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282 PLF 2017 Projet de loi de finances ÉVALUATION PRÉALABLE DE L’ARTICLE 38 Exemple : À la fin du mois M-1, les collecteurs versent un salaire ou une pension au contribuable en appliquant le taux de retenue à la source dont ils disposent. Au début ou milieu du mois M, les collecteurs déclarent à l’administration fiscale via la DSN (ou un dispositif ad hoc pour les tiers payeurs sans DSN) le montant de salaire ou pension versé lors du mois M-1. L’administration fiscale rapproche et agrège ces informations avec celles figurant déjà dans son système d’information concernant les revenus perçus lors des mois précédents et la situation personnelle du contribuable. Elle recalcule le taux de référence (« taux instantané ») ainsi que le taux personnalisé (« taux optimisé ») de tous les contribuables. Si le taux « optimisé » est inférieur au taux « instantané », l’administration renvoie aux collecteur en fin de mois M ou au début du mois suivant M+1 un coefficient de réduction du taux instantané équivalent via un échange de fichiers 15 . Les collecteurs intègrent le nouveau taux dans leur système de paie. Ce nouveau taux s’applique pour la paie du salaire ou de la pension du mois M+1 voire M+2 ou M+3, en fonction des délais de transmission et du temps nécessaire pour les collecteurs pour intégrer le taux dans la paie. Cet échange (flux allers-retours) entre l’administration fiscale et l’ensemble des collecteurs se reproduit chaque mois. En pratique, les derniers revenus pris en compte pour le taux appliqué aux revenus payés au cours d’un mois M+1 ou M+2 sont ceux du mois M-1, soit un décalage permanent compris entre deux et trois mois. b) Principaux avantages attendus Les modalités de fixation du taux proposées par ce scénario alternatif sont supposées permettre un ajustement permanent de la retenue à la source aux revenus du contribuable, conjuguant un effet « assiette » et un effet « taux ». Cette solution présente en effet l’avantage théorique de permettre un ajustement, quasiment en temps réel, de la retenue à la source à l’évolution de la situation et des revenus versés par un même collecteur. c) Raisons ayant conduit à écarter cette option Ce scénario conduirait à des sur-prélèvements ou à des sous-prélèvements importants et donc à des régularisations importantes. Ce système implique en effet que l’employeur applique soit le taux de référence tenant compte des seuls revenus qu’il verse, soit un taux inférieur communiqué par l’administration fiscale qui permet d’intégrer les effets de la conjugalisation, du quotient familial etc. A contrario, il implique que le contribuable dont le taux moyen d’imposition est supérieur au taux instantané en raison de la présence, par exemple, d’autres revenus soit sousprélevé. Ce prélèvement insuffisant concernerait notamment les salariés avec plusieurs employeurs ainsi que les retraités qui perçoivent plusieurs pensions de retraite. Serait également concerné un salarié célibataire sans enfant à charge percevant par ailleurs des revenus du capital (ex : revenus fonciers) ou un foyer composé d’un couple dont l’un des membres dispose de revenus plus élevés. En effet, dans ces situations, l’administration fiscale ne transmettrait pas le taux personnalisé et le collecteur appliquerait un taux plus faible que le taux réel. À l’inverse, le taux de référence pourrait entraîner pendant deux ou trois mois des prélèvements trop importants pour des contribuables aux revenus modestes. Ce délai constitue en effet un délai minimum pour que les échanges entre le collecteur et l'administration fiscale permettent à cette dernière de calculer et de transmettre un nouveau taux de prélèvement personnalisé. Il rend dès lors difficile l’ajustement exact du taux de prélèvement personnalisé qui sera calculé sur une assiette transmise avec un décalage de deux à trois mois. Par ailleurs, un tel dispositif paraît peu lisible pour le contribuable qui subirait un décalage permanent entre le montant de revenu versé et le taux de prélèvement à la source correspondant. Le mode de calcul complexe du taux de prélèvement conduira ce dernier à évoluer au cours de l’année, avec un décalage de deux à trois mois, en fonction du revenu mensuel du contribuable et des prélèvements déjà effectués. Ainsi, le taux de prélèvement et la retenue à la source effectuée pourraient varier tous les mois et en décalage, sans que le contribuable ait pu prévoir de telles modifications et soit en mesure de les comprendre, ce qui se traduirait par un impact potentiellement négatif sur la gestion de sa trésorerie. En outre, le taux de prélèvement qui figurera sur le bulletin de salaire du contribuable pourra être assez éloigné du taux moyen d’imposition annuel du contribuable ce qui prêtera à confusion. 15 Le compte-rendu métiers de la DSN pourrait être utilisé comme dans le projet de réforme du Gouvernement mais sous réserve des délais nécessaires pour permettre à l’administration fiscale de recalculer les taux.

