ce que l'on appelle communément « folklore »<br />

recouvre, en définitive, presque tous les aspects de la vie humaine d'un groupe<br />

socioculturel donné, à un moment historiquement déterminé, aspects de la vie<br />

humaine qu'on classe - comme sous forme de « genres » - sous les dénominations de<br />

« récits » (« contes » et « légendes »), de « croyances », de « coutumes », de « rites »,<br />

etc., et qui vont jusqu'à inclure la « danse », le « mobilier », l'« habitat »,<br />

l'« outillage », etc.<br />

L'hypothèse ici avancée sur la dimension « mythique » (ou « connotative » ou<br />

même « symbolique »), correspond au désir de mettre à jour une signification de<br />

niveau profond, indépendamment de tous ces différents « objets » folkloriques qui<br />

lui servent occasionnellement de support et dont la totalité paraît bien circonscrire un<br />

univers sémantique homogène.<br />

Nul n'ignore que C. Lévi-Strauss - notre première source de réflexion 2 a eu<br />

recours, pour l'interprétation des mythes amérindiens, à toutes ces données - dites<br />

annexes - que sont les croyances, les rituels et autres pratiques coutumières : c'est<br />

justement pour ce caractère apparemment hétérogène que la procédure comparative<br />

englobante de C. Lévi-Strauss a été, ici ou là, fortement contestée. En postulant - et<br />

en tentant de démontrer - l'existence d'un univers « mythique » unique, d'une<br />

dimension « mythique » (ou « poétique ») coextensive à l'ensemble des données<br />

relevant de « genres » différents, on pourrait, semble-t-il, lever cette difficulté et<br />

justifier une utilisation plus large de tout le matériau que nous offrent les traditions<br />

populaires.<br />

C'est dans cette perspective, dans le prolongement de notre thèse d'Etat, que<br />

nous envisageons d'élargir nos recherches sémantiques, au delà du seul conte<br />

merveilleux jusqu'ici seul pris en considération, à l'ensemble des pratiques<br />

folkloriques, pour lequel, nous postulons à un plan sous-jacent, l'existence d'un seul<br />

univers de signification, cohérent et homogène.<br />

COURTÉS Joseph<br />

Université de Toulouse-<strong>Le</strong> Mirail<br />

1 <strong>Le</strong> folklore de France, Paris, Maisonneuve et Larose, 1968, tome I, p. 50.<br />

2 V. J. Courtés, Lévi-Strauss et les contraintes de la pensée mythique, Paris, Mame, 1973, 190 p.<br />

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