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360 “Je vous désire autant que je vous redoute” FLAUBERT, Gustave. Lettre adressée à Alexandre Dumas fils. Jeudi, 6 h. du soir, sans date [17 février 1870]. Lettre autographe signée “Gve Flaubert”, 1 page in-8 (208 x 134 mm) sur papier bleu. Importante lettre inédite de Flaubert à Alexandre Dumas fils, l’invitant à assister à une lecture du Château des cœurs. Le sieur Hubert vient de me dire que vous aviez envie d’entendre la lecture du Château des cœurs. - Imprudent ! / Ces Messieurs (Hubert, Boulet et Taigny) seront chez moi samedi, après demain, à 1 heure. Je vous désire autant que je vous redoute. […] Féerie théâtrale écrite en 1863 et en commun par Flaubert, Bouilhet et Charles d’Osmoy, Le Château des cœurs fut lu devant le comité d’administration du Théâtre de la Gaîté le samedi 19 février 1870, mais fut débouté. Le soir, le romancier écrivait à sa nièce Caroline : “Je suis éreinté, mais non découragé ! Oh ! pas du tout ! Elle sera jouée, un jour ou l’autre ; et elle aura un grand succès !” Hélas, en dépit de tous les efforts déployés par Flaubert, la pièce ne fut jamais représentée. Elle a été publiée dans La Vie moderne, en plusieurs livraisons, du 24 janvier au 8 mai 1880. Quant à Dumas fils, il n’assista pas à cette lecture. Dans sa réponse à Flaubert, il explique qu’il ne souhaitait pas connaître la pièce avant qu’elle ne fût reçue, ajoutant qu’il ne voulait pas l’entendre en présence des “entrepreneurs” de la Gaîté : “J’ai horreur d’être posé en juge et surtout avec un homme de votre mérite. Les observations que ces messieurs feraient, ils me les mettraient sur le dos, et déclareraient, en cas de refus, que c’est moi-même qui ai trouvé la chose impossible. [...] J’ai été le lien, je ne veux pas devenir la pomme.” Les deux hommes, bien que de la même génération, ne furent jamais liés sinon par l’amitié qu’ils partageaient pour la princesse Mathilde et Flaubert n’a jamais tu ses critiques. Dumas fils n’était pas en reste. On connaît son mot fameux : “Flaubert est un géant qui abat une forêt pour fabriquer une boîte ; la boîte est parfaite mais elle a vraiment coûté trop cher.” 2 000 / 3 000 € 361 FLAUBERT, Gustave. L’Éducation sentimentale. Histoire d’un jeune homme. Paris, Michel Lévy frères, 1870. 2 volumes in-8 (232 x 150 mm) de (2) ff., 427 pp. ; (2) ff., 331 pp. : cartonnages recouverts de soie verte portant les initiales J.T. en lettre dorées sur les plats supérieurs (reliure de l’époque). Édition originale. La réception critique fut quasi unanime pour fustiger ce qui deviendra le modèle absolu du roman “moderne”. Seuls Banville, Zola et George Sand défendirent Flaubert. Le livre se vendit très mal : le tirage des 3 000 exemplaires n’était toujours pas épuisé en 1873. D’où la rareté des exemplaires en reliures strictement d’époque. (Bibliothèque nationale, En français dans le texte, 1990, nº 277.)
Exemplaire de Jeanne de Tourbey, comtesse de Loynes (1837-1908), égérie du Paris littéraire et mondain sous le Second Empire et la Troisième République, protectrice de Gustave Flaubert, qui en tomba éperdument amoureux en 1858 et lui écrivit des lettres enflammées. L’envoi occupe le recto de la première garde du tome I : à Me J. De Tourbey G ve Flaubert offre ce livre et voudrait bien s’offrir lui-même ! Née Marie-Anne Detourbay, cette demi-mondaine dut son ascension sociale à la bienveillance d’Alexandre Dumas fils, à la protection de Sainte-Beuve et au prestigieux contingent d’amants lettrés ou fortunés parmi lesquels se distinguent le diplomate ottoman Khalil Bey – commanditaire de L’Origine du monde de Gustave Courbet –, Jules Lemaître et Ernest Baroche, fils d’un ministre de Napoléon III, qu’elle épousa et dont elle hérita de l’immense fortune en 1870. Deux ans plus tard, elle épousa Victor Edgar, comte de Loynes. Flaubert fit connaissance de la “dame aux violettes” à l’époque où il fréquentait Mme Sabatier. Il dîna avec elle à plusieurs reprises au cours des années 1860, le plus souvent en compagnie des Goncourt ou de Gautier. (La princesse Mathilde eut d’ailleurs l’occasion de lui reprocher, en 1868, cette compromettante fréquentation.) Il la rencontra encore en 1872, lors de ses rares sorties de Croisset, accompagné de Gautier et de Tourguéniev notamment. Envoi très émouvant : offrir à une ancienne passion L’Éducation sentimentale – le plus autobiographique de ses romans, et le tableau de toute une génération – est bien plus qu’un symbole. En cette terrible année 1870 au cours de laquelle il subit l’entrée des Prussiens dans sa retraite de Croisset, l’écrivain prend congé de sa jeunesse en risquant une dernière fois, avec une pointe d’ironie, son cœur sur la page. Ce précieux exemplaire est demeuré inconnu des bibliographes ; il n’est pas mentionné dans la correspondance. Dos et bords des plats passés ; la soie est effilochée par endroits et présente quelques manques. Le dos originel a été remonté sur un dos moderne. 10 000 / 15 000 €
