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Cahier n°2 du Mardi 3 janvier 2017<br />
Un nouveau Brest<br />
s’invente aux Capucins<br />
Béatrice Le Grand
2 Les Capucins à Brest<br />
Ouest-France<br />
Mardi 3 janvier 2017<br />
Les Capucins, un quartier servi sur un plateau<br />
À Brest, cet espace de 16 ha, en cœur de ville, a été cédé par la Marine à la Métropole.<br />
Une occasion unique de remodeler la ville, de surmonter la fracture de sa destruction en 1944.<br />
La haute silhouette des Ateliers, longue nef métallique de 300 m de longueur, domine ce qui est en train de devenir un nouveau quartier du centre-ville de Brest.<br />
Le projet<br />
Petit retour en arrière. Le 15 janvier<br />
2009, exactement. Ce jour-là, d’une<br />
signature, la Marine nationale et la<br />
métropole de Brest mettent fin à<br />
une histoire vieille de près de deux<br />
cents ans. Et lancent une nouvelle<br />
aventure : la Marine lâche les 16 ha<br />
des Capucins, en bord de la rivière<br />
Penfeld, le cœur et les poumons de<br />
sa présence à Brest.<br />
« Un haut lieu de mémoire »<br />
« Vous avez su faire d’un deuil une<br />
chance, se félicite alors Jean-Yves Le<br />
Drian, président du conseil régional,<br />
pas encore ministre de la Défense.<br />
Vous avez su sortir d’une forme de<br />
dépendance. » Cette dépendance,<br />
c’est celle qui liait Brest à la Marine<br />
nationale, à la construction neuve.<br />
Celle-ci abandonnée, tout au moins à<br />
Brest, la puissante Royale n’avait plus<br />
l’utilité de ces terrains stratégiques.<br />
Huit ans plus tard, le plateau des<br />
Capucins a déjà bien changé d’aspect.<br />
Mais la haute silhouette des Ateliers,<br />
longue nef métallique de 300 m<br />
de longueur héritée du XIX e siècle, a<br />
été conservée. Au temps de sa splendeur,<br />
le site était le royaume des tôliers,<br />
soudeurs et formeurs. C’est<br />
là que commençait réellement la<br />
construction d’un navire. Cas rare, le<br />
bâtiment avait survécu aux destructions<br />
de la Libération, en 1944.<br />
Pour François Cuillandre, président<br />
de Brest métropole, il était hors de<br />
question de « détruire ce que les<br />
bombardiers américains – pour la<br />
bonne cause – ou l’occupant allemand<br />
– pour la mauvaise – n’ont<br />
pas détruit ». Au contraire, il fallait<br />
« mettre en valeur ce haut lieu de la<br />
mémoire ouvrière et de notre patrimoine<br />
épargné ».<br />
Une ambition résumée, dans un<br />
autre style, par un ancien de l’Arsenal.<br />
Dans son Abécédaire du parler de<br />
l’arsenal, Gérard Cabon écrit : « Dans<br />
les années 1980, près de 600 salariés<br />
travaillaient sur le site. Demain,<br />
ce sera l’un des hauts lieux de la<br />
culture brestoise. » Il avait vu juste.<br />
Retour aux sources<br />
Symbole de ce pari, la grande médiathèque<br />
François-Mitterrand, qui ouvre<br />
ses portes la semaine prochaine, est<br />
hébergée dans les Ateliers. Comme<br />
le futur cinéma de cinq salles, ou le<br />
Fourneau, centre national des arts de<br />
la rue, qui doit y déménager.<br />
Les lieux conserveront aussi une<br />
trace de la mémoire ouvrière de l’arsenal.<br />
Le marbre, vaste plateforme<br />
d’acier servant à tracer les pièces à<br />
usiner, et aussi, à l’occasion, de tribune<br />
syndicale, y est conservé. Il côtoiera<br />
le tour qui avait servi à usiner<br />
les lignes d’arbres du porte-hélicoptères<br />
Jeanne-d’Arc, un four, une raboteuse…<br />
Mais les Capucins ne se limitent pas<br />
aux Ateliers, malgré leur gigantisme.<br />
Il s’agit bien pour Brest de se doter<br />
d’un nouveau quartier de centre-ville,<br />
avec tout ce qu’on y trouve habituellement<br />
: des logements – 600 sont prévus<br />
; des bureaux ; des commerces ;<br />
une présence étudiante via la cité internationale.<br />
Un village des start-up<br />
doit aussi s’y implanter, sous la férule<br />
du Crédit agricole.<br />
Ce faisant, Brest renoue avec ses<br />
origines. Car les Capucins ne sont<br />
pas un site parmi d’autres, dans la<br />
géographie brestoise. C’est à ses<br />
pieds, au bord de la Penfeld qu’a<br />
poussé le premier Brest, cette ville<br />
dont personne ne connaît l’origine<br />
exacte du nom. Une cité devenue maritime,<br />
née d’une rivière, au III e siècle.<br />
Une rivière longtemps frontière, mur,<br />
barrière, et qui aujourd’hui, demain,<br />
sera un trait d’union…<br />
Olivier PAULY.<br />
Un nouveau quartier, desservi par un téléphérique urbain, avec 600 nouveaux logements, une cité internationale, une grande médiathèque…<br />
Béatrice Le Grand
Ouest-France<br />
Mardi 3 janvier 2017 Un nouveau quartier émerge 3<br />
Brest ne pouvait pas rater une telle occasion !<br />
Les discussions entre les collectivités locales et la Marine remontent au début du siècle. François<br />
Cuillandre, président de Brest métropole et maire de Brest, voulait préserver ce patrimoine.<br />
Entretien<br />
François<br />
Cuillandre,<br />
maire de Brest,<br />
président de<br />
Brest métropole.<br />
Au moment de la cession des<br />
Capucins à la métropole de Brest,<br />
Jean-Yves Le Drian avait félicité<br />
Brest d’avoir « fait d’un deuil<br />
une chance »…<br />
Je ne sais pas si c’était un deuil (sourires)…<br />
Mais l’histoire est connue. Le<br />
plateau des Capucins avait été conçu<br />
et aménagé au moment du passage<br />
de la marine à voile à la marine à vapeur.<br />
Avec la fin de la construction de<br />
bâtiments militaires à Brest, il ne collait<br />
plus aux besoins de la Marine et<br />
de DCNS. C’est l’évolution normale<br />
d’une activité industrielle.<br />
Cette transformation était donc<br />
dans la logique des choses ?<br />
Les Ateliers des Capucins ont abrité<br />
de l’activité jusqu’en 2004. Mais nous<br />
discutions avec l’État du sort du plateau<br />
depuis 2002. Tout cela se passait<br />
dans le cadre de la mission Penfeld<br />
(NDLR. Le fleuve côtier autour<br />
des rives duquel la Marine a installé<br />
sa base navale et l’arsenal de Brest).<br />
Pour nous, les Capucins présentaient<br />
un intérêt patrimonial et historique indéniable.<br />
Il était naturel que Brest s’y<br />
intéresse.<br />
Quels sont les enjeux<br />
pour Brest ?<br />
Ils sont fondamentaux ! Je ne pense<br />
pas qu’il existe beaucoup d’autres<br />
villes confrontées à ce genre de problématique.<br />
La question, c’est bien<br />
« on achète, mais pour en faire quoi ?<br />
Dans une ville autant détruite par la<br />
guerre que Brest, que fait-on d’un<br />
espace comme les Ateliers, qui ont<br />
résisté aux bombes ? » Et le pari est<br />
d’autant plus grand que les lieux,<br />
jusqu’à présent, étaient interdits aux<br />
Brestois, hormis ceux travaillant dans<br />
la base navale. Il faut leur donner envie<br />
d’y aller, de découvrir.<br />
Et alors ?<br />
Eh bien nous allons faire des Capucins<br />
un vrai quartier de Brest, situé<br />
dans le cœur de ville. Un quartier qui<br />
proposera des logements, des commerces,<br />
des services publics comme<br />
la grande médiathèque François-Mitterrand,<br />
des activités populaires et<br />
culturelles comme le futur cinéma<br />
ou le centre d’interprétation du patrimoine.<br />
C’est tout cela qui fait un quartier.<br />
C’est aussi pour cela que nous<br />
avons réfléchi très tôt aux accès aux<br />
Capucins. L’endroit forme une sorte<br />
de presqu’île et c’est pour cela que<br />
nous avons fait le téléphérique audessus<br />
de la Penfeld. Pour relier les<br />
Capucins au reste du centre-ville. Ils<br />
en font partie.<br />
Néanmoins, avec 16 ha,<br />
la surface disponible est<br />
immense. Comment tout<br />
aménager sans uniquement<br />
opérer par des transferts<br />
de l’existant ?<br />
La réflexion est permanente. Mais<br />
tout n’est pas que transfert, loin de<br />
là : les logements neufs, ce n’est pas<br />
du transfert, c’est bien pour attirer de<br />
nouveaux habitants. Le cinéma, c’est<br />
une offre supplémentaire. La grande<br />
médiathèque, c’est un transfert, mais<br />
l’équipement entre dans une tout<br />
autre dimension par rapport à l’existant.<br />
Et puis les Capucins, ce ne sont<br />
pas que des projets publics. Les projets<br />
privés y ont une place importante.<br />
Comme, par exemple, le village des<br />
start-up voulu par le Crédit agricole.<br />
Recueilli par<br />
Olivier PAULY.<br />
Le site des Capucins, en surplomb de la Penfeld, sera une extension du cœur de ville de Brest.<br />
© IGN - 2017 - BD ORTHO ® Historique 2009 / © PlanetObserver
4 Les Capucins à Brest<br />
Ouest-France<br />
Mardi 3 janvier 2017<br />
300 ans, depuis les moines jusqu’à l’écoquartier…<br />
Depuis le rattachement de Recouvrance à Brest, en 1681, le plateau n’en finit pas<br />
de se transformer. La simple lande est devenue couvent, puis ateliers industriels…<br />
Les Ateliers des Capucins tels qu’ils se présentaient encore, avant la Deuxième Guerre mondiale.<br />
DCNS<br />
L’histoire<br />
Alain Boulaire,<br />
historien.<br />
Lande déserte, couvent franciscain,<br />
ateliers de la Marine nationale. Et<br />
bientôt écoquartier. Le plateau des<br />
Capucins se métamorphose, au gré<br />
des époques, et des besoins.<br />
« Son histoire brestoise commence<br />
en 1681, avec le rattachement<br />
du quartier de Recouvrance<br />
à Brest », raconte Alain Boulaire, historien<br />
brestois tourné vers la mer et<br />
la marine. Mais à l’époque, le terrain<br />
n’est qu’une « lande déserte ».<br />
Il faut attendre 1695 pour voir Vauban<br />
poser une première pierre. Celle<br />
du couvent des moines capucins, rattachés<br />
à l’ordre des franciscains, qui<br />
fournissent les aumôniers embarqués<br />
sur les navires de la Marine. « Les jésuites,<br />
installés à Brest, veillaient à<br />
leur bonne moralité… »<br />
Lors de la Révolution, à la suppression<br />
des ordres religieux, « seuls<br />
quinze capucins résident » sur le plateau.<br />
Le couvent est cédé à la Marine,<br />
qui y installe son école d’apprentis canonniers.<br />
« Vient ensuite la révolution de<br />
l’industrie à vapeur. » Nous sommes<br />
en 1840. Le Second Empire accompagne<br />
la construction des halles,<br />
qui abritent les machines servant à<br />
la construction navale, « où les bagnards<br />
travaillent jusqu’à la suppression<br />
du bagne, en 1858 ». C’est<br />
l’époque de la « fameuse » grue Gervaise.<br />
Celle qui charge les chaudières<br />
sur les navires, en circulant sur un<br />
chemin de fer, encore visible.<br />
Avec le nucléaire, le déclin<br />
Les Ateliers deviennent un lieu de<br />
production majeur et livrent d’importants<br />
cuirassés, dès la Première<br />
Guerre mondiale. « On y fabrique la<br />
chaudière du Richelieu, échappé<br />
de Brest en juin 1940, mais aussi le<br />
porte-hélicoptères Jeanne-d’Arc. »<br />
Puis, « Toulon monte en puissance,<br />
le nucléaire se développe ». Et le plateau<br />
décline. La construction navale<br />
disparaît à Brest, le plateau, de moins<br />
en moins exploité, est abandonné à la<br />
fin des années 1990.<br />
Les Capucins embarrassent la Marine.<br />
« Après le port du château et le<br />
Jardin des explorateurs, elle vend le<br />
site à la ville. » Pour 2,2 millions d’euros,<br />
en 2010.<br />
Commence alors « l’un des plus<br />
grands chantiers en Europe de réhabilitation<br />
d’un site militaro-industriel<br />
en site civil » : 12 ha à dépolluer<br />
des engins explosifs oubliés par la<br />
Marine, puis à transformer, de toutes<br />
pièces, en un véritable quartier.<br />
Pauline STEFANINI.<br />
Trois images, trois époques : 1989, alors que la production commence à décliner ; l’atelier des machines, en 1994 ; des apprentis à l’atelier de chaudronnerie, en 1937.
