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vincentchabault
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08.11.2016 Views

207 [SADE, Donatien Alphonse François, marquis de.] “Un orage littéraire en 1791” (Jean-Jacques Pauvert) Justine, ou les Malheurs de la vertu. En Hollande, chez les libraires associés [Paris, Girouard], 1791. 2 tomes en un volume in-8 (194 x 120 mm) de 1 frontispice, 283 pp. ; (2) ff., 191 pp. : maroquin bleu, dos à nerfs orné de caissons de filets dorés, large encadrement formé de filets, pointillés et roulette dorés sur les plats, palmettes dorées aux angles, coupes filetées or, dentelle intérieure, tranches dorées sur marbrures (reliure du XIX e siècle). Édition originale du premier livre imprimé du marquis de Sade, jeune auteur de cinquante et un ans, récemment libéré à la faveur de la Révolution française. Elle est ornée d’un frontispice allégorique, gravé sur cuivre par Carrée d’après P. Cherry, montrant la Vertu entre la Luxure et l’Irréligion. Continûment désavouée par son auteur, Justine fit scandale, mais connut un succès remarquable qu’attestent les nombreuses rééditions qui se succédèrent, dès 1791. “Justine scandalise, certes, mais surtout elle fait peur. Sa publication provoque un effet de panique. Très vite, on sent que les mœurs ne sont pas seules en cause, que la subversion va bien au-delà de l’obscénité, que le vrai danger est ailleurs. C’est pourquoi les contemporains lui refusent ce minimum de tolérance dont bénéficient ordinairement les écrits licencieux. Justine, on la rejette en bloc, sans appel ; on voudrait la voir anéantie ; on fuit devant elle comme devant une invasion barbare, par instinct de survie” (Maurice Lever).

Composant la légende dorée de son règne, l’empereur déchu se souviendra de Sade et de Justine, qu’il haïssait : “[Napoléon] a dit qu’étant empereur, il […] avait parcouru le livre le plus abominable qu’ait enfanté l’imagination la plus dépravée : c’est un roman qui, au temps de la Convention même, avait révolté, disait-il, la morale publique, au point de faire enfermer son auteur, qui l’était toujours demeuré depuis” (Mémorial de Sainte-Hélène). Très bel exemplaire à grandes marges relié vers 1860. De la bibliothèque Édouard Moura, avec ex-libris (cat. 1923, n° 681). Quelques pâles rousseurs. Restaurations de papier dans les marges des pages 39-40 et 217-218. On a relié à la fin de l’exemplaire un extrait des Affiches, annonces et avis divers, ou Journal général de France du 27 septembre 1792 comprenant une recension de Justine. Le rédacteur dénonce “cet ouvrage monstrueux”, “ce livre vénéneux”, tout en incitant les “hommes mûrs” à le lire, “pour voir jusqu’où peut aller le délire de l’imagination humaine”, avant de le jeter au feu. Le critique anonyme rend toutefois hommage à l’imagination “riche et brillante” de l’auteur. Bibliothèque Bodmer, Sade, un athée en amour, Genève, 2014, nº 100 : cet exemplaire. Michel Delon décrit le compte rendu des Affiches relié à la fin.- Bibliothèque de l’Arsenal, Les Choix de Pierre Leroy, 2016, nº 45.- Pia, Les Livres de l’Enfer, 388.- Lever, Sade, pp. 427-428.- Pauvert, Sade vivant, II, p. 598. 10 000 / 15 000 €

207<br />

[SADE, Donati<strong>en</strong> Alphonse François, marquis de.]<br />

“Un orage<br />

littéraire<br />

<strong>en</strong> 1791”<br />

(Jean-Jacques<br />

Pauvert)<br />

Justine, ou les Malheurs de la vertu. En Hollande, chez les libraires associés [Paris, Girouard], 1791.<br />

2 tomes <strong>en</strong> un volume in-8 (194 x 120 mm) de 1 frontispice, 283 pp. ; (2) ff., 191 pp. : maroquin<br />

bleu, dos à nerfs orné de caissons de filets dorés, large <strong>en</strong>cadrem<strong>en</strong>t formé de filets, pointillés et<br />

roulette dorés sur les plats, palmettes dorées aux angles, coupes filetées or, d<strong>en</strong>telle intérieure,<br />

tranches dorées sur marbrures (reliure du XIX e siècle).<br />

Édition originale du premier livre imprimé du marquis de Sade, jeune auteur de<br />

cinquante et un ans, récemm<strong>en</strong>t libéré à la faveur de la Révolution française.<br />

Elle est ornée d’un frontispice allégorique, gravé sur cuivre par Carrée d’après P. Cherry, montrant<br />

la Vertu <strong>en</strong>tre la Luxure et l’Irréligion.<br />

Continûm<strong>en</strong>t désavouée par son auteur, Justine fit scandale, mais connut un succès remarquable<br />

qu’attest<strong>en</strong>t les nombreuses rééditions qui se succédèr<strong>en</strong>t, dès 1791.<br />

“Justine scandalise, certes, mais surtout elle fait peur. Sa publication provoque un effet de panique.<br />

Très vite, on s<strong>en</strong>t que les mœurs ne sont pas seules <strong>en</strong> cause, que la subversion va bi<strong>en</strong> au-delà<br />

de l’obscénité, que le vrai danger est ailleurs. C’est pourquoi les contemporains lui refus<strong>en</strong>t ce<br />

minimum de tolérance dont bénéfici<strong>en</strong>t ordinairem<strong>en</strong>t les écrits lic<strong>en</strong>cieux. Justine, on la rejette<br />

<strong>en</strong> bloc, sans appel ; on voudrait la voir anéantie ; on fuit devant elle comme devant une invasion<br />

barbare, par instinct de survie” (Maurice Lever).

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