en association avec

Le volume comporte 29 notes manuscrites au crayon ou à la plume, ainsi que l’indication
de plusieurs passages supprimés à la représentation.
Cet exemplaire est un des plus émouvants témoignages de la liaison tumultueuse entre le
principal animateur du premier mouvement romantique et la plus célèbre comédienne de
l’époque. C’est avec Chatterton que Marie Dorval – qui avait connu Vigny en 1830 et était
devenue sa maîtresse en 1832 – s’imposa, triomphant enfin à la Comédie-Française, où elle
avait été reçue un peu fraîchement à ses débuts.
Marie Dorval (1798-1849) incarna l’héroïne romantique par excellence. Femme libre,
elle assumait sa carrière et sa sexualité avec panache – mariée deux fois, elle fut la maîtresse
d’Alfred de Vigny, de Jules Sandeau et d’Alexandre Dumas. Outre Kitty Bell, elle créa de
nombreux rôles, dont celui de Doña Sol (Hernani). Lorsqu’elle jouait, écrit Théophile Gautier,
Marie avait “des cris d’une vérité poignante, des sanglots à briser la poitrine, des intonations
si naturelles, des larmes si sincères que le théâtre était oublié, et qu’on ne pouvait croire à
une douleur de convention.”
Exemplaire historique conservé sans doute broché ou dont la reliure avait été détériorée :
il fut placé par Jean Davray dans une reliure portant au dos la mention “Œuvres de Vigny”.
L’amateur fit relier à la fin Douze discours de Victor Hugo afin de donner plus de corps
au volume. (Paris, Librairie nouvelle, 1851 : in-8 de (2) ff., 96 pp.)
On joint une belle lettre autographe de Sainte-Beuve adressée à Alfred de Vigny,
rédigée la veille de la première de Chatterton.
(Lettre autographe signée, datée de “mercredi soir” [11 février 1835], 1 page in-8).
Mon cher ami, J’ai vu si peu de monde tous ces jours ci que j’ignorais que Chatterton fut fixé à Jeudi et que
je me suis laissé engagé pour ce soir là d’une manière qui me laisse peu d’espoir de me défiler ou du moins
d’être libre avant 9 heures. Je n’ose donc, dans ma vive contrariété, réclamer de votre amitié une stalle
pour cette première représentation. Mais je ne manquerai certes pas la seconde ou la troisième. […]
Croyez à tout mon désir et à mon espoir d’un beau succès qui vous est si bien dû.
Provenance : Marie Dorval, avec envoi.
- Jean Davray, qui le fit placer dans une
reliure du temps (cat. 1961, n° 262).
- Auguste Lambiotte (cat. I, 1976, n° 96).
- Daniel Sickles, pour la lettre ajoutée
(cat. II, 1989, n° 494).
Clouzot, p. 275.- Carteret, II, p. 458.
- Bibliothèque nationale, Alfred de Vigny, 1963,
n° 229 : cet exemplaire.
6 000 / 8 000 €