Ouest-France<br />
Mardi 3 janvier 2017 Un nouveau quartier émerge 5<br />
Aux Ateliers, « on ne rigolait pas tous les jours » !<br />
Ancien élève à l’école des apprentis, Jacques a intégré les Ateliers en 1954. Pendant trois ans,<br />
il a assemblé les pièces destinées à la fabrication des navires de la Marine nationale.<br />
Témoignage<br />
« À l’époque, à Brest, l’arsenal occupait<br />
tout le plateau », se souvient<br />
Jacques Queffelec. « L’époque »,<br />
c’est en 1951, lorsqu’il rejoint l’école<br />
des apprentis de la Marine nationale,<br />
à 15 ans. « Ça m’arrangeait, parce<br />
que c’était à 500 m de chez moi ! »,<br />
reconnaît aujourd’hui l’octogénaire. Et<br />
puis, aux arpètes, « on était payé ».<br />
Après avoir réussi le concours d’entrée,<br />
« comme 100 autres garçons,<br />
sur 800 », Jacques Queffelec se retrouve<br />
en mécanique. Là, « pareil<br />
qu’à la maison, c’était la discipline<br />
avant tout ! ». Au bout de trois ans, le<br />
« Yannick » intègre les Ateliers, « une<br />
suite logique ». À l’ajustage, il est<br />
chargé d’assembler les pièces qui arrivent<br />
des machines.<br />
Le travail n’est pas toujours réjouissant.<br />
« Surtout quand il y avait des<br />
séries à réaliser, à la chaîne, pendant<br />
des heures. Quand on pensait<br />
avoir fini, François, le chef d’équipe,<br />
nous en redonnait… » Et il ne rigolait<br />
pas. « Nous avions l’interdiction formelle<br />
de papoter. » Dans les Ateliers,<br />
pas d’eau courante, ni de toilettes, « il<br />
fallait se contenter de trous infects,<br />
au-dessus des falaises ».<br />
Mais Jacques Queffelec a de la<br />
chance. Rapidement, il est chargé<br />
de la production de télépointeurs,<br />
« qui servent à régler les canons ».<br />
Après avoir passé trois ans à l’ajustage, dans les Ateliers, Jacques Queffelec a retrouvé l’école des apprentis, où il a formé<br />
les ouvriers, pendant trente ans.<br />
En binôme, avec son « matelot », il<br />
passe plusieurs mois à accomplir<br />
cette tâche « minutieuse, très intéressante<br />
».<br />
Après avoir été fauché par une voiture,<br />
et blessé au bras, l’ajusteur est<br />
placé au bureau des délais. « Là où<br />
l’on définissait les délais de production.<br />
» Puis il part au service militaire.<br />
À son retour, à 26 ans, Jacques<br />
Queffelec reprend la même place,<br />
ou presque. « J’ai demandé à avoir<br />
un peu de temps pour bosser mes<br />
cours de soir. » Car l’ouvrier a une<br />
ambition : devenir professeur à<br />
l’école des apprentis. « Une façon de<br />
prendre du galon et d’être un peu<br />
mieux payé ! »<br />
Les futurs ouvriers des Ateliers suivront<br />
ses cours, jusqu’à sa retraite, en<br />
1993.<br />
Pauline STEFANINI.<br />
Béatrice Le Grand<br />
Réservation : PUB a venir
6 Les Capucins à Brest<br />
Ouest-France<br />
Mardi 3 janvier 2017<br />
« Dans le temps, c’est un lieu qui va surprendre ! »<br />
À quoi ressembleront les Capucins dans quelques années ? Les immenses Ateliers seront-ils<br />
à la hauteur des ambitions ? Une chose est certaine, le « terrain de jeu » est immense.<br />
« On espère de nouvelles pratiques dans les Ateliers. Des projets surprenants ! »<br />
Entretien<br />
Alain Masson,<br />
vice-président<br />
de Brest<br />
métropole<br />
en charge des<br />
grands projets.<br />
Comment seront les Capucins<br />
dans cinq ans ?<br />
Plus de la moitié des logements seront<br />
construits, voire les trois-quarts.<br />
Soit entre 300 et 450 sur les 600 attendus.<br />
Ce programme suit sereinement<br />
son cours. Le parking de 600<br />
places sera en service. L’hôtel de la<br />
grande place, un trois à quatre étoiles,<br />
sera livré. Le téléphérique fonctionnera<br />
sans accroc.<br />
Et dans les bâtiments<br />
des Ateliers ?<br />
Le cinéma sera en fonctionnement,<br />
sinon c’est à désespérer ! La médiathèque,<br />
le premier équipement à<br />
ouvrir, aura pris son rythme de croisière.<br />
Le Fourneau sera peut-être installé…<br />
Ce seront les trois locomotives<br />
du lieu. Il y aura aussi un ou deux<br />
restaurants, et une restauration rapide<br />
« jeunes ». Pour les commerces,<br />
l’appel d’offres est en cours. On peut<br />
imaginer qu’au moins la moitié des<br />
espaces commerciaux sera occupée.<br />
Je ne suis pas très pressé. Il faut laisser<br />
du temps au lieu pour prendre son<br />
volume. Il ne faut pas forcer l’installation…<br />
N’y aura-t-il que de la culture ?<br />
Non, il y aura aussi dans les Ateliers<br />
une activité économique, avec des<br />
hôtels de start-up. Le Crédit agricole<br />
va ouvrir le sien. Un autre est aussi attendu<br />
dans le domaine culturel. Les<br />
créateurs ont la possibilité de prendre<br />
ce lieu comme un terrain de jeux, de<br />
création, d’échanges. Il suffit de s’installer<br />
dans un coin. On est à l’abri…<br />
Quelle animation<br />
dans les Ateliers ?<br />
Je ne sais pas… Mais, on le voit actuellement,<br />
les gens s’approprient le<br />
lieu. Ils y dansent ! Il y aura pas mal<br />
de manifestations spontanées. Sûrement<br />
des opérations qu’on ne connaît<br />
pas encore. C’est un lieu qui trouvera<br />
sa mesure au fur et à mesure… Il faut<br />
donner envie aux gens de venir. Leur<br />
offrir une multitude de points d’intérêts,<br />
pour créer du flux, comme dans<br />
une rue de centre-ville. Mais c’est<br />
compliqué d’amener des créateurs.<br />
Ils ont besoin d’avoir du flux. Or, tant<br />
que le cinéma et les commerces ne<br />
sont pas en place, ils attendent.<br />
Les atouts des Ateliers ?<br />
C’est un lieu couvert ! Et assez peu<br />
sonore, une surprise. La température<br />
y est plutôt agréable, même l’hiver.<br />
Pourtant, il y a peu de chauffage.<br />
C’est un lieu qui va surprendre ! On<br />
en espère des nouvelles pratiques…<br />
Des projets surprenants ! On réfléchit<br />
« Les<br />
à une vitrine d’appel pour Océanopolis.<br />
Ou bien, en lien avec le Technopole<br />
Brest Iroise, d’accueillir de la réalité<br />