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- Page 205 and 206: 331 332 Malgré cet échec, Stendha
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- Page 211 and 212: • Dante, Morte del conte Ugolino,
- Page 213 and 214: 339 STENDHAL, Henri Beyle, dit. Pro
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autant<br />
que je vous<br />
redoute”<br />
FLAUBERT, Gustave.<br />
Lettre adressée à Alexandre Dumas fils. Jeudi, 6 h. du soir, sans date [17 février 1870].<br />
Lettre autographe signée “Gve Flaubert”, 1 page in-8 (208 x 134 mm) sur papier bleu.<br />
Importante lettre inédite de Flaubert à Alexandre Dumas fils, l’invitant à assister à<br />
une lecture du Château des cœurs.<br />
Le sieur Hubert vi<strong>en</strong>t de me dire que vous aviez <strong>en</strong>vie d’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre la lecture du Château des cœurs.<br />
- Imprud<strong>en</strong>t ! / Ces Messieurs (Hubert, Boulet et Taigny) seront chez moi samedi, après demain, à 1 heure.<br />
Je vous désire autant que je vous redoute. […]<br />
Féerie théâtrale écrite <strong>en</strong> 1863 et <strong>en</strong> commun par Flaubert, Bouilhet et Charles d’Osmoy,<br />
Le Château des cœurs fut lu devant le comité d’administration du Théâtre de la Gaîté le samedi 19 février<br />
1870, mais fut débouté. Le soir, le romancier écrivait à sa nièce Caroline : “Je suis éreinté, mais<br />
non découragé ! Oh ! pas du tout ! Elle sera jouée, un jour ou l’autre ; et elle aura un grand succès !”<br />
Hélas, <strong>en</strong> dépit de tous les efforts déployés par Flaubert, la pièce ne fut jamais représ<strong>en</strong>tée.<br />
Elle a été publiée dans La Vie moderne, <strong>en</strong> plusieurs livraisons, du 24 janvier au 8 mai 1880.<br />
Quant à Dumas fils, il n’assista pas à cette lecture. Dans sa réponse à Flaubert, il explique<br />
qu’il ne souhaitait pas connaître la pièce avant qu’elle ne fût reçue, ajoutant qu’il ne voulait pas<br />
l’<strong>en</strong>t<strong>en</strong>dre <strong>en</strong> prés<strong>en</strong>ce des “<strong>en</strong>trepr<strong>en</strong>eurs” de la Gaîté : “J’ai horreur d’être posé <strong>en</strong> juge et surtout<br />
<strong>avec</strong> un homme de votre mérite. Les observations que ces messieurs ferai<strong>en</strong>t, ils me les mettrai<strong>en</strong>t<br />
sur le dos, et déclarerai<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> cas de refus, que c’est moi-même qui ai trouvé la chose impossible.<br />
[...] J’ai été le li<strong>en</strong>, je ne veux pas dev<strong>en</strong>ir la pomme.”<br />
Les deux hommes, bi<strong>en</strong> que de la même génération, ne fur<strong>en</strong>t jamais liés sinon par l’amitié<br />
qu’ils partageai<strong>en</strong>t pour la princesse Mathilde et Flaubert n’a jamais tu ses critiques. Dumas fils<br />
n’était pas <strong>en</strong> reste. On connaît son mot fameux : “Flaubert est un géant qui abat une forêt<br />
pour fabriquer une boîte ; la boîte est parfaite mais elle a vraim<strong>en</strong>t coûté trop cher.”<br />
2 000 / 3 000 €<br />
361<br />
FLAUBERT, Gustave.<br />
L’Éducation s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>tale. Histoire d’un jeune homme. Paris, Michel Lévy frères, 1870.<br />
2 volumes in-8 (232 x 150 mm) de (2) ff., 427 pp. ; (2) ff., 331 pp. : cartonnages recouverts<br />
de soie verte portant les initiales J.T. <strong>en</strong> lettre dorées sur les plats supérieurs (reliure de l’époque).<br />
Édition originale.<br />
La réception critique fut quasi unanime pour fustiger ce qui devi<strong>en</strong>dra le modèle absolu du roman<br />
“moderne”. Seuls Banville, Zola et George Sand déf<strong>en</strong>dir<strong>en</strong>t Flaubert. Le livre se v<strong>en</strong>dit très mal :<br />
le tirage des 3 000 exemplaires n’était toujours pas épuisé <strong>en</strong> 1873. D’où la rareté des exemplaires<br />
<strong>en</strong> reliures strictem<strong>en</strong>t d’époque. (Bibliothèque nationale, En français dans le texte, 1990, nº 277.)