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332 PLF 2017 Projet de loi de finances ÉVALUATION PRÉALABLE DE L’ARTICLE 38 i) Des missions nouvelles liées à l’intervention d’un tiers collecteur pour les revenus soumis à une retenue à la source, à savoir le contrôle des obligations déclaratives des collecteurs et du correct reversement des sommes collectées au titre du prélèvement La relance en cas de non respect du dépôt de la déclaration (DSN ou hors DSN) devrait être assurée par l’ACOSS en charge du suivi du dépôt de ces déclarations. L’administration fiscale devra en revanche assurer la gestion des anomalies de procédures de déclaration, lorsque l’information détenue par le collecteur ne sera pas correctement transmise et intégrée dans son système d’information. Elle devra également procéder à des taxations d’office dans certains cas. Elle devra également prendre en charge les anomalies de paiement (par exemple en cas de rejet de prélèvement). En cas de paiement inférieur au montant dû voire de non-paiement, ses services devront engager le cas échéant des procédures de recouvrement forcé auprès de ses collecteurs (envoi d’une lettre de relance, d’une mise en demeure, d’un avis à tiers détenteur etc) voire prendre des mesures conservatoires destinées à en assurer le recouvrement ; les pôles de recouvrement spécialisé seront plus particulièrement concernés par ces travaux, notamment pour les entreprises en procédure de sauvegarde, de redressement judiciaire ou en liquidation judiciaire. ii) L’assistance des contribuables dans leurs choix personnels en matière de prélèvement à la source (modulation, individualisation du taux, option pour le paiement trimestriel des acomptes...) Des tâches nouvelles liées à l’accueil des usagers qui souhaiteront par exemple savoir si, dans leur situation, ils peuvent ou non moduler leurs prélèvements ou qui s’interrogeront sur les modalités de calcul du taux de prélèvement vont apparaître. Au total, s'il est difficile d'arrêter par avance le solde net résultant de la différence entre les tâches appelées à disparaître et les tâches nouvelles, les gains de productivité résultant de la mise en place du prélèvement à la source, en régime de croisière, seront faibles en valeur absolue compte tenu de la dématérialisation intervenue ces dernières années et modestes au regard des effectifs globaux de l’administration fiscale et des réductions de ceux-ci au fil des années (20 500 suppressions d'emplois de 2008 à 2016 par exemple).

PLF 2017 333 Projet de loi de finances ÉVALUATION PRÉALABLE DE L’ARTICLE 38 SOUS-PARTIE 4 : LES IMPACTS MACRO-ÉCONOMIQUES DE LA MISE EN PLACE DU PRÉLÈVEMENT À LA SOURCE Le passage au prélèvement à la source pourrait avoir des effets à la fois de court terme, du fait de l’année blanche sur les revenus 2017 qui pourrait conduire les contribuables à augmenter leur offre de travail, et de long terme, du fait des incidences possibles de la synchronisation des revenus et de l’impôt sur le taux d’épargne et la consommation des ménages. À court terme, le prélèvement à la source devrait avoir des effets positifs sur l’offre de travail, effets qu’il est toutefois difficile d’évaluer quantitativement : la réforme est en effet calibrée de manière à éviter les effets d’optimisation, tout en favorisant l’offre de travail des salariés comme des indépendants. À long terme, le prélèvement à la source permettra, sans modifier les caractéristiques de l’impôt sur le revenu, de rendre celui-ci plus efficace, en renforçant son caractère contracyclique, et d’améliorer son rendement, en facilitant son recouvrement. 1. – Les effets macroéconomiques pour l’année de transition A. – La réforme devrait avoir un effet positif sur l’offre de travail pendant l’année de transition A priori, l’annulation de l’impôt sur les revenus d’activité non exceptionnels perçus en 2017 devrait inciter les contribuables à augmenter leur offre de travail, c’est-à-dire à travailler un plus grand nombre d’heures sur l’année, ce qui favorisera l’activité. C’est ce que suggère l’expérience islandaise 1 , l’Islande ayant opté pour le prélèvement à la source en 1988, après une année blanche sur les revenus de l’année 1987. Les analyses relatives à cette transition vers la retenue à la source ont en effet mis en évidence une élasticité positive du temps de travail au salaire après imposition : conservant une plus grande part de leur revenu du travail, les contribuables islandais ont augmenté leur quantité d’heures de travail. Le cas de la France n’est toutefois pas directement comparable avec celui de l’Islande : la réforme française se fera à barème inchangé alors que l’Islande avait accompagné le prélèvement à la source d’une baisse de l’impôt ; et l’économie islandaise était au plein emploi (cf. encadré 1 ci-dessous). L’ampleur des effets sur l’offre de travail dépend du champ des revenus concernés par l’annulation d’impôt par l’intermédiaire du CIMR mais aussi des modalités de transition prévues. Ainsi, la réponse la plus importante de l’offre de travail en Islande avait concerné les indépendants, qui sont les plus à même d’ajuster leur offre de travail, mais aussi d’optimiser les revenus déclarés.Qu’il s’agisse des salariés ou des indépendants, la réforme française favorisera l’activité qui sera stimulée par l’octroi du CIMR, tout en cherchant à éviter les possibles comportements optimisateurs : - Les salariés seront très vraisemblablement incités à augmenter leur offre de travail en 2017. D’une part, ils pourront en effet être encouragés à prendre ou reprendre un emploi, à effectuer des heures supplémentaires ou à prendre un second emploi, ces types de revenus ouvrant droit au CIMR 2 . D’autre part, les contribuables sur le point de partir à la retraite pourront également être incités à repousser leur départ de quelques mois, jusqu’à fin décembre 2017, pour profiter pleinement des effets du CIMR. 1 Bianchi, M. et al. (2001), Iceland’s Natural Experiment in Supply-Side Economics, The American Economic Review, Vol 91, n°5, pp. 1564- 1597. 2 Pour les salariés, les revenus exceptionnels par nature ne bénéficieront pas du CIMR (indemnités de départ ou de licenciement, monétisation d’un compte épargne-temps, etc).