numérique ou virtuelle de style La<br />
géode à la Villette, avec des mises en<br />
situation de personnes dans un environnement<br />
futuriste.<br />
Des exemples hors de Brest ?<br />
Le volume des Ateliers est exceptionnel…<br />
Même au Havre, à Nantes ou à<br />
Liverpool, qui ont rénové des friches<br />
industrielles, ce n’est pas pareil ! Nous<br />
avons un espace absolument majestueux,<br />
unique en France ! On l’a remis<br />
en état de fonctionnement. L’aventure<br />
commence maintenant…<br />
Ateliers, c’est aussi un magnifique lieu<br />
pour les petits. Il n’y a pas de voitures ! Cela<br />
se prête à une déambulation tranquille. »<br />
Recueilli par<br />
Laurence GUILMO.<br />
Alain Masson, vice-président<br />
de Brest métropole<br />
Un espace « absolument majestueux, unique en France », qui trouvera sa pleine mesure dans le temps.<br />
Béatrice Le Grand
Ouest-France<br />
Mardi 3 janvier 2017 Un nouveau quartier émerge 7<br />
Les Ateliers, « comme un grand parapluie » !<br />
Les architectes de l’Atelier de l’Île y travaillent depuis 2004. Malgré les contraintes, ils gardent<br />
le cap pour en faire un écoquartier, avec des Ateliers immenses et lumineux.<br />
Marc Quélen et Frédéric Motsch, architectes du bureau brestois de l’Atelier de l’Île, maître d’œuvre du projet Capucins.<br />
Béatrice Le Grand<br />
« Un grand escalier »<br />
« C’est un site unique, extraordinaire<br />
! Une chance pour Brest ! »<br />
assure Bruno Fortier, architecte en<br />
chef du projet Capucins depuis 2004.<br />
L’Atelier de l’Île – composé du cabinet<br />
parisien et de son agence brestoise<br />
– en est le maître d’œuvre. Il réalise<br />
les aménagements extérieurs du<br />
site et la rénovation des Ateliers. Un<br />
chantier avec de multiples contraintes<br />
(amiante, projets concomitants, etc.),<br />
dont un terrain en pente ! Avec un dénivelé<br />
d’une vingtaine de mètres. « On<br />
a travaillé en plateaux successifs,<br />
comme un grand escalier. »<br />
Logements et commerces<br />
Le premier plateau comportera un<br />
écoquartier tout neuf avec des logements<br />
et commerces. Les bureaux<br />
y seront moins nombreux que prévu<br />
avec le retrait de DCNS, qui a installé<br />
son nouveau bâtiment au Froutven. Le<br />
deuxième niveau concerne le parvis,<br />
qui est le toit d’un parking souterrain<br />
de 600 places. Cette grande place<br />
comportera un centre de recherche<br />
et un hôtel. Elle est reliée au premier<br />
étage du troisième ensemble, à savoir<br />
les Ateliers, par deux passerelles.<br />
Une vaste promenade<br />
Les extrémités du quartier sont alimentées<br />
par le tram et le téléphérique.<br />
Une vaste promenade piétonne<br />
relie les trois parties. « Elle est en<br />
pente douce, régulière. Et bordée<br />
de commerces, précisent Marc Quélen<br />
et Frédéric Motsch, architectes<br />
brestois de l’Atelier de l’Île. L’accessibilité<br />
sera totale ! »<br />
Une lumière fabuleuse<br />
L’autre grand atout des Capucins, ce<br />
sont les Ateliers. « On a refait l’enveloppe,<br />
notamment la façade et la<br />
toiture. Désormais, c’est comme<br />
un grand parapluie ! saluent les architectes<br />
brestois. Et la lumière y est<br />
fabuleuse ! » Il y a un « maximum<br />
de vitrages, et donc de lumière naturelle.<br />
Mais aussi une gestion très<br />
fine de l’éclairage. Même s’il fait gris<br />
ou mauvais temps, il y aura toujours<br />
la même quantité d’éclairage. C’est<br />
assez génial ! »<br />
De la place et…<br />
de l’avenir<br />
Mais qu’y fait-on ? Car il y a de la<br />
place… Pour la médiathèque, pas de<br />
souci ! Mais le cinéma, réduit à cinq<br />
salles au lieu de douze, occupera<br />
moitié moins de place que prévu. Il<br />
devrait arriver début 2017 ou fin 2018.<br />
Le déménagement du Fourneau,<br />
scène nationale de théâtre de rue,<br />
ne serait pas réalisé « avant 2022 »,<br />
selon les architectes. Si les finances<br />
sont là… La partie sud sera composée<br />
de restaurants et de commerces. Une<br />
pépinière d’entreprises sera accueillie<br />
à l’étage.<br />
Un « jouet magique »<br />
Au sein des Ateliers, il y a aussi une<br />
grande allée centrale à animer. Une<br />
« surface de jeu de 10 000 mètres<br />
carrés » ! Une association devrait<br />
être dédiée à la programmation d’activités,<br />
pour dynamiser le site et faire<br />
venir les gens. « Je suis optimiste,<br />
assure Bruno Fortier. C’est un jouet<br />
magique. Les points de vue sont extraordinaires.<br />
Il va monter en puissance…<br />
»<br />
Laurence GUILMO.<br />
Dans l’une des plus vastes halles couvertes de France…<br />
Des grands chiffres<br />
160 m de côté, 25 000 mètres carrés…<br />
3 nefs monumentales.<br />
200 baies vitrées en acier, dont certaines<br />
de 12 mètres de haut et 8<br />
mètres de large !<br />
10 000 m² pour l’allée centrale, grand<br />
espace public qui accueillera des expositions,<br />
spectacles, salons… Ce qui<br />
fait de Ateliers des Capucins l’une des<br />
plus grandes halles couvertes d’Europe.<br />
Entre 3 000 et 5 000 m 2 pour une rue<br />
commerçante et des services.<br />
Un mobilier innovant<br />
Le mobilier urbain – jeux et autres<br />
éléments d’animation de la place des<br />
Machines – est imaginé dans le cadre<br />
d’un projet qui réunit déjà plus de 70<br />
habitants, avec le Fourneau (centre<br />
national des arts de la rue), le centre<br />
d’art contemporain Passerelle, et<br />
l’Agence nationale de psychanalyse<br />
urbaine et du bureau cosmique.<br />
Le canot de l’empereur<br />
Le canot impérial de Napoléon I er ,<br />
construit en 1810 et long de 18 m,<br />
est au musée de la Marine, à Paris.<br />
L’embarcation, unique en son genre,<br />
devrait rejoindre les Capucins. Elle a<br />
séjourné à Brest de 1814 à 1943. Et<br />
navigué sur la Penfeld, en 1858, lors<br />
d’une visite de Napoléon III et de l’impératrice<br />
Eugénie. Le canot sera exposé<br />
dans les Ateliers, aux côtés des<br />
anciennes machines outils ouvrières<br />
du site.
