10.08.2016 Views

Traiter les traumatismes psychiques

Traiter les traumatismes psychiques

Traiter les traumatismes psychiques

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

74 CLINIQUE<br />

Olivier<br />

Olivier est un jeune pédiatre qui fait son service militaire dans une organisation<br />

internationale dédiée à l’enfance. Il travaille en Afrique dans un secteur<br />

dont il visite régulièrement <strong>les</strong> villages. Il distribue de la nourriture pour<br />

enfants, prodigue des soins et apprend aux mères à mieux s’occuper de<br />

leurs bébés. Il a pris à cœur cette activité et est très aimé des habitants de<br />

la région. Il est logé par une compagnie européenne qui construit un barrage<br />

sur le fleuve qui traverse la région. Une rébellion antigouvernementale sévit<br />

dans le pays. Un jour, <strong>les</strong> patientes du jeune médecin l’avertissent que son<br />

camp va être attaqué et <strong>les</strong> résidents massacrés. Il rapporte l’information au<br />

chef du camp qui refuse de prendre cet avertissement au sérieux. La nuit<br />

de l’attaque, il se réfugie dans une cachette qu’il s’est aménagée et entend<br />

tout le déroulement du massacre. Au petit matin, il découvre <strong>les</strong> cadavres du<br />

personnel du chantier et voit sur le bord du fleuve celui d’une jeune femme,<br />

le ventre ouvert avec un fœtus à l’intérieur. Il est rapatrié dans un hôtel de<br />

la capitale et <strong>les</strong> cauchemars apparaissent : chaque nuit, il revoit le cadavre<br />

de la femme éventrée et son fœtus. Il rentre en France et est hospitalisé<br />

dans un hôpital militaire. Au cours de la psychothérapie, son cauchemar<br />

change rapidement. L’attaque a lieu dans la ferme de ses parents (ceux-ci<br />

habitent une grande propriété agricole où il a passé son enfance ; elle est<br />

entourée d’un mur, ce qui lui rappelle le camp). Puis des disputes avec<br />

son père peuplent ses rêves d’angoisse (son père avait tenté avec une<br />

certaine violence de s’opposer à son choix de partir en Afrique). Dans ses<br />

cauchemars, des membres de sa famille apparaissent tantôt comme <strong>les</strong><br />

victimes, tantôt comme <strong>les</strong> bourreaux. La scène initiale parlée dans la psychothérapie<br />

devient métaphorique de la scène œdipienne. Sa vocation de<br />

pédiatre elle-même s’éclaire : il faut protéger l’enfant des désirs mortifères<br />

qui rodent en lui et autour de lui. Olivier n’est plus dès lors confronté au réel<br />

de l’événement, mais à son univers fantasmatique inconscient. Il faut dire<br />

que l’image traumatique de ce fœtus dans le ventre de sa mère a facilité ce<br />

passage. Au bout de quelques semaines, la psychothérapie se termine sur<br />

un rêve où il comparait devant des juges. Il est condamné par le tribunal,<br />

puis il se voit assis devant un feu de cheminée, brûlant ses vêtements et<br />

ses papiers. Le trauma l’a amené sur le terrain d’une faute originelle à partir<br />

de laquelle peut avoir lieu sa renaissance.<br />

À peu près au même moment, dans le même hôpital, est admis un jeune<br />

casque bleu rapatrié du Liban. Au cours d’un bivouac tranquille, un obus<br />

arrache la tête de son sergent assis en face de lui, son lieutenant se jette sur<br />

lui pour le coucher à terre. Son cauchemar va évoluer, mais dans un sens<br />

qui laisse présager qu’il n’en a pas fini avec sa névrose traumatique. Il ne<br />

revoit plus le soldat décapité, mais seulement, et cela toutes <strong>les</strong> nuits, son<br />

lieutenant qui se jette sur lui pour le protéger. Il est donc parvenu à dénier<br />

l’aspect traumatisant de l’événement mais a conservé telle quelle la part<br />

plutôt rassurante de cette protection par un « père ». Puis le cauchemar<br />

disparaît. Trois mois plus tard une cérémonie a lieu dans la caserne, au<br />

cours de laquelle il doit être décoré. Avant même que l’officier ne s’approche<br />

de lui, il est pris d’une grande angoisse et s’enfuit en courant. Il est alors de

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!