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Mastère Spécialisé Sécurité et Risques Industriels – EI CESI Ecully<br />
PARTIE 3. LES RIVERAINS FACE A L’INFORMATION : ENTRE ABSENCE D’ATTENTES ET<br />
DIFFICULTES D’APPROPRIATION<br />
Des connaissances très hétérogènes<br />
Au fil des entretiens comme dans l’analyse des discours sur les usines et les risques<br />
industriels, l’hétérogénéité des connaissances habitantes apparaît très clairement. Sur<br />
tous les sujets en lien avec le monde industriel (activités et productions de l’usine, santé<br />
économique du secteur et du site, risques encourus et mesures de sécurité existantes), les<br />
savoirs sont plutôt mal partagés et inégalement répartis.<br />
Pour la plupart des habitants interrogés, l’usine est un sujet de préoccupation qui se<br />
décline sur plusieurs registres. Les risques et les nuisances sont l’un d’eux. La pérennité<br />
des ateliers de production et leur plus ou moins bonne santé économique en sont un<br />
autre, au moins aussi important (sinon plus). De ce point de vue, on remarque que la<br />
relation des habitants à l’usine se construit sur une définition ambivalente des effets<br />
qu’elle produit localement. Pour beaucoup, l’usine est à la fois créatrice d’externalités<br />
positives (des richesses, des ressources, des emplois, etc.) et d’externalités négatives (des<br />
odeurs, des fumées, des maladies, etc.).<br />
Cette double perception permet notamment de penser la proximité du site industriel<br />
comme un jeu à somme nulle, où les bénéfices engrangés d’un côté compensent les<br />
inconvénients subis de l’autre.<br />
L’opacité des entreprises et/ou absence d’information a deux conséquences.<br />
La première est que l’inquiétude d’une éventuelle fermeture forme une menace latente<br />
qui impressionne les habitants des quartiers industriels pour les cantonner dans un silence<br />
résigné et passif.<br />
La deuxième conséquence est que l’absence d’information sur la situation économique<br />
des entreprises contribue à former chez les riverains une représentation opaque de l’usine<br />
qui génère une méfiance envers ses dirigeants, mais aussi envers l’information qu’ils sont<br />
susceptibles de produire.<br />
Des sources d’information diversement mobilisés<br />
L’information n’est pas qu’une affaire de bonne volonté<br />
Le premier constat que l’on peut faire à ce sujet est que l’acte qui consiste à s’informer<br />
quand on ne sait pas et qu’on aimerait bien savoir n’a rien de naturel ou d’évident. La<br />
recherche d’information de va pas de soi, elle exige des dispositions particulières qui<br />
n’existent pas chez tous les riverains.<br />
Cette disposition à s’informer par soi-même ne vaut que pour certaines personnes. Elle<br />
demande en effet des ressources intellectuelles, culturelles et relationnelles dont les<br />
voisins des usines ne disposent pas toujours.<br />
Cette carence, bien réelle chez certaines personnes rencontrées au cours de l’enquête, est<br />
encore renforcée par le pouvoir que le monde industriel exerce (souvent malgré lui) sur<br />
son voisinage. Un pouvoir qui paralyse les habitants et les empêche bien souvent de «<br />
passer à l’acte » pour s’informer et chercher à en savoir un peu plus sur cette usine qui les<br />
interroge et/ou les inquiète.<br />
Mélina DIOT - ICPE Seveso SH. Communiquer de façon pertinente et efficace sur les risques industriels avec les<br />
parties prenantes : Quels intérêts pour les industriels ? Comment procéder ? 91/104