PLF 2017 283 Projet de loi de finances ÉVALUATION PRÉALABLE DE L’ARTICLE 38 Par ailleurs, ce dispositif serait particulièrement lourd en gestion pour l’employeur qui devrait calculer chaque mois un taux instantané en fonction de la rémunération contractuelle du mois de son salarié, des salaires qu’il a déjà versés et des prélèvements qu’il a déjà effectués. Il ferait ainsi peser sur les employeurs une charge significative mais également une responsabilité supplémentaire, augmentant le risque de contestation par le contribuable du taux de prélèvement ainsi calculé. Des modalités spécifiques seraient également nécessaires en cas de changement d’employeurs ou de sortie ou retour de l’emploi en cours d’année. Enfin, cette solution repose sur des échanges informatiques complexes. Pour calculer les taux, l’administration fiscale devrait recouper l’ensemble des déclarations individuelles effectuées depuis le début de l’année au titre du même foyer pour reconstituer l’ensemble des revenus imposables du foyer et les montants de retenue à la source déjà effectués. Ainsi, si l’idée d’un prélèvement à la source qui s’adapte en temps réel à la situation du contribuable peut sembler a priori séduisante, cette solution pourrait conduire à des prélèvements infra-annuels erratiques et ne prendrait pas en compte tous les revenus, y compris salariaux. Cette option serait en outre très complexe à mettre en œuvre pour les tiers payeurs et l’administration fiscale, et nuirait incontestablement à la lisibilité et donc à l’acceptabilité de l’impôt sur le revenu, le contribuable n’étant notamment pas toujours en situation de connaître par avance son taux de prélèvement. 6. – La montée en puissance progressive de la retenue à la source : un système d’une grande complexité et retardant les bénéfices attendus de la réforme sur plusieurs années a) Présentation synthétique de cette option Cette option consisterait à mettre en place le prélèvement à la source prévu par le projet de réforme du Gouvernement de manière progressive sur plusieurs années, au cours desquelles le prélèvement à la source monterait en puissance tandis que la part des modalités traditionnelles de recouvrement de l’impôt sur le revenu diminuerait progressivement. Pendant toute la période transitoire, l'impôt sur le revenu liquidé au titre de l'année précédente donnerait lieu à une réfaction forfaitaire destinée à compenser le ressaut de la retenue à la source de l'année courante par rapport à celle appliquée lors de l’année précédente. Pour le contribuable, à revenus constants, la charge fiscale resterait globalement et théoriquement constante. Exemple : Pendant cinq années, le contribuable, bénéficie d’une réduction de 20 % de l’impôt sur le revenu dû. Le montant du prélèvement à la source augmente progressivement par palier de 20 %. La première année (2018) : - Le contribuable bénéficie d’une annulation de 20 % du montant de son impôt sur les revenus 2017 ; il verse 80 % du montant de l’impôt sur le revenu ; - Le prélèvement à la source fait l’objet d’une réfaction de 80 %, le montant du prélèvement à la source est égal à 20 % du montant total de référence. La seconde année (2019) : - Le contribuable bénéficie également d’une annulation de 20 % du montant de son impôt sur les revenus 2018 et impute le prélèvement effectué l’année précédente (20%) ; il verse 60% du montant de l’impôt sur le revenu ; - Le prélèvement à la source fait l’objet d’une réfaction de 60 %, le montant prélevé représente 40 % du montant de référence. … La dernière année (2022) : - Le contribuable bénéficie également d’une annulation de 20 % du montant de son impôt sur les revenus 2021 et impute le prélèvement effectué l’année précédente (80%) ; il ne verse pas d’impôt sur le revenu au titre de l’année 2021 ; - Le prélèvement à la source est perçu normalement sans aucune réfaction.

282 PLF 2017<br />

Projet de loi de finances<br />

ÉVALUATION PRÉALABLE DE L’ARTICLE 38<br />

Exemple : À la fin du mois M-1, les collecteurs versent un salaire ou une pension au contribuable en appliquant le<br />

taux de retenue à la <strong>source</strong> dont ils disposent.<br />

Au début ou milieu du mois M, les collecteurs déclarent à l’administration fiscale via la DSN (ou un dispositif ad hoc<br />

pour les tiers payeurs sans DSN) le montant de salaire ou pension versé lors du mois M-1.<br />

L’administration fiscale rapproche et agrège ces informations avec celles figurant déjà dans son système<br />

d’information concernant les revenus perçus lors des mois précédents et la situation personnelle du contribuable.<br />

Elle recalcule le taux de référence (« taux instantané ») ainsi que le taux personnalisé (« taux optimisé ») de tous<br />

les contribuables.<br />

Si le taux « optimisé » est inférieur au taux « instantané », l’administration renvoie aux collecteur en fin de mois M<br />

ou au début du mois suivant M+1 un coefficient de réduction du taux instantané équivalent via un échange de<br />

fichiers 15 .<br />

Les collecteurs intègrent le nouveau taux dans leur système de paie. Ce nouveau taux s’applique pour la paie du<br />

salaire ou de la pension du mois M+1 voire M+2 ou M+3, en fonction des délais de transmission et du temps<br />

nécessaire pour les collecteurs pour intégrer le taux dans la paie.<br />

Cet échange (flux allers-retours) entre l’administration fiscale et l’ensemble des collecteurs se reproduit chaque<br />

mois.<br />

En pratique, les derniers revenus pris en compte pour le taux appliqué aux revenus payés au cours d’un mois M+1<br />

ou M+2 sont ceux du mois M-1, soit un décalage permanent compris entre deux et trois mois.<br />

b) Principaux avantages attendus<br />

Les modalités de fixation du taux proposées par ce scénario alternatif sont supposées permettre un ajustement<br />

permanent de la retenue à la <strong>source</strong> aux revenus du contribuable, conjuguant un effet « assiette » et un effet<br />

« taux ». Cette solution présente en effet l’avantage théorique de permettre un ajustement, quasiment en temps<br />

réel, de la retenue à la <strong>source</strong> à l’évolution de la situation et des revenus versés par un même collecteur.<br />

c) Raisons ayant conduit à écarter cette option<br />

Ce scénario conduirait à des sur-prélèvements ou à des sous-prélèvements importants et donc à des<br />

régularisations importantes.<br />

Ce système implique en effet que l’employeur applique soit le taux de référence tenant compte des seuls<br />

revenus qu’il verse, soit un taux inférieur communiqué par l’administration fiscale qui permet d’intégrer les effets<br />

de la conjugalisation, du quotient familial etc. A contrario, il implique que le contribuable dont le taux moyen<br />

d’imposition est supérieur au taux instantané en raison de la présence, par exemple, d’autres revenus soit sousprélevé.<br />

Ce prélèvement insuffisant concernerait notamment les salariés avec plusieurs employeurs ainsi que les<br />

retraités qui perçoivent plusieurs pensions de retraite. Serait également concerné un salarié célibataire sans<br />

enfant à charge percevant par ailleurs des revenus du capital (ex : revenus fonciers) ou un foyer composé d’un<br />

couple dont l’un des membres dispose de revenus plus élevés. En effet, dans ces situations, l’administration<br />

fiscale ne transmettrait pas le taux personnalisé et le collecteur appliquerait un taux plus faible que le taux réel.<br />

À l’inverse, le taux de référence pourrait entraîner pendant deux ou trois mois des prélèvements trop importants<br />

pour des contribuables aux revenus modestes. Ce délai constitue en effet un délai minimum pour que les<br />

échanges entre le collecteur et l'administration fiscale permettent à cette dernière de calculer et de transmettre<br />

un nouveau taux de prélèvement personnalisé. Il rend dès lors difficile l’ajustement exact du taux de<br />

prélèvement personnalisé qui sera calculé sur une assiette transmise avec un décalage de deux à trois mois.<br />

Par ailleurs, un tel dispositif paraît peu lisible pour le contribuable qui subirait un décalage permanent entre le<br />

montant de revenu versé et le taux de prélèvement à la <strong>source</strong> correspondant.<br />

Le mode de calcul complexe du taux de prélèvement conduira ce dernier à évoluer au cours de l’année, avec un<br />

décalage de deux à trois mois, en fonction du revenu mensuel du contribuable et des prélèvements déjà<br />

effectués. Ainsi, le taux de prélèvement et la retenue à la <strong>source</strong> effectuée pourraient varier tous les mois et en<br />

décalage, sans que le contribuable ait pu prévoir de telles modifications et soit en mesure de les comprendre, ce<br />

qui se traduirait par un impact potentiellement négatif sur la gestion de sa trésorerie.<br />

En outre, le taux de prélèvement qui figurera sur le bulletin de salaire du contribuable pourra être assez éloigné<br />

du taux moyen d’imposition annuel du contribuable ce qui prêtera à confusion.<br />

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Le compte-rendu métiers de la DSN pourrait être utilisé comme dans le projet de réforme du Gouvernement mais sous réserve des<br />

délais nécessaires pour permettre à l’administration fiscale de recalculer les taux.

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