Ouest-France<br />
8 Les Capucins à<br />
Mardi 3 janvier 2017<br />
Avec les Capucins, la naissance d’un nouveau quartier au cœur de Brest<br />
La médiathèque François-Mitterrand ouvre ses portes au public les 7 et 8 janvier.<br />
Béatrice Le Grand<br />
L’aménagement des anciens ateliers fut un vaste chantier.<br />
Béatrice Le Grand<br />
Plus de 600 logements se seront créés, à terme, sur le plateau.<br />
Béatrice Le Grand<br />
Sur cette photo aérienne, prise en plein chantier, on distingue au premier plan les Ateliers, devant les lesquels est aménagée l’esplanade de la Fraternité (1) . L’ancien<br />
site industriel accueillera à terme un cinéma de cinq salles (2) ; des commerces (3) ; de la restauration (4) ; une longue rue intérieure (5) ; la place des machines,<br />
témoignage du passé du site (6) ; la cantine numérique (7) ; la médiathèque (8) ; le Fourneau, centre national des arts de la rue (9) ; la gare du premier téléphérique<br />
urbain de France (10). À l’extérieur, la cité internationale (11).<br />
Panoramic Bretagne<br />
Depuis novembre 2016, le premier téléphérique urbain de France relie<br />
les Capucins au centre-ville.<br />
David Ademas<br />
200 baies vitrées dans les Ateliers !<br />
Béatrice Le Grand<br />
Dans les anciens Ateliers, des machines sont restées en place, témoignant de l’histoire ouvrière de l’Arsenal.<br />
Béatrice Le grand<br />
700 m 3 de béton sur une surface de 1 340 m 2 … En octobre 2015, la dalle de la rue commerçante est coulée en une journée.<br />
Vincent Mouchel<br />
Vue sur le quartier de Recouvrance.<br />
Béatrice Le Grand
10 Les Capucins à Brest<br />
Ouest-France<br />
Mardi 3 janvier 2017<br />
Le téléphérique, indispensable aux Capucins<br />
Comment donner l’envie aux Brestois de se rendre dans ce nouveau quartier ? Moins cher<br />
qu’un pont ou une passerelle, le choix du téléphérique a été fait par la métropole en 2011.<br />
Le téléphérique relie la rive gauche de Brest au nouveau quartier des Capucins.<br />
Béatrice Le Grand.<br />
L’histoire<br />
« Des Capucins au bas de Siam en<br />
téléphérique ? » Ouest-France se<br />
pose pour la première fois la question,<br />
dans son édition du 26 janvier 2011.<br />
« On ne peut pas faire l’impasse<br />
sur cette liaison », assure alors Alain<br />
Masson, vice-président de Brest métropole.<br />
Pour que vivent les Capucins,<br />
les Brestois doivent tout simplement<br />
pouvoir s’y rendre. Alain Masson envisage<br />
un « mode de déplacement<br />
doux, qui apporterait un cachet supplémentaire<br />
».<br />
Mais à cette date, rien n’est encore<br />
décidé. Il faut attendre le conseil communautaire<br />
du 9 décembre 2011 pour<br />
que le choix du téléphérique (le premier<br />
en France) soit adopté à l’unanimité.<br />
Trois autres options avaient été<br />
étudiées par la métropole : un pont<br />
transbordeur, un pont levant et des<br />
passerelles levantes. Elles coûtaient<br />
toutes beaucoup plus cher.<br />
« Le mode de transport<br />
du futur »<br />
Au total, le projet aura coûté 19 millions<br />
d’euros, mais pas aux frais du<br />
contribuable brestois. Outre les subventions<br />
de l’État et de l’Europe, il est<br />
financé par une taxe, versée par les<br />
entreprises de plus de onze salariés.<br />
En 2015, les premiers coups de<br />
pioches sont donnés de part et<br />
d’autre de la rivière Penfeld. En avril<br />
2016, les cabines sont exposées aux<br />
Brestois, bas de Siam. « Ça donne<br />
envie d’attendre le moment où elles<br />
seront réellement dans les airs »,<br />
sourit alors François Cuillandre.<br />
Les deux véhicules si atypiques<br />
mesurent cinq mètres de long, pour<br />
trois mètres de large et leur intérieur<br />
a été pensé pour rappeler l’univers<br />
maritime. Deux écrans y sont installés,<br />
donnant aux voyageurs la destination<br />
et les correspondances possibles<br />
avec les bus et les trams. Voyageurs<br />
qui peuvent trouver place sur les 14<br />
sièges disponibles. La cabine peut<br />
accueillir jusqu’à soixante passagers<br />
au total.<br />
Le téléphérique est finalement mis<br />
en service le 19 novembre, en présence<br />
de la ministre Ségolène Royal.<br />
Après une première traversée d’un<br />
peu moins de trois minutes, elle l’assure<br />
: « C’est le mode de transport<br />
du futur. »<br />
Mickaël LOUÉDEC.<br />
Les transports urbains brestois en quatre dates<br />
1865<br />
En voiture !<br />
On commence à parler de transports<br />
en commun à Brest en 1865.<br />
Quelques rares voitures de louage,<br />
calèches ou coupés, roulent sur les<br />
pavés du Ponant. Un peu plus tard, la<br />
diligence à cheval fait son apparition<br />
dans les rues brestoises. Il s’agit en<br />
fait d’un omnibus à traction animale.<br />
Le prix d’un voyage ? Vingt centimes<br />
de l’époque pour celui qui veut goûter<br />
au « luxe » de l’intérieur, quinze pour<br />
celui qui se satisfait de la banquette<br />
extérieure. Malgré les subventions de<br />
la ville, les concessionnaires ne s’y retrouvent<br />
pas.<br />
1898<br />
Le premier tram<br />
Le 11 juin 1898 marque l’inauguration<br />
officielle du tramway brestois, géré<br />
par la Compagnie des tramways électriques<br />
brestois. Le dépôt est installé<br />
à Kerinou. Trois lignes sont progressivement<br />
mises en service. En 1903, le<br />
tram est prolongé jusqu’au Conquet.<br />
Exploitée par une autre compagnie,<br />
cette deuxième ligne séduit les Brestois.<br />
Mais le tram provoque de nombreux<br />
accidents, notamment en raison<br />
de freins trop légers pour les<br />
pentes brestoises. Il est rapidement<br />