PLF 2017 333<br />

Projet de loi de finances<br />

ÉVALUATION PRÉALABLE DE L’ARTICLE 38<br />

SOUS-PARTIE 4 : LES IMPACTS MACRO-ÉCONOMIQUES DE LA MISE EN<br />

PLACE DU PRÉLÈVEMENT À LA SOURCE<br />

Le passage au prélèvement à la <strong>source</strong> pourrait avoir des effets à la fois de court terme, du fait de l’année<br />

blanche sur les revenus 2017 qui pourrait conduire les contribuables à augmenter leur offre de travail, et de<br />

long terme, du fait des incidences possibles de la synchronisation des revenus et de l’impôt sur le taux<br />

d’épargne et la consommation des ménages.<br />

À court terme, le prélèvement à la <strong>source</strong> devrait avoir des effets positifs sur l’offre de travail, effets<br />

qu’il est toutefois difficile d’évaluer quantitativement : la réforme est en effet calibrée de manière à<br />

éviter les effets d’optimisation, tout en favorisant l’offre de travail des salariés comme des<br />

indépendants. À long terme, le prélèvement à la <strong>source</strong> permettra, sans modifier les caractéristiques<br />

de l’impôt sur le revenu, de rendre celui-ci plus efficace, en renforçant son caractère contracyclique,<br />

et d’améliorer son rendement, en facilitant son recouvrement.<br />

1. – Les effets macroéconomiques pour l’année de transition<br />

A. – La réforme devrait avoir un effet positif sur l’offre de travail pendant l’année de<br />

transition<br />

A priori, l’annulation de l’impôt sur les revenus d’activité non exceptionnels perçus en 2017 devrait<br />

inciter les contribuables à augmenter leur offre de travail, c’est-à-dire à travailler un plus grand nombre<br />

d’heures sur l’année, ce qui favorisera l’activité. C’est ce que suggère l’expérience islandaise 1 , l’Islande<br />

ayant opté pour le prélèvement à la <strong>source</strong> en 1988, après une année blanche sur les revenus de l’année 1987.<br />

Les analyses relatives à cette transition vers la retenue à la <strong>source</strong> ont en effet mis en évidence une élasticité<br />

positive du temps de travail au salaire après imposition : conservant une plus grande part de leur revenu du<br />

travail, les contribuables islandais ont augmenté leur quantité d’heures de travail. Le cas de la France n’est<br />

toutefois pas directement comparable avec celui de l’Islande : la réforme française se fera à barème inchangé<br />

alors que l’Islande avait accompagné le prélèvement à la <strong>source</strong> d’une baisse de l’impôt ; et l’économie<br />

islandaise était au plein emploi (cf. encadré 1 ci-dessous).<br />

L’ampleur des effets sur l’offre de travail dépend du champ des revenus concernés par l’annulation<br />

d’impôt par l’intermédiaire du CIMR mais aussi des modalités de transition prévues. Ainsi, la réponse la<br />

plus importante de l’offre de travail en Islande avait concerné les indépendants, qui sont les plus à même<br />

d’ajuster leur offre de travail, mais aussi d’optimiser les revenus déclarés.Qu’il s’agisse des salariés ou des<br />

indépendants, la réforme française favorisera l’activité qui sera stimulée par l’octroi du CIMR, tout en<br />

cherchant à éviter les possibles comportements optimisateurs :<br />

- Les salariés seront très vraisemblablement incités à augmenter leur offre de travail en 2017.<br />

D’une part, ils pourront en effet être encouragés à prendre ou reprendre un emploi, à effectuer des<br />

heures supplémentaires ou à prendre un second emploi, ces types de revenus ouvrant droit au CIMR 2 .<br />

D’autre part, les contribuables sur le point de partir à la retraite pourront également être incités à<br />

repousser leur départ de quelques mois, jusqu’à fin décembre 2017, pour profiter pleinement des effets<br />

du CIMR.<br />

1 Bianchi, M. et al. (2001), Iceland’s Natural Experiment in Supply-Side Economics, The American Economic Review, Vol 91, n°5, pp. 1564-<br />

1597.<br />

2 Pour les salariés, les revenus exceptionnels par nature ne bénéficieront pas du CIMR (indemnités de départ ou de licenciement,<br />

monétisation d’un compte épargne-temps, etc).

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