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Le Conte

Tout sur les contes

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PARCOURS NARRATIF ET PROCESSUS MODAUX<br />

DANS UN CONTE HAGIOGRAPHIQUE MAROCAIN<br />

INTRODUCTION<br />

<strong>Le</strong> récit de Sidi Abd El-Haqq est tiré du répertoire « légendes<br />

hagiographiques » recueillies et rassemblées par E. Laoust (1949) dans ses <strong>Conte</strong>s<br />

Berbères du Maroc 1 .<br />

Dans ce texte, il nous est donné la narration d'une vision du monde qui a pour<br />

protagonistes l'énonciateur présumé du texte (collectif et anonyme quoique relayé<br />

individuellement et pris en charge par un « conteur ») et l'énonciataire virtuel de ce<br />

même texte (collectif mais non anonyme). Il est à noter l'identité partielle relevée<br />

entre le sujet des énoncés narratifs relatant l'expérience « prophétique » et le sujet de<br />

l'énonciation subsumant ces énoncés. Cette énonciation va pouvoir nous aider à<br />

dégager la vision du monde qui lui est sous-jacente. En effet, décrite du point de vue<br />

du mode d'expression « littéraire » (on peut s'interroger sur le genre hagiographique<br />

et sur la fonction culturelle qu'il remplissait à l'intérieur de la communauté), cette<br />

vision du monde va poser le problème de sa cohérence et de son authenticité. Est-ce<br />

une vision unitaire ou fragmentaire ? Est-elle conforme ou non aux habitudes et aux<br />

présupposés « idéologiques » de la dite communauté ? Pourquoi nous raconte-t-elle<br />

la « vie » de Sidi Abd El-Haqq, saint méconnu au Maghreb et dont le lieu du culte 2<br />

est célèbre ? Pourquoi la guérison de la folie s'attache-t-elle au nom de Sidi Abd El-<br />

Haqq, saint parmi les saints et à qui la généalogie manque _ ? 3 .<br />

Néanmoins, le récit va pouvoir déterminer un ensemble de rapports entre<br />

l'énonciateur du conte, véritable destinateur de la vision « prophétique », le narrateur<br />

comme expression linguistique et narrative de l'énonciateur (même en l'absence de la<br />

forme personnelle du je) et le sujet pragmatique des énoncés narratifs (manifesté par<br />

la forme impersonnelle), qui assument cette narration. Ce sont ces rapports qui vont<br />

1 <strong>Conte</strong>s Berbères du Maroc, de E. Laoust (1949) en 2 volumes. <strong>Le</strong> premier comprend les textes<br />

transcrits phonétiquement, le second renferme la traduction. Quant aux récits, Laoust les classe en <strong>Conte</strong>s<br />

d'Animaux, <strong>Conte</strong>s Plaisants, <strong>Conte</strong>sMerveilleux et Légendes Hagiographiques. Pour les problèmes de<br />

typologie, voir notre communication « <strong>Le</strong> faire mythique dans le <strong>Conte</strong> Merveilleux Marocain »,<br />

Colloque d'Albi (1986) sur <strong>Le</strong> <strong>Conte</strong>.<br />

2 Une note de Laoust affirme que la zaouïa de S.Abd El-Haqq se trouve au nord-est de Tanant.<br />

3 Information donnée par A. Zeggaf de Rabat lors de la discussion de ce texte, Colloque d'Albi (1986).<br />

De manière générale, ce sont les travaux en anthropologie sociale et en sym- bolique qui peuvent nous<br />

donner la clef de ces énigmes.<br />

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