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266<br />

“Delacroix<br />

a dépassé<br />

ma propre<br />

conception”<br />

(Goethe)<br />

GOETHE, Johann Wolfgang von.<br />

Faust, tragédie traduite <strong>en</strong> français par M. Albert Stapfer, ornée d’un portrait de l’auteur,<br />

et de dix-sept dessins composés d’après les principales scènes de l’ouvrage et exécutés sur pierre<br />

par M. Eugène Delacroix. Paris, Charles Motte et Sautelet, 1828.<br />

Grand in-folio (534 x 364 mm) de (2) ff., 1 portrait, IV pp., 148 pp., 17 planches hors texte :<br />

demi-veau fauve à coins, dos à nerfs plats orné or et à froid, pièce de titre de maroquin brun, non<br />

rogné (reliure de l’époque).<br />

Édition <strong>en</strong> partie originale de la traduction d’Albert Stapfer.<br />

Premier tirage des 18 lithographies originales de Delacroix, dont le portrait de<br />

Goethe, tirées sur papier de Chine appliqué.<br />

Remarquable suite d’estampes originales du peintre romantique par excell<strong>en</strong>ce témoignant<br />

d’une maîtrise inédite alors des ressources plastiques de la lithographie. Les dix-huit planches<br />

fur<strong>en</strong>t exécutées <strong>en</strong>tre 1826 et 1827, après que le peintre ait assisté, à Londres <strong>en</strong> 1825, à<br />

une représ<strong>en</strong>tation théâtrale du Faust : frappé par la mise <strong>en</strong> scène, il s’ingénia à <strong>en</strong> retranscrire<br />

l’aspect fantastique dans les lithographies commandées par l’éditeur Charles Motte, lesquelles<br />

étai<strong>en</strong>t à l’origine destinées à paraître sous forme d’album. Le peintre n’accepta que de mauvaise<br />

grâce qu’elles serviss<strong>en</strong>t à illustrer un livre ; il révisa son jugem<strong>en</strong>t par la suite.<br />

Il s’agit de la seule illustration de Delacroix pour le texte d’un contemporain.<br />

Exemplaire du tirage dit “géant”, de la plus grande rareté.<br />

L’ouvrage a été tiré sur différ<strong>en</strong>ts papiers et formats. Cet exemplaire, du format le plus grand<br />

(hauteur : 53,4 cm, soit 10 cm de plus que le tirage courant), tiré sur papier vélin fort, compr<strong>en</strong>d<br />

les lithographies sur papier de Chine appliqué et non sur blanc.<br />

De ce tirage, on ne connaît qu’une dizaine d’exemplaires, dont ceux ayant appart<strong>en</strong>u à Marie-<br />

Louise, à Goethe et au traducteur Stapfer.<br />

Un manifeste romantique qui scandalisa les contemporains mais réjouit Goethe.<br />

“Delacroix a dépassé ma propre conception pour des scènes que j’ai écrites moi-même” confessa<br />

l’auteur dans ses conversations <strong>avec</strong> Eckermann, louant “l’effet colossal” des compositions :<br />

la critique fut pourtant sévère et le livre un échec. Le peintre avait conçu son illustration comme<br />

une manière de manifeste artistique de la nouvelle école romantique, une provocation,<br />

au mom<strong>en</strong>t même où Victor Hugo, <strong>en</strong> préface à Cromwell (1827), sonnait la charge contre<br />

le classicisme dans les Lettres.<br />

Les rédacteurs du catalogue de l’exposition Fantastique ! récemm<strong>en</strong>t consacrée à l’estampe<br />

visionnaire de Goya à Redon ont souligné sa nouveauté radicale : “Véritable manifeste romantique,<br />

ces planches, qui répond<strong>en</strong>t à l’idéal de liberté, de mouvem<strong>en</strong>t et de noirceur de la s<strong>en</strong>sibilité<br />

romantique des années 1830, ont dérouté les contemporains de l’artiste et compromis tout succès<br />

commercial.”<br />

Par là même, ce que Gordon Ray considère comme “one of the supreme illustrated books<br />

of the world”, apparaît, à bi<strong>en</strong> des égards, comme le premier <strong>en</strong> date de ces “livres de peintres” qui<br />

fleuriront p<strong>en</strong>dant plus d’un siècle après que Manet <strong>en</strong> eut relancé le g<strong>en</strong>re <strong>en</strong> 1874.<br />

Grâce à Delacroix, dit Yves Peyré, “le livre a reçu le don de l’image. Un livre aussi emblématique<br />

que le Faust, aussi accompli, ouvre la voie – formellem<strong>en</strong>t et spirituellem<strong>en</strong>t – au livre de dialogue.”

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