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336 PLF 2017<br />

Projet de loi de finances<br />

ÉVALUATION PRÉALABLE DE L’ARTICLE 38<br />

Cet effet richesse aura pour effet d’accroître la consommation des ménages et donc de stimuler l’activité<br />

mais sa quantification est complexe puisqu’il ne se matérialisera que progressivement. En effet, les<br />

contribuables continuant à acquitter de l’impôt chaque année, la suppression de cette année d’imposition ne se<br />

matérialisera complètement qu’au moment du décès, où plus aucun impôt sur le revenu des défunts ne sera dû<br />

par les héritiers, ou, dans une moindre mesure, en cas de baisse des revenus, comme lors du départ à la<br />

retraite.<br />

Plus généralement, la suppression du passif fiscal présente de nombreux avantages pour les<br />

contribuables. Ainsi, être libéré de cette « dette » fiscale pourrait inciter les contribuables à la prise de risque<br />

en facilitant par exemple les reconversions professionnelles. Les transitions professionnelles, quelles<br />

qu’elles soient, seront facilitées, ce qui est de nature à fluidifier le marché du travail.<br />

b) L’effet « épargne de précaution »<br />

La consommation des ménages et l’activité seront également stimulées par la synchronisation du paiement de<br />

l’impôt avec la perception des revenus qui réduira le taux d’épargne des ménages. En effet, le fait que le<br />

montant perçu mensuellement sur le bulletin de paie corresponde à un revenu effectivement disponible<br />

pourrait favoriser la consommation et réduire l’épargne de précaution que se constituent les ménages<br />

en vue du paiement futur de leur impôt.<br />

La littérature économique met en évidence que l’effet sur le taux d’épargne dépend de l’ampleur des<br />

prélèvements en cours d’année. Contrairement à la théorie du cycle de vie, selon laquelle la consommation<br />

devrait être neutre aux fluctuations transitoires de revenus, il est en effet constaté que le calendrier des<br />

prélèvements et remboursements a un impact sur la consommation. Ainsi, en cas de sous-prélèvement, les<br />

ménages seront incités à conserver une épargne de précaution en vue des régularisations. Au contraire, le<br />

sur-prélèvement, qui est le cas le plus fréquent à l’étranger, s’apparente à une épargne forcée. Elle ne fait que<br />

se substituer à l’épargne de précaution constituée par les ménages. Plusieurs études observent une réponse de<br />

la consommation suite aux remboursements d’impôts (Poterba 1988, Souleles 1999) 5 ou à une modification du<br />

calendrier des prélèvements et remboursements (Shapiro et al. 1993) 6 . Ainsi la décision en 1992 de<br />

l’administration Bush de réduire les montants des prélèvements à la <strong>source</strong> pour les revenus inférieurs à un<br />

certain seuil, en contrepartie d’une baisse des remboursements lors de la régularisation, a eu un effet positif sur<br />

la croissance, bien qu’inférieur aux prévisions du gouvernement.<br />

La réforme française s’attache à anticiper de manière contemporaine, dans la mesure du possible, le<br />

paiement de l’impôt sur le revenu dû au titre d’une année. Le taux de retenue à la <strong>source</strong> applicable au<br />

cours de l’année N sera calculé par l’administration fiscale à partir de la meilleure information disponible, i.e. les<br />

revenus de l’année N-2, puis les revenus de l’année N-1 à compter de septembre de l’année N (cf. partie 2,<br />

sous-partie 3, 1). De plus, les contribuables auront la possibilité de moduler, sous conditions, leur prélèvement à<br />

la <strong>source</strong> à la hausse ou à la baisse (cf. partie 2, sous-partie 5). Ainsi calibré, ce nouveau dispositif devrait<br />

donc réduire le montant d’épargne de précaution des ménages. Pour autant, l’impact sur la consommation<br />

et l’épargne de précaution reste très difficile à évaluer ex-ante. Le rapport du Conseil des prélèvements<br />

obligatoires de février 2012 7 chiffre le surplus de consommation au maximum à 0,2 point de PIB, en prenant<br />

pour hypothèse que l’épargne de précaution représente 2% du flux d’épargne 8 , lequel est estimé à 10 points de<br />

PIB. L’estimation de la part de l’épargne correspondant à de l’épargne de précaution varie beaucoup suivant les<br />

études, entre 1% et 20% pour les travaux économétriques et jusqu’à 50% pour les modèles théoriques de cycle<br />

de vie (L. Arrondel et H. Calvo Pardo, « Les Français sont-ils prudents ? Patrimoine et risque sur le marché du<br />

travail », Economie et statistique, n°417-418, 2008). Toutefois, cette épargne de précaution est généralement<br />

constituée pour de nombreux motifs, comme les risques de chômage ou de maladie (cf. encadré 2 ci-dessous)<br />

et pas seulement l’incertitude fiscale.<br />

5 J. M. Poterba, “Are consumers forward looking ? Evidence from fiscal experiments”, American Economic Review, 78(2), pp. 413-18, 1988.<br />

N. Souleles, “The Response of Household Consumption to Income Tax Refunds”, The American Economic Review, 89(4), pp. 947-958,<br />

1999.<br />

6 M. Shapiro et J. Slemrod, “Consumer Response to the Timing of Income : Evidence from a Change in Tax Withholding”, NBER, 1993.<br />

7<br />

Conseil des prélèvements obligatoires, « Prélèvements à la <strong>source</strong> et impôt sur le revenu », février 2012<br />

8 Il convient de se rapporter au flux d’épargne annuel et non au stock de patrimoine, puisqu’il s’agit d’estimer la part d’épargne annuelle<br />

constituée en vue des impôts à régler.

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