Traiter les traumatismes psychiques
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CONSÉQUENCES À COURT ET MOYEN TERME DU TRAUMATISME 55<br />
une intervention thérapeutique pourrait être justifiée dans une approche<br />
qu’il est difficile de différencier d’un temps à l’autre.<br />
P.S. Trois mois après nous avoir confié son manuscrit, qui était<br />
conforme à ce qu’il nous avait dit, Stéphane nous livre d’autres détails<br />
sur <strong>les</strong> six ou sept premières nuits qui ont suivi celle du crime. Chaque<br />
matin il s’est réveillé en sursaut à la fin d’un bref cauchemar où il<br />
revivait l’un ou l’autre moment des viols et violences qu’il avait subis. Il<br />
était alors dans un grand état de perplexité anxieuse, causé par la pensée<br />
que cela avait peut-être eu lieu réellement comme dans le cauchemar.<br />
Cette effrayante interrogation ne durait pas plus d’une minute ou deux<br />
et s’estompait progressivement jusqu’à ce que disparaissent à la fois et<br />
le souvenir du cauchemar et des questions qu’il avait fait naître. Ce que<br />
l’on voit ici, c’est l’installation du déni en temps réel.)<br />
LA PHASE DE LