Kim Lerouge Humaniste
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La Photographie <strong>Humaniste</strong><br />
1945-1968
La Photographie <strong>Humaniste</strong><br />
1945-1968
La Photographie <strong>Humaniste</strong> (1945-1968)<br />
Mise en page par <strong>Kim</strong> Beauvais <strong>Lerouge</strong><br />
Imprimé et relier à Paris.
Photographie de Henri Cartier-Bresson.
Photographie d’Édouard Boubat
Photographie d’Édouard Boubat, Paris, Février 1999
Photographie<br />
<strong>Humaniste</strong><br />
La photographie humaniste apparaît dans le Paris des<br />
années 1930, plaçant l’homme au cœur de son propos.<br />
6<br />
Ces photographes ont tous en commun d’avoir été des<br />
« reporters-illustrateurs » et d’avoir nourri de leurs images<br />
le paysage visuel des Français de l’après-guerre. Sans<br />
manifeste ni préceptes, leurs clichés participent à la<br />
reconstruction symbolique et morale de la France.<br />
Les photographes « humanistes » contribuent à construire<br />
une imagerie nationale avec ses lieux pittoresques et<br />
ses archétypes sociaux, mais également à élargir les<br />
horizons et les points de vue sur les réalités de l’époque :<br />
misère des banlieues, crise du logement,<br />
loisirs, ouverture au monde à travers de<br />
grandes revues internationales...<br />
Animés d’une foi délibérée dans le genre humain<br />
et son avenir, ils donnent à voir leurs semblables<br />
avec empathie et s’engagent dans leurs luttes<br />
pour des lendemains meilleurs, à travers des<br />
campagnes pour l’éducation, l’hygiène,<br />
le bien-être de tous et la paix dans le monde.<br />
Une presse abondante, née dans l’enthousiasme de<br />
la Libération, leur fournit des commandes dans des<br />
domaines très divers. L’édition constitue la part la<br />
plus valorisante de leur œuvre, à une époque où<br />
en dehors des manifestations du Groupe des XV et<br />
des Salons nationaux, les expositions sont rares.<br />
Le « cœur dans les yeux », selon la formule de Philippe<br />
Soupault, les photographes de cette mouvance, dont<br />
Boubat, Doisneau ou Ronis sont les représentants<br />
les plus célèbres, regardent leurs contemporains à<br />
travers le filtre de leur propre humanité et donnent<br />
à voir les hommes sous un jour délibérément positif,<br />
ou du moins indulgent et toujours respectueux.<br />
Photographie de 1959, Robert Doisneau, « La récréation » rue Buffon, Paris.
Photographes<br />
polygraphes<br />
La plupart des photographes<br />
humanistes partagent la profession<br />
de reporters-illustrateurs ou de<br />
« photographes polygraphes », comme se<br />
plaît à les nommer Willy Ronis.<br />
Une presse abondante, née dans l’enthousiasme<br />
de la Libération, leur fournit des commandes<br />
dans des domaines très divers.<br />
Indépendants (Marcel Bovis, Jean Lattes ou Lucien<br />
Lorelle), organisés au sein d’agence (l’ADEP, Rapho ou<br />
Magnum), ou encore salariés de magazines (Izis pour<br />
Paris-Match, Edouard Boubat pour Réalités ou Jean-Louis<br />
Swiners pour Terre d’Images), ils nourrissent le paysage<br />
visuel des Français et comblent leur soif d’images.<br />
8<br />
Nombre d’entre eux illustrent également des affiches<br />
touristiques, des documents pédagogiques, des calendriers ou<br />
des agendas, en réponse à des commandes du Commissariat<br />
au tourisme, de la Documentation française, de multiples<br />
organismes en charge de la reconstruction du pays,<br />
d’associations ou d’entreprises privées et publiques. En marge<br />
de ces productions, ils mènent des projets éditoriaux personnels<br />
ou collectifs à leur initiative ou à celle d’éditeurs et de<br />
directeurs artistiques français et suisses, au rôle déterminant<br />
(Robert Delpire, Romeo Martinez, Albert Mermoud et Albert Plécy).<br />
L’édition constitue la part la plus valorisante de leur œuvre,<br />
à une époque où en dehors des manifestations du Groupe<br />
des XV et des Salons nationaux, les expositions sont rares.<br />
Notons enfin que la synergie entre commande<br />
et création est constitutive de leur œuvre :<br />
ils enrichissent de tirages personnels leurs photothèques<br />
professionnelles et s’inspirent de l’approche documentaire<br />
du reportage d’illustration dans la représentation<br />
sans fard de leurs propres découvertes.<br />
Photographie de Robert Doisneau « Catherine-Verneui », 1963.
Paris des rêves,<br />
France aux visages<br />
Dans la France d’après-guerre, ruinée et divisée,<br />
les photographes humanistes contribuent à<br />
produire une iconographie nationale teintée<br />
à la fois de nostalgie et d’optimisme.<br />
Saisissant dans leur quotidien « les Parisiens tels qu’ils<br />
sont » et une France dont ils chantent l’art de vivre, ils<br />
donnent à voir les archétypes sociaux français.<br />
Deux grandes institutions commanditaires d’images, le<br />
commissariat général au Tourisme et la Documentation<br />
française, sollicitent ces photographes pour la promotion des<br />
particularismes nationaux et la présentation didactique de<br />
la géographie, de l’économie ou des forces vives du pays.<br />
0<br />
En parallèle, de grands éditeurs tels qu’Arthaud<br />
ou Seghers relaient cette quête d’identité nationale<br />
d’après l’Occupation par des ouvrages où la France<br />
cherche à se définir entre tradition et modernité.<br />
En dehors du petit peuple coutumier des rues parisiennes<br />
dont les figures pittoresques et vivantes inspirent les<br />
illustrateurs autant que les poètes, des aspects inédits<br />
et moins riants de la société d’après-guerre retiennent<br />
l’attention et l’empathie de photographes tel que<br />
Doisneau, qui, contre l’avis de tous, décide de consacrer<br />
un ouvrage à la banlieue de Paris et à ses mutations.<br />
Enfin, si la France continue d’inspirer, par sa traditionnelle<br />
douceur de vivre, l’enchantement sincère de photographes<br />
français et étrangers, il arrive que la publicité ou la mode<br />
s’emparent avec esprit et efficacité du vocabulaire pittoresque<br />
véhiculé par le courant humaniste pour promouvoir<br />
les caractéristiques authentiques de leurs produits.<br />
Photographie de Robert Doisneau, « Cafe de Flore », Paris, 1947
Photographie d’Edouard Boubat, « Plutôt la vie », Paris, Mai 1968
Photographie d’Henri Cartier Bresson, «bateau».
Photographie d’A.Vollard Brassaï, «Couple amoureux Chez Suzy», rue Grégoire De Tous, Paris, 1932
« Un miroir<br />
fraternel »<br />
De nombreux photographes humanistes<br />
affirment leur engagement idéologique (aux<br />
côtés des communistes, des chrétiens)<br />
ou leur espérance en l’homme et leur<br />
solidarité active envers les plus démunis.<br />
Beaucoup partagent les luttes des ouvriers, donnent écho<br />
aux revendications des mal-logés, relayent des actions<br />
caritatives (Croix rouge, Emmaüs). Attentifs au présent, ils<br />
donnent à voir la modernisation et les progrès touchant<br />
le monde du travail, de la vie quotidienne des villes et<br />
des villages. Participant à des campagnes publiques pour<br />
le bien-être de tous et le développement des individus<br />
(hygiène, pédagogies nouvelles, lecture publique), ils affirment,<br />
en dépit des horreurs de la guerre, leur espoir en une<br />
société plus juste et en de meilleurs lendemains.<br />
Cette force d’engagement des photographes<br />
humanistes est gommée par des livres valorisant<br />
la nostalgie du temps passé et minimisant la<br />
dénonciation d’une misère endémique.<br />
Seule prévaut une vision anecdotique « so french » dont la<br />
presse étrangère est friande et où les critiques voient la<br />
négation naïve de toute réalité géopolitique et sociale.<br />
8<br />
Ces engagements conduisent pourtant certains<br />
photographes, en pleine guerre froide puis dans<br />
la tourmente des guerres coloniales, à renoncer à<br />
de prestigieux clients, voire à la reconnaissance de<br />
leur travail longtemps maintenu dans l’oubli.<br />
C’est aujourd’hui tout un pan de leur œuvre que<br />
l’on redécouvre : ce « miroir fraternel » que, selon<br />
Claude Roy, ils présentent à leurs contemporains,<br />
avec toujours, en arrière-plan, un optimisme résolu<br />
et un attachement fort aux valeurs de partage, de<br />
solidarité et de communion entre les hommes.<br />
Photographie de Robert Doisneau.
L’infiniment<br />
humain<br />
« C’est l’humanité qui m’intéresse, c’est la pulpe »<br />
À l’instar d’Henri Cartier-Bresson, les photographes<br />
humanistes n’ont de cesse selon Soupault de<br />
« donner à voir (…) l’infiniment humain »,<br />
en saisissant dans le quotidien de la rue les figures d’une<br />
humanité authentique et sincère : hommes simples, travailleurs<br />
et leurs familles issus des classes modestes, enfants riches de<br />
leur seules innocence et spontanéité, ou couples d’amants<br />
rendus meilleurs par la force de leurs sentiments.<br />
C’est, d’après Boubat, un véritable « comportement visuel<br />
amoureux » que ces photographes adoptent sur leurs semblables<br />
dont ils cherchent à éclairer la face bonne, noble et vraie.<br />
Elargissant ce regard à d’autres horizons, certains<br />
photographes importent aussi la vision d’hommes et de femmes<br />
du monde entier et véhiculé, à travers livres et presse, l’idée<br />
d’une universalité des qualités et des valeurs humaines.<br />
0<br />
« Correspondant[s] de paix » aux yeux de Prévert, ils adhèrent<br />
aux idéaux et aux espoirs d’une époque : celle de la mise<br />
en place d’institutions internationales pour la diplomatie<br />
et le développement (l’ONU et l’Unesco), celle surtout de<br />
l’exposition « The Family of man » qui, dans son souhait<br />
d’expliquer l’Homme aux hommes a pour ambition de créer des<br />
conditions d’échanges et de paix durable entre les peuples.<br />
Loin de la mièvrerie simpliste qu’on lui prête volontiers, cette<br />
vision – après les horreurs de la guerre et dans les menaces nouvelles<br />
de déchirements internationaux – est une résolution affichée<br />
à garder foi en un genre humain uni, bon et perfectible.<br />
Photographie Henri Cartier Bresson.
L’imaginaire<br />
d’après nature<br />
De la réalité quotidienne et apparemment banale dont ils<br />
nourrissent leur œuvre, les photographes humanistes font<br />
resurgir ce que Cartier-Bresson appelle un « imaginaire<br />
d’après nature » : à travers leur objectif, la vie de tous les jours<br />
devient tout à tour théâtrale, merveilleuse ou poétique.<br />
Attentifs comme Doisneau au « spectacle permanent<br />
et gratuit de la vie quotidienne », ils transforment<br />
les anonymes de la rue en acteurs naturels de<br />
la comédie humaine, les changent en figures<br />
comiques, fantastiques ou oniriques.<br />
2<br />
Attachés au théâtre du monde, ils n’en partagent pas<br />
moins une prédilection pour le monde du cirque et des<br />
forains qui, à leur instar, font du réel matière à rêves.<br />
Sensibles à ce qui, au quotidien, est porteur<br />
d’enchantement ou de mystère, ils affectionnent<br />
les atmosphères brumeuses, les lieux empreints de<br />
connotations poétiques, les figures mélancoliques<br />
ou songeuses, et retrouvent, dans leur quête<br />
d’imaginaire et de merveilleux, des thématiques<br />
chères aux autres arts (chansons, cinéma et littérature).<br />
Au-delà, la présence de figures humaines fait basculer<br />
de simples paysages dans le registre poétique de la<br />
contemplation et le personnage de dos, tant prôné par<br />
Boubat, imprègne de sa rêverie la réalité qui l’entoure.<br />
Ces images, porteuses de rêve ou de fiction, doivent leur<br />
force évocatrice à une indéniable sensibilité formelle (à la<br />
lumière ou à la composition) que ces photographes – souvent<br />
graphistes ou peintres de formation – ont déniée tel Izis,<br />
dans leur recherche sincère de la « bonne photo simple ».<br />
Photographie d’Henri Cartier Bresson.
Photographie d’Henri Cartier Bresson
Photographie d’Edouard Boubat.
Photographie d’A.Vollard Brassai, « Vue nocturne », Paris de Notre Dame, 1933
Photographie de Robert Doisneau, Paris
Photographie d’Henri Cartier Bresson, « Le Pont-Neuf », Paris<br />
Photographie d’Edouard Boubat, « La petite fille aux feuilles mortes », 1947<br />
Photographie de Robert Doisneau, « Madame Titine campe sur le quai de l’Arsenal », Paris, 1950<br />
Photographie d’A.Vollard Brassaï, « Le Pont Neuf », Paris, 1932
Photographie d’Henri Cartier Bresson, Paris<br />
Photographie d’Edouard Boubat, « Isabelle Huppert », Paris, 1983<br />
Photographie dE Robert Doisneau, Paris<br />
Photographie d’A.Vollard Brassaï, « filles anglaises dans leur loge», Folies-Bergère, Paris, 1932.
Photographie d’Henri Cartier Bresson, Paris<br />
Photographie de Robert Doisneau, au Saint-Yves, Paris, 1948<br />
Photographie d’A.Vollard Brassaï, « Tour Eiffel », Paris, 1932<br />
Photographie d’A.Vollard Brassaï, « Les chats de la concierge», Paris, 1957
Photographie de Robert Doisneau, Paris
Des photographes<br />
illustrateurs à l’ère<br />
de l’imprimé<br />
Extrait du texte de Françoise Denoyelle<br />
0<br />
Dans les années 1930, la photographie<br />
s’impose peu à peu dans la presse<br />
illustrée et la publicité.<br />
Les photographes sortent de leur studio et<br />
de leur boutique et partent à la découverte<br />
d’une civilisation urbaine où la demande<br />
d’images se fait de plus en plus pressante.<br />
Ce bel élan est interrompu par la guerre<br />
et l’apparition d’une propagande au<br />
service du gouvernement de Vichy et<br />
de l’occupant. La libération de Paris<br />
met fin à la presse de collaboration.<br />
La multiplication des publications,<br />
un engagement politique plus marqué<br />
qu’autrefois, le rationnement des matières<br />
premières, la cherté des coûts de fabrication,<br />
la faiblesse du marché publicitaire ainsi<br />
que le nombre croissant de titres lancés<br />
sans assises financières ne favorisent pas<br />
le développement de la presse française<br />
qui manque cruellement de moyens si on<br />
la compare à celle des pays anglo-saxons.<br />
En dépit de ces difficultés, la presse<br />
illustrée connaît de belles réussites<br />
et contribue à valoriser le relèvement<br />
du pays et l’unité qu’il tente de<br />
retrouver alors que la Guerre froide<br />
ouvre une nouvelle fracture.<br />
Bien qu’essentielle pour la diffusion<br />
des photographies, elle n’en est pas le<br />
seul vecteur. L’édition et la publicité<br />
offrent, elles aussi, des opportunités.<br />
Des ministères et des institutions lancent<br />
de grandes campagnes. Ils font appel<br />
aux photographes et leur passent de<br />
multiples commandes pour ce qu’ils<br />
nomment encore leur «propagande».<br />
Après l’Occupation vient le temps<br />
de la reconstruction. Les ruines<br />
sont moins physiques que morales.<br />
L’épuration terminée, une photographie<br />
dite « humaniste » s’impose.<br />
Elle prend ses racines dans les années 1930.<br />
Sa vision a été forgée par des photographes<br />
étrangers comme Brassaï, Emeric Feher,<br />
Ergy Landau, Nora Dumas… Elle renoue<br />
avec des valeurs collectives qui visent à<br />
l’universalité d’un humanisme fortement<br />
compromis par la découverte des camps<br />
d’extermination dont on s’empresse<br />
rapidement d’« oublier » l’existence une<br />
fois le procès de Nuremberg terminé.<br />
Les photographes de l’école de Paris,<br />
dont beaucoup avaient dû se cacher<br />
ou s’exiler, rejoignent la capitale. Si<br />
certains ne retrouvent plus l’élan<br />
novateur des années 1920 et 1930, presque<br />
tous poursuivent leur carrière.<br />
Photographie d’A.Vollard Brassaï, « Colonne Morris », 1933
Les agences<br />
de presse<br />
Les sept agences de photographie qui ont collaboré<br />
sont fermées. L’Agence internationale pour la presse<br />
de Robert Cohen, encore appelée Agence d’illustration<br />
pour la presse (AGIP), mise en sommeil pendant la<br />
guerre, reprend ses activités dès la Libération.<br />
Raymond Grosset rouvre les<br />
portes de Rapho le 1er décembre<br />
1945. À l’agence Fama, il récupère<br />
alors le fonds dont Charles Rado<br />
avait été spolié en tant que juif.<br />
Après un bref passage à Alliance<br />
Photo, Doisneau lui confie ses<br />
reportages sur la libération de<br />
Paris et, en 1946, Ronis intègre<br />
l’agence qui gère également les<br />
fonds de Brassaï, Nora Dumas,<br />
Ylla, Ergy Landau, Émile<br />
Savitry et Serge de Sazo.<br />
Sabine Weiss les rejoint en<br />
1952 et Janine Niépce en 1955.<br />
En 1947, à New York, Robert<br />
Capa, Henri Cartier-Bresson,<br />
2Chim, George Rodger et William<br />
Vandivert créent Magnum.<br />
Ils reprennent l’idée d’une<br />
coopérative de photographes<br />
initiée dix ans plus tôt par les<br />
Photographes associés qui<br />
préfigurèrent l’agence Lapi.<br />
Le droit d’auteur et sa gestion, la<br />
liberté de choisir ses reportages,<br />
le respect des images et de leurs<br />
légendes sont au cœur de la<br />
réflexion des fondateurs. Ces<br />
derniers veulent désormais gérer<br />
eux-mêmes Magnum. Au-delà<br />
de considérations économiques,<br />
des liens unissent les différents<br />
membres pour qui l’excellence<br />
prime et se traduit dans des<br />
sensibilités spécifiques. Capa,<br />
après une délibération collégiale,<br />
intègre rapidement de jeunes<br />
talents pour couvrir de nouveaux<br />
secteurs et, dans un climat<br />
de Guerre froide, estomper le<br />
caractère très engagé de Magnum.<br />
Comme ses consœurs, l’agence<br />
diffuse aux États-Unis et dans<br />
le monde occidental l’image<br />
d’une France poétique où<br />
l’identité culturelle et sociale<br />
s’affirme à travers des images<br />
emblématiques porteuses des<br />
thèmes humanistes. Un Paris<br />
pittoresque avec la Seine et<br />
ses amoureux, les quartiers<br />
populaires et leurs enfants, vrais<br />
« titis » parisiens répondent à une<br />
demande forte qui finit par forger<br />
les stéréotypes dont l’influence<br />
perdure encore à l’étranger.<br />
Photographie d’A.Vollard Brassaï, Paris
Les photographes<br />
indépendants<br />
4<br />
Comme l’indique Ronis, «la reprise<br />
de l’activité après la Libération fut assez<br />
fascinante. Le public avait une folle soif<br />
d’images et, pendant quelques années, la<br />
photographie pour la page imprimée connut<br />
une période de grande fertilité. Les choses<br />
n’étaient pas simples car on manquait de tout. »<br />
Chaque photographe, à travers des<br />
commandes va constituer ce qui<br />
dans les années 1980 apparaîtra alors<br />
comme une œuvre redécouverte ou<br />
célébrée dans des monographies et des<br />
expositions. Si la sortie de la guerre avec<br />
sa floraison de titres favorise le retour à<br />
la photographie de Ronis, la situation de<br />
ses confrères n’est pas toujours idyllique.<br />
En dehors de ceux qui tiennent boutique,<br />
presque tous les photographes travaillent<br />
pour la presse. Ils appartiennent à<br />
des agences ou à des studios comme<br />
Chevojon, Harcourt, Sam Lévin, ou<br />
Lipnitzki. Beaucoup travaillent en<br />
indépendants. Tous répondent à des<br />
commandes. « Le travail sur commande,<br />
qui passe pour une activité honteuse, permet<br />
la survie matérielle. (…) Il demande une<br />
dépense d’énergie, d’invention et, pour ne<br />
céder ni à la résignation ni à l’appât du<br />
gain, il faut être attentif à éviter les pièges<br />
de la spécialisation et garder toujours un<br />
regard oblique qui engage à voler, quand les<br />
occasions se présentent, un peu de temps payé<br />
par les différents employeurs. Ainsi le modeste<br />
praticien, jouant en cachette au dilettante,<br />
sera gratifié d’une réputation de flâneur. »<br />
Doisneau, avec sa verve si particulière,<br />
résume parfaitement la condition<br />
des photographes illustrateurs.<br />
C’est dans cet esprit que Ronis, en<br />
dehors de ses commandes, réalise<br />
son Belleville-Ménilmontant.<br />
Le statut de photographe demeure<br />
précaire particulièrement dans les années<br />
1945-1950 où les photographes manquent<br />
de films, de lampes… et doivent assurer<br />
un travail de laboratoire. Presque tous<br />
les photographes travaillent pour la<br />
mode, avec un intérêt et des bonheurs<br />
divers, la faisant sortir du studio pour<br />
aller dans la rue. Ils y recréent des<br />
scènes avec les référents thématiques et<br />
géographiques de leur univers : petits<br />
métiers, rue d’un quartier populaire.<br />
Magnum et Rapho qui possèdent<br />
des bureaux new-yorkais initient des<br />
commandes bien plus lucratives avec des<br />
éditions et des magazines étrangers. Ronis<br />
en fait l’amère expérience lorsque, « dans<br />
une atmosphère empoisonnée par «la Guerre<br />
froide», les photographies n’étaient plus qu’une<br />
matière première ravalée au service d’une<br />
stratégie orientée dans un sens bien précis ».<br />
Les scories d’une iconographie humaniste<br />
un peu mièvre ne sauraient effacer<br />
l’âpreté des tensions qu’induisent la<br />
Guerre froide et les guerres coloniales<br />
et minorer les enjeux idéologiques<br />
qui traversent la photographie.<br />
Photographie d’A.Vollard Brassaï, « La marchande de ballons », Paris, 1931
Photographie de Robert Doisneau, « Libération de Paris », Août 1944
Photographie d’Henri Cartier Bresson, rue de Vaugirard, Paris
Photographie d’Edouard Boubat
La presse illustrée<br />
La presse illustrée publie très largement la<br />
nébuleuse des photographes humanistes.<br />
À l’image d’Alexey Brodovitch,<br />
les directeurs artistiques inventifs<br />
qui avaient promu la photographie<br />
dans les années 1930 sont<br />
désormais installés aux États-Unis.<br />
La mise en page des magazines<br />
français, même des plus<br />
prestigieux, n’atteindra plus<br />
la perfection que leur génie<br />
créatif avait su impulser.<br />
En revanche, le reportage<br />
acquiert ses lettres de noblesse<br />
et, en 1964, la commission de<br />
la carte de presse dénombre<br />
650 reporters photographes.<br />
La désignation officielle de<br />
reporters-illustrateurs a été<br />
définie pendant l’Occupation<br />
par le Groupement national de<br />
la photographie professionnelle<br />
présidé par André Garban.<br />
Leurs reportages ne s’inscrivent<br />
2pas dans l’actualité et<br />
l’événementiel, mais restent centrés<br />
sur la présence de l’homme dont<br />
ils captent les centres d’intérêts et<br />
portent témoignage d’une époque.<br />
Leurs thématiques traduisent<br />
également les espoirs et les<br />
combats du peuple que diffuse une<br />
presse où l’influence du Parti des<br />
fusillés s’organise et se déploie au<br />
sein de multiples publications.<br />
Beaucoup de photographes<br />
travaillent entre un réalisme<br />
poétique au regard ébloui porteur<br />
du charme de la banalité et un<br />
réalisme documentaire beaucoup<br />
plus engagé pour dénoncer la<br />
misère endémique des quartiers<br />
populaires, et soutenir la lutte<br />
pour la paix alors que s’installe<br />
un climat de Guerre froide.<br />
Les reportages sur les grèves<br />
qui secouent la France, dès 1947,<br />
dans les mines et la sidérurgie<br />
sont publiés dans les nombreux<br />
périodiques comme Regards,<br />
mais aussi La Vie ouvrière,<br />
organe de la CGT, ou l’Almanach<br />
de l’Humanité. Contrairement<br />
à celles produites aux Etats-<br />
Unis, ces images, par leur<br />
diversité, par leur contraste très<br />
maîtrisé, ainsi que par un subtil<br />
traitement des gris, traduisent<br />
une ambiance que le manque de<br />
produits et de papiers sensibles<br />
ne saurait expliquer à lui seul.<br />
Les photographes portent un<br />
regard compassionnel qui cherche<br />
plus à prévenir qu’à accuser.<br />
Pour cela, ils maîtrisent l’art de<br />
la lumière, des contre-jours, des<br />
clairs obscurs porteurs d’une<br />
atmosphère si particulière.<br />
Photographie d’A.Vollard Brassaï, « Marlène », quelque part à Paris, 1937
Paris-Match<br />
4<br />
Alors que de nombreux titres ont déjà disparu et que<br />
s’estompent les restrictions des matières premières<br />
qui limitaient le développement de la presse, Jean<br />
Prouvost, le 25 mars 1949, inaugure un nouveau<br />
modèle de magazine avec Paris-Match, inspiré<br />
de Vu et de Life sans en avoir le génie inventif.<br />
Le succès n’est pas immédiat, mais au bout d’une année Paris-<br />
Match acquiert en France une position commerciale hégémonique<br />
au sein de la presse magazine d’informations illustrées. Lorsque<br />
la pé- rennité du titre est assurée, la rédaction offre quelques<br />
opportunités exceptionnelles aux photographes qui forgeront<br />
ultérieurement le mythe d’une «époque bénie du reportage».<br />
Mais si Cartier-Bresson présente sur quatre numéros son<br />
voyage en URSS, et Izis ses photographies de Chagall<br />
sur une vingtaine de pages, ceci reste une exception.<br />
À partir de 1951, la photographie acquiert une place<br />
non négligeable qu’elle soit prise « à la sauvette », « sur le<br />
fil du hasard » ou comme une affirmation de la présence<br />
du photographe, homme parmi les hommes.<br />
Photographie d’A.Vollard Brassaï, « Français réveillez-vous ! », 1946
Réalités et ses<br />
«correspondants<br />
de paix»<br />
Au sortir de la guerre, l’actualité mondiale s’inscrit désormais<br />
régulièrement au sommaire des magazines d’informations, mais<br />
de nombreux pays sont encore mal connus du grand public.<br />
L’un des magazines français qui valorise le mieux ces reportages est<br />
le mensuel Réalités, créé en février 1946 et dirigé par Alfred Max.<br />
D’une présentation de bonne qualité, Réalités s’attache davantage à la<br />
découverte du monde et de ses habitants qu’aux événements exceptionnels.<br />
Le périodique se propose surtout de faire découvrir<br />
la vie dans les villages et les métropoles.<br />
Dans les premières années, il a recours à des agences, mais à partir<br />
de 1949-1950, outre Jean-Philippe Charbonnier et Édouard Boubat<br />
ses deux photographes réguliers, il fait appel à des col- laborateurs<br />
extérieurs en leur laissant la liberté de choisir leurs reportages, en<br />
respectant leurs images et en leur offrant des moyens, ce qui est loin<br />
d’être le cas dans toute la presse. Ils ont l’opportunité d’exprimer leur<br />
propre vision et de témoigner du monde tel qu’ils le voient. Doisneau<br />
inaugure ce changement avec « Portrait d’un Français moyen ».<br />
6Dans leurs reportages Cartier-Bresson, Charbonnier, Bischof,<br />
Boubat font découvrir aux Français des contrées comme l’Inde, le<br />
Japon, l’Égypte... qui semblent encore « exotiques » ou mal connues.<br />
Ces jeunes gens, tel Charbonnier, sont tous un peu, selon la formule<br />
de Prévert concernant Boubat, des « correspondants de paix ».<br />
Dans Réalités comme dans Paris-Match, l’image s’impose et se déploie<br />
sur des pages entières, le reportage se fait histoire. La conception du<br />
reportage, amorcée dans la presse allemande de la fin des années 1920,<br />
est de- venu une réalité que stimule l’exemple de Life avec lequel la presse<br />
française ne peut rivaliser faute de moyens et de lecteurs suffisants.<br />
Photographie de Robert Doisneau, « la maison de carton », Paris, 1957
Photographie d’Henri Cartier Bresson
Photographie d’Henri Cartier Bresson, Paris
Photographie d’Edouard Boubat, Jardin du Luxembourg, 1955
De la presse<br />
aux livres<br />
Les reportages sur la France<br />
sont marqués par une<br />
grande diversité de sujets.<br />
4<br />
La France profonde, déchirée par<br />
l’Occupation, tente de retrouver<br />
ses repères et aspire à un besoin<br />
de réconciliation autour de<br />
valeurs fondatrices que traduisent<br />
bien des images centrées sur la<br />
douceur d’une vie d’autrefois.<br />
Les photographes en captent les<br />
dernières bribes comme autant<br />
de témoignages rassérénants.<br />
Il en est ainsi pour « Vive la France<br />
» par Doisneau pour Vogue. Les<br />
images de proximité expriment la<br />
sympathie et l’intérêt des opérateurs<br />
pour les gens simples, les enfants<br />
et les personnes âgées dans leur<br />
univers quotidien dont leurs œuvres<br />
regorgent. Mais la flânerie dans les<br />
rues pavées, l’idéalisation des basfonds<br />
et les instants de grâce élevés au rang<br />
de merveilleux social ne sauraient<br />
résumer la photographie humaniste.<br />
D’autres reportages que publient les<br />
périodiques de gauche, mais aussi<br />
ceux qui appartiennent à la presse<br />
catholique engagée traduisent avec<br />
force l’âpreté des conflits sociaux. Ces<br />
images n’apparaissent pas ou peu dans<br />
les livres cardinaux de l’époque comme<br />
Sortilèges de Paris où « ce qu’il y a de<br />
plus sale et de plus décrépi, la banlieue<br />
s’y déforme et passe au merveilleux ».<br />
Ces choix éditoriaux ont façonné<br />
et édulcoré une iconographie de la<br />
photographie humaniste où domine<br />
la nostalgie du pittoresque d’un<br />
monde révolu. Ce n’est qu’une des<br />
facettes. L’aspect militant de l’image<br />
et de sa légende qui dans la presse<br />
dénonce et accuse est minimisé,<br />
voire occulté dans les livres. D’autres<br />
publications, de faible diffusion sont<br />
néanmoins liées à l’histoire de la<br />
photographie humaniste. Le Point<br />
est fondé en 1936 par Pierre Betz à<br />
Souillac. Betz, en relation avec les<br />
meilleurs photographes, commande<br />
des reportages sur les peintres,<br />
les écrivains et les arts. « Notre ami<br />
Robert Doisneau », tel qu’il le crédite,<br />
est son principal collaborateur.<br />
Alors que le papier-journal de<br />
médiocre qualité et l’offset, qui a<br />
pris le pas sur l’héliogravure dans<br />
la presse illustrée, n’offrent souvent<br />
que de mauvaises conditions de<br />
reproduction, la photographie<br />
trouve dans Caractère Noël, sous la<br />
direction du graphiste Maximilien<br />
Vox, un support de choix. Cependant,<br />
les périodiques spécialisés en<br />
photographie demeurent sous la coupe<br />
des éditions Paul Montel et n’offrent<br />
pas une vitrine de premier plan.<br />
Photographie de Brassaï, « La bastoche », un bar rue de Lappe, Paris, 1932
Photographie d’Henri Cartier Bresson, Paris
Photographie de Robert Doisneau, Paris
Photographie d’Henri Cartier Bresson, Paris
Bibliographie<br />
sélective<br />
Robert Doisneau : Usines Renault.Chaîne de montage. Eine Revision von Edward Steichens Fotoausstellung,<br />