surnommé le « péril jaune » à cause<br />
de sa couleur.<br />
1947<br />
Le trolley prend le relais<br />
À la Libération, les transports en commun<br />
ne sont pas une priorité. Toutefois,<br />
quelques bus prennent possession<br />
de la ville, rapidement concurrencés<br />
par des trolleys, des bus à<br />
électricité. La première ligne, reliant la<br />
gare SNCF à Lambézellec, est inaugurée<br />
le 29 juillet 1947. Très efficace<br />
dans les côtes brestoises, le trolley<br />
doit tout de même s’incliner face aux<br />
progrès de la combustion d’hydrocarbures.<br />
Le dernier trolley circule gratuitement<br />
le 9 novembre 1970. Seuls<br />
véhicules prioritaires, soixante-dix bus<br />
sillonnent Brest.<br />
2012<br />
Le retour du tram<br />
Le 24 juin, les Brestois prennent littéralement<br />
d’assaut les rames du tramway,<br />
pour son inauguration. Une cérémonie<br />
simple et émouvante, tout près<br />
du pont de Recouvrance. Aujourd’hui,<br />
le tram fait partie du paysage de Brest<br />
et permet de traverser la ville en une<br />
vingtaine de minutes. Vingt-huit stations<br />
sont réparties sur les 14,3 km<br />
de réseau et on estime à 40 000 le<br />
nombre de personnes qui le prennent<br />
tous les jours. Avec le ticket de 1,<br />
50 €, il est aussi possible maintenant<br />
d’emprunter le tout nouveau téléphérique.
Cette cabine survole désormais la Penfeld<br />
La volonté était claire : les cabines de téléphérique devaient rappeler l’univers maritime.<br />
C’est réussi. Elles rappellent aussi les rames du tram, désormais familières aux Brestois.<br />
Marine<br />
L’intérieur des cabines rappelle l’univers<br />
maritime. ”On a par exemple un<br />
plancher en teck et un anneau en<br />
forme de manille, chromé”, explique<br />
Victor Antonio. Au sol, un hublot permet<br />
de profiter de la vue sur la rade.<br />
Pourquoi ? Comment ?<br />
Pourquoi les vitres deviennentelles<br />
opaques en cours de trajet ?<br />
Les cabines sont vitrées à 360°<br />
pour pouvoir profiter pleinement<br />
du paysage. Toutefois, un<br />
ingénieux système les rendra<br />
opaques lorsque le véhicule survolera<br />
des jardins privés ou des<br />
terrains militaires. Ceci se fera<br />
toutefois dans un laps de temps<br />
très court, sur les trois minutes<br />
que durera le trajet.<br />
De la couleur !<br />
Une ceinture de diodes diffuse continuellement<br />
de la lumière, comme<br />
un halo au-dessus du téléphérique.<br />
Rouge, bleue, verte, jaune de nuit...<br />
L’effet avec l’éclairage du Pont de<br />
Recouvrance, à proximité, est saisissant.<br />
Surtout lorsque mles deux<br />
cabines se croisent l’une par-dessus<br />
l’autre.<br />
Victor Antonio,<br />
responsable<br />
du projet à<br />
Brest Métropole<br />
Le téléphérique est le système de<br />
transport le plus sûr du monde.<br />
L’accident est rarissime. On a un<br />
deuxième moteur qui peut entrer<br />
en service pour pallier la panne<br />
du premier. Et si le deuxième<br />
moteur lâche, un groupe électrogène<br />
nous permet de fournir du<br />
courant, pour ramener la cabine.<br />
Si un câble venait à être défaillant,<br />
un deuxième système de<br />
roulement prendra le relais. On<br />
a essayé de trouver une solution<br />
pour toujours pouvoir ramener la<br />
cabine.
12 Les Capucins à Brest<br />
Ouest-France<br />
Mardi 3 janvier 2017<br />
Une médiathèque centrale d’un genre nouveau<br />
Moteur culturel du nouveau quartier, elle donnera envie d’y passer la journée.<br />
C’est la bibliothèque du futur, le « troisième lieu », remède contre la solitude et l’ennui.<br />
Finie la bibliothèque murée dans le silence ! La médiathèque des Capucins est une médiathèque d’un genre nouveau, où l’on fait bien plus qu’emprunter des livres.<br />
Un concept qu’on appelle, en Amérique du Nord, « le troisième lieu ».<br />
Béatrice Le Grand<br />
La médiathèque des Capucins va devenir<br />
« the place to be ». C’est un modèle<br />
de bibliothèque du futur, dans<br />
une ambiance vivante et joyeuse, un<br />
concept qu’on appelle, en Amérique<br />
du Nord, « le troisième lieu ». Finie la<br />
bibliothèque murée dans le silence !<br />
C’est une médiathèque d’un genre<br />
nouveau, où l’on fait bien plus qu’emprunter<br />
des livres. C’est un remède<br />
contre la solitude, un antidote à la<br />
frustration et à l’ennui.<br />
On peut, aux Capucins : apprendre<br />
le mandarin, profiter du wifi et des<br />
ordis gratuits, rechercher une orientation<br />
scolaire, emprunter The Big<br />
Lebowski, relire tout Jane Austen,<br />
consulter de précieux incunables,<br />
feuilleter une BD, prendre un café en<br />
terrasse, danser sur M.I.A, laisser ses<br />
enfants s’amuser en bonne compagnie<br />
! Et même y rencontrer François<br />
Morel avec, sous le bras, ses livres de<br />
chevet !<br />
8 km de rayonnages<br />
Brest, la ville de France qui enregistre<br />
le plus de prêts en bibliothèque<br />
(neuf livres prêtés par habitant par an<br />
contre cinq au niveau national) méritait<br />
une médiathèque à la hauteur, dotée<br />
de « musts » : vue imprenable sur<br />
la rade, téléphérique et supports de<br />
lectures modernes, liseuses et autres<br />
livres numériques…<br />
On y viendra donc pour le lieu luimême,<br />
chaleureux, confortable, propice<br />
aux rencontres. Voir un film, jouer<br />
au dernier jeu vidéo sorti, écouter un<br />
jeune groupe dans le vent… de quoi<br />
passer la journée entière ! À Montréal,<br />
on ne parle plus « d’usagers » mais<br />
« de séjourneurs en bibliothèque ».<br />
Sur les 350 000 documents abrités<br />
aux Capucins, on en trouvera<br />
120 000 en accès libre, dont des CD,<br />
DVD, des jeux traditionnels et des<br />
jeux vidéo. Outre l’espace, impressionnant,<br />
réservé aux périodiques, on<br />
pourra aussi « lire autrement », avec<br />
les livres audio, en plein boum.<br />
Des robots<br />
Comment les 38 bibliothécaires,<br />
« des passionnés, mais pas de magiciens<br />
», vont-ils s’organiser pour<br />
accueillir, renseigner et conseiller les<br />
usagers ? Sans oublier de préparer<br />
l’accueil des scolaires, de choisir des<br />
spectacles, de sélectionner des nouveautés,<br />
de mettre en valeur leurs<br />
coups de cœur et de dénicher des<br />
perles rares ? Grâce aux robots !<br />
La médiathèque sera équipée de<br />
six bornes pour enregistrer les prêts<br />
et les retours. Un robot trieur va gérer<br />
les documents rendus par les<br />
lecteurs : côté public, trois façades<br />
460 000<br />
d’écrans tactiles, en coulisses, un module<br />
de tri avec sept bacs. Les documents<br />
seront automatiquement triés<br />
selon leurs rayons, jeunesse, littérature,<br />
musique… Une prouesse technique<br />
qui facilite, ensuite, leur rangement.<br />
D’autres bacs recevront les documents<br />
réservés ou en transit. À l’extérieur,<br />
une borne de retour permettra<br />
de rendre les documents en dehors<br />
des heures d’ouverture.<br />
« Tout sera fait pour respecter<br />
le rythme de vie des usagers », résume<br />
Magali Haettiger, nouvelle directrice<br />
des médiathèques de Brest.<br />
Car « l’aventure » s’avère « passionnante<br />
», aux dires des bibliothécaires<br />
qui s’enflamment pour le « chantier<br />
de [leur] carrière »… Après le long et<br />
très complexe déménagement, elles<br />
n’ont plus qu’une « hâte » : retrouver<br />
[leur] public ».<br />
Frédérique GUIZIOU.<br />
C’est, en euros, l’investissement consacré<br />
au renouvellement des différentes<br />
collections de la médiathèque des Capucins,<br />
ce qui représente 20 % de nouvelles acquisitions sur les<br />
120 000 références en accès libre et 350 000 références en réserve.<br />
Oui, cette médiathèque est particulièrement riche…
14 Les Capucins à Brest<br />
Ouest-France<br />
Mardi 3 janvier 2017<br />
« Les Brestois se sont réapproprié ce quartier »<br />
Acheter, habiter, louer, travailler, faire du commerce… Dans quelques mois, le quartier<br />
des Capucins est amené à devenir un vrai lieu de vie.<br />
En quelques mois, un nouveau quartier est sorti de terre sur la rive droite. Les premiers habitants sont attendus au début de cette année.<br />
Béatrice Le Grand<br />
Habiter aux Capucins<br />
Au premier semestre 2017, les premiers<br />
habitants poseront leurs valises<br />
aux Capucins. Pour les particuliers,<br />
l’appel d’offres lancé par Brest métropole<br />
aménagement avait été, en partie,<br />
remporté par la société Kermarrec<br />
promotion (avec l’Adim, du groupe<br />
Vinci). Quatre résidences ont alors<br />
été prévues en face des Ateliers dans<br />
le cadre du programme Riva avec, au<br />
total, 106 logements, du T1 bis au T5.<br />
La commercialisation a été lancée en<br />
octobre 2014. « Elle a connu un vrai<br />
succès, qui nous a permis de démarrer<br />
les travaux moins de six mois<br />
plus tard, apprécie le directeur commercial<br />
Sylvain Lam. Très vite, le taux<br />
de remplissage a été excellent. Aujourd’hui,<br />
on a bon espoir d’arriver<br />
au moment de la première livraison<br />
avec la totalité des lots vendus. »<br />
Deux types de clientèles se sont manifestés<br />
: « Les investisseurs, qui ont<br />
plutôt acheté des petits logements,<br />
et les personnes qui vont y habiter<br />
en résidence principale. Ce sont<br />
surtout des Brestois, ou des gens<br />
qui ont des attaches brestoises. »<br />
Le caractère « désertique » initial du<br />
plateau n’a pas rebuté les candidats.<br />
« Il y a bien eu quelques interrogations,<br />
mais le travail a été bien fait<br />
de la part de Brest métropole, avec<br />
les équipements dans les Ateliers et<br />
la présence du téléphérique, estime<br />
Sylvain Lam, qui souligne le bon coup<br />
de pinceau apporté rive droite. « Ça a<br />
modernisé le quartier, ça lui a donné<br />
une nouvelle dimension. » Et avec le<br />
temps, les ventes se sont même accélérées…<br />
« Plus cela devenait une<br />
réalité tangible, moins on avait « à<br />
vendre » le devenir du quartier. Les<br />
Brestois se sont réapproprié cette<br />
partie de la ville dont ils ont été privés<br />
pendant longtemps. »<br />
Travailler aux Capucins<br />
Les Capucins seront aussi un lieu<br />
de travail. Outre l’immeuble de bureaux<br />
programmé par l’Adim, le Cap<br />
Vert a construit un bâtiment de cinq<br />
étages, de 1 700 m 2 de surface. « Un<br />
immeuble de bureaux et de commerces,<br />
d’activité tertiaire et commerciale<br />
», précise Olivier Jacolot,<br />
chargé d’opération à la Sempi, la<br />
société d’économie mixte qui porte<br />
le projet. La Sempi y a d’ailleurs déjà<br />
ses bureaux, et a été rejointe en juillet<br />
par l’antenne Ouest Bretagne de la<br />
Caisse des dépôts et consignations.<br />
Faire du commerce aux Capucins<br />
Début juillet, Brest métropole aménagement<br />
(BMa) a lancé l’appel à<br />
projets pour l’implantation de commerces<br />
aux Ateliers, sur une surface<br />
de 5 000 m 2 . « On a reçu une quinzaine<br />
de réponses, explique la directrice<br />
générale de BMa, Claire Guihéneuf.<br />
On va discuter avec eux afin de<br />
consolider le projet économique… »<br />
Trois types d’activités ont été répertoriés<br />
dans les candidatures : hôtellerie<br />
et bars, loisir tourisme urbain (murs<br />
d’escalade, sport…), culture (expositions…).<br />
« Ce qui nous manque un<br />
peu c’est le côté « petite boutique ».<br />
Mais rien n’est fini, il n’y a pas de<br />
date limite pour envoyer un dossier.<br />
» L’ouverture des premiers commerces<br />
est programmée au premier<br />
semestre 2018.<br />
Yannick LE COQUIL.<br />
Vivre aux Capucins…<br />
La cité internationale<br />
La vocation de la cité internationale<br />
des Capucins n’est pas de fournir<br />
un lieu d’études, mais « d’héberger<br />
des chercheurs, des enseignantschercheurs<br />
ou des doctorants et<br />
les post-doctorants. Il y a 33 appartements<br />
pour les accueillir, à partir<br />
de la nuitée comme à l’année », explique<br />
Nathalie Sarradin, responsable<br />
de la direction Europe et International<br />
à l’UBO. Ouvert le 23 août, le centre<br />
de mobilité international accompagne<br />
par ailleurs les étudiants pour préparer<br />
leur mobilité à l’étranger : visas, papiers<br />
administratifs…<br />
Livraison<br />
Les immeubles Riva 1 et Riva Access<br />
seront livrés au premier trimestre 2017.<br />
Pour Riva 3, ce sera au deuxième trimestre,<br />
et au troisième trimestre pour<br />
Riva 2.<br />
L’optimisation énergétique<br />
Le réseau Smart Grid désigne un réseau<br />
de distribution d’électricité « intelligent<br />
» utilisant l’informatique pour<br />
davantage d’efficacité énergétique.<br />
Deux centrales photovoltaïques de<br />
650 m 2 chacune ont été posées sur<br />
le toit des ateliers et de la médiathèque.<br />
Un automate mis en place<br />
par Schneider Électrique gérera le<br />
surplus, qui sera redistribué. Au total,<br />
le photovoltaïque couvrira 12 %<br />
des besoins théoriques des espaces<br />
publics. Le reste viendra du réseau<br />
électrique normal. Une plateforme<br />
web permettra de maîtriser la performance<br />
énergétique des Capucins.<br />
L’objectif est de collecter des données<br />
de production et de consommation<br />
d’énergie par type d’usage, logements,<br />
bureaux, et commerces, et de<br />
les rendre intelligibles par les usagers<br />
du quartier, soit par internet ou sur un<br />
écran qui sera situé dans les espaces<br />
publics.<br />
C’est le prix moyen du mètre carré pour un<br />
3 150 € appartement dans les résidences du programme<br />
Riva, aux Capucins. Le prix moyen<br />
en accession abordable (accession aidée) est de 2 590 € le m²,<br />
stationnement inclus.
Ouest-France<br />
Mardi 3 janvier 2017 Un nouveau quartier émerge 15<br />
« On avait repéré l’endroit depuis un moment »<br />
Gilles (49 ans) et Corinne (53 ans), tous deux cadres dans l’informatique, ont choisi de devenir<br />
propriétaires dans le quartier des Capucins. Pour louer, avant peut-être d’y vivre plus tard.<br />
««<br />
On cherchait à réaliser un investissement<br />
immobilier. On avait repéré<br />
l’endroit depuis un moment, car ça<br />
nous intéressait d’acheter à Brest.<br />
Pour l’instant, on a l’intention de louer<br />
l’appartement et, ensuite, pourquoi<br />
ne pas y habiter, quand on sera plus<br />
âgés ?<br />
On a déjà vécu à Brest quand on<br />
était plus jeunes, avant de prendre<br />
une maison à Plouzané. On compte<br />
revenir, mais pour l’instant avec les<br />
enfants, c’est plus agréable d’avoir un<br />
jardin.<br />
Le confort de la terrasse<br />
On a opté pour un T3 de 65 m 2 au<br />
quatrième étage (l’immeuble Riva 1<br />
en compte neuf, NDLR). Il sera livré en<br />
mars 2017. Ce qui nous a beaucoup<br />
plu, ce sont les grandes terrasses, de<br />
presque 40 m 2 .<br />
On a choisi de se mettre côté Penfeld,<br />
pour ne pas avoir de vis-à-vis. On<br />
ne voulait pas quelque chose de trop<br />
grand, car on ne voulait pas mettre<br />
trop cher (le prix moyen sur le programme<br />
Riva est de 3 000 € le m 2 ).<br />
Ce qui nous a aussi convaincus, c’est<br />
le côté neuf. On a déjà habité dans<br />
des immeubles anciens, rue de Siam.<br />
On voulait du nouveau, surtout pour<br />
louer au début, pour éviter d’avoir<br />
d’éventuelles réparations à gérer. Et il<br />
y a aussi l’avantage du chauffage urbain…<br />
« Se passer de la voiture »<br />
Concernant le quartier, qui est encore<br />
un peu à nu, on n’a pas vraiment eu<br />
de doutes, parce qu’on avait vu en<br />
gros ce qui était projeté. En plus, ici,<br />
on peut largement se passer de la voiture.<br />
Ce qui est sympa, c’est de pouvoir<br />
se déplacer à pied, à vélo, en tram<br />
et en téléphérique. Il y aura aussi la<br />
médiathèque, le cinéma et des commerces<br />
un peu plus tard… Les supermarchés<br />
ne sont pas loin, il y a des<br />
écoles si on veut louer à des jeunes<br />
couples par exemple. Et c’est un écoquartier,<br />
c’est un réel avantage.<br />
Aujourd’hui, à quelques semaines<br />
d’avoir les clés, on a vraiment hâte. Le<br />
chantier du parking a pris pas mal de<br />
temps, le bâtiment a mis longtemps à<br />
sortir de terre. Mais ensuite on a commencé<br />
à le voir petit à petit depuis le<br />
pont. On s’est dit : « Ça y est, ça prend<br />
forme… » On ne peut pas encore accéder<br />
à l’appartement. On est passé<br />
plusieurs fois pour regarder, mais de<br />
loin. Une visite est prévue en février. Il<br />
ne restera alors plus que les dernières<br />
couches de peinture à passer… »<br />
Recueilli par<br />
Yannick LE COQUIL.<br />
Corinne et Gilles devant l’immeuble Riva 1, aux Capucins, où ils ont acheté<br />
un appartement de 65 m 2 . Ils auront les clés au printemps prochain.<br />
Ouest-France<br />
Réservation : pub