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PLF 2017 339<br />

Projet de loi de finances<br />

ÉVALUATION PRÉALABLE DE L’ARTICLE 38<br />

Le prélèvement à la <strong>source</strong> aura donc pour effet d’augmenter le caractère contracyclique de l’impôt sur<br />

le revenu, renforçant l’effet des « stabilisateurs automatiques », qui lissent les variations du cycle<br />

économique. En effet, en période de baisse de l’activité, les revenus se réduisent, ce qui entraîne une diminution<br />

de l’impôt dû par les ménages au titre de ces revenus (notamment pour une période de chômage). Avec le<br />

prélèvement à la <strong>source</strong>, en cas de choc économique négatif induisant une diminution du revenu des ménages,<br />

l’impôt versé par les ménages s’ajustera plus rapidement à la baisse, ce qui réduira l’ampleur de la baisse de<br />

revenu. À l’inverse, en période de forte croissance de l’activité et des revenus, le prélèvement à la <strong>source</strong><br />

entrainera un versement plus rapide de la part des revenus due au titre de l’impôt sur le revenu, ce qui limitera<br />

les risques de « surchauffe » de l’économie. Ainsi, au niveau macroéconomique, le prélèvement à la <strong>source</strong><br />

permettra que l’impôt sur le revenu aide automatiquement à limiter les fluctuations conjoncturelles, à l’instar des<br />

autres principaux prélèvements.<br />

Encadré 4 : Les stabilisateurs automatiques<br />

On parle de rôle de stabilisateur automatique des finances publiques pour qualifier leur réaction spontanée aux évolutions de<br />

la croissance, ayant pour conséquence de limiter l’ampleur de ces fluctuations pour les agents économiques, ménages ou<br />

entreprises.<br />

Certains prélèvements obligatoires augmentent spontanément quand l’activité croît. L’ampleur de cette réaction peut être<br />

plus ou moins importante, en fonction des caractéristiques de l’impôt. Par exemple, l’impôt sur le revenu, du fait de la<br />

progressivité 11 de cet impôt, réagit davantage que les cotisations sociales. Pris globalement, les prélèvements obligatoires<br />

réagissent de manière quasi unitaire à l’activité, ce qui signifie que le taux de prélèvements obligatoires reste stable quand<br />

l’activité varie.<br />

De même, certaines dépenses publiques sont liées au cycle économique, comme les prestations chômage, ou encore<br />

certaines dépenses d’aide sociale : par exemple dans le cas d’une récession conduisant à une hausse du chômage, la<br />

hausse des prestations d’assurance chômage permet de limiter la baisse de revenu des ménages et ainsi de limiter les<br />

conséquences de cette récession sur les agents, et par suite son ampleur.<br />

Au total, le déficit augmente spontanément en cas de crise, ce qui permet de soutenir l’activité, notamment via un soutien du<br />

revenu disponible des ménages, et de limiter ainsi l’impact de ladite crise. À l’inverse, il se réduit naturellement en cas de<br />

croissance élevée.<br />

Cette variation spontanée du solde public permet de limiter l’ampleur des variations de l’activité (de lisser le cycle<br />

économique 12 ), d’où l’utilisation du terme « stabilisateur ». Les stabilisateurs automatiques ont l’intérêt de proposer une<br />

réponse budgétaire plus rapide aux variations de l’activité que la politique discrétionnaire 13 , laquelle peut nécessiter de<br />

recourir à un processus législatif plus ou moins complexe. La capacité des stabilisateurs automatiques à limiter les variations<br />

de l’activité dépend positivement de la taille des administrations publiques dans l’économie. De même, plus les impôts sont<br />

progressifs plus cette réaction automatique est élevée. A. McKay et R. Reis 14 montrent ainsi que les taxes proportionnelles,<br />

comme la TVA contribuent peu à stabiliser la croissance, au contraire des impôts progressifs comme l’impôt sur le revenu et<br />

des dépenses de protection sociale.<br />

Dans la littérature empirique disponible, selon la méthodologie et le contrefactuel choisis, les stabilisateurs permettraient de<br />

diminuer la volatilité de l’activité d’entre 3 et 30 %. La Commission européenne 15 avait estimé par ailleurs, dans une étude de<br />

2010, qu’en l’absence de stabilisateurs automatiques, le PIB de la zone euro aurait diminué d’entre 4,6 et 5,5 % en 2009,<br />

contre 4,1 % en réalité.<br />

11 i.e. le taux d’imposition augmente avec le revenu.<br />

12 On parle aussi d’effet contracyclique.<br />

13 i.e. la politique budgétaire décidée par le gouvernement, par opposition à l’évolution spontanée des finances publiques.<br />

14 A. McKay et R. Reis (2012) The role of automatic stabilizers in the business cycle.<br />

15 J. in’t Veld, M. Larch et M. Vandeweyer (2010) Automatic stabilisers : what they are and what they do.

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