Contexte historique<br />
Marburg, Jonas Verlag, 2004.<br />
Chevrier (Jean-François), « L’homme de la rue de Charles<br />
Buton (Philippe), Les Lendemains qui déchantent. Nègre à Robert Doisneau », Photographies, numéro<br />
Le parti communiste français à la Libération, Paris, spécial, mars 1986, p. 87-91.<br />
Presses de la Fondation nationale des sciences<br />
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Le Seuil, 1994, p. 17-21.<br />
Ory (Pascal), L’Aventure culturelle française, 1945-1989,<br />
Paris, Flammarion, 1989.<br />
Delpire (Robert) et FRIZOT (Michel), Histoire de voir.<br />
De l’instant à l’ima- ginaire (1930-1970), Paris, Centre<br />
Rioux (Jean-Pierre), Au bonheur la France. Des<br />
national de la Photographie, 1989.<br />
impressionnistes à de Gaulle, comment nous avons su<br />
être heureux, Paris, Perrin, 2004.<br />
Gautrand (Jean-Claude), « Le Regard des autres :<br />
humanisme ou néo-réalisme ? », dans Michel Frizot (dir.),<br />
Sirinelli (Jean-François), Les Babyboomers. Une<br />
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1994, p. 613-639.<br />
Verdès-Leroux (Janine), Au service du parti<br />
Lemagny (Jean-Claude), « La Photographie inquiète d’ellemême<br />
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Paris, Larousse, 1993, p. 187-211.<br />
Winock (Michel), Chronique des années soixante, Paris,<br />
2<br />
Seuil, 1990.<br />
Face à l’histoire 1933-1996, l’artiste moderne devant<br />
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culture Georges Pompidou, [catalogue de l’ex- position,<br />
19 décembre 1996 – 7 avril 1997], Paris, Centre Pompidou,<br />
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Jean Marquis : Pont-de-la-Deûle<br />
Histoire et critiques d’un courant photographique<br />
Back (Jean), Schmidt-Linsenhoff (Viktoria), The Family<br />
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Contrejour, 1992.<br />
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Robert Doisneau, 1995. History of Photography,<br />
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Prévert, Lausanne, La Guilde du livre, 1951.<br />
Izis, Paradis terrestre, texte de Colette, Lausanne, La<br />
Guilde du livre, 1953.<br />
Jahan (Pierre), La Route de Chartres, poème de Charles<br />
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Mac Orlan (Pierre), Voyage dans Paris, Paris, Éditions<br />
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Marquis (Jean), Il ne m’est Paris que d’Elsa, poèmes<br />
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René-Jacques, Paris ville lumière, Lausanne, Librairie<br />
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1991], Paris, Paris-Musées, 1991.<br />
Sichel (<strong>Kim</strong>), « Paris le jour Paris la nuit », [catalogue de<br />
l’exposition Brassaï, musée Carnavalet, 8 novembre 1988 – 8<br />
janvier 1989], Paris, Paris-Musées, 1988, p. 7-23.<br />
Spadone (Pierre-Louis), « Passants et passeurs. Une<br />
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Stallabrass (Julian), Paris photographié, 1900-1968,<br />
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Velter (André), La Seine des photographes, Paris,<br />
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Le Goût de Paris, textes réunis et présentés par Jean-<br />
Pierre Arthur Bernard, Paris, Mercure de France, 2004.<br />
Portraits d’une capitale. De Daguerre à William Klein,<br />
[catalogue de l’ex- position au musée Carnavalet, 1992-<br />
1993], Paris, Paris-Mu- sées, Paris- audiovisuel, 1992.<br />
Paris 1944-1954, Paris, Autrement, 1995.
Imprimé dans les ateliers de l’imprimerie<br />
SCRIPT LASER, 75003 Paris, France,<br />
Dépôt légal, février 2016
On appelle photographes humanistes ceux qui témoignent,<br />
par leurs images, de la dignité de l’homme.<br />
L’humanisme est un courant de pensée philosophique<br />
occidentale qui, depuis la Renaissance, croit en une essence<br />
éternelle de l’homme, et place en lui sa foi.<br />
Cette approche persistante a touché la photographie,<br />
notamment dans les années 30 (la grande crise économique)<br />
jusqu’au début des années 1960 et même encore de nos jours.<br />
Au Etats Unis c’est la FSA (voir courant humaniste )<br />
qui en témoigne.<br />
Elle est perpétuée par Eugene W. Smith dans « Essais<br />
photographiques» pour le magasine Life entre 40 et 50.<br />
En France à la fin des années 40, la photographie humaniste<br />
se met en route…<br />
prix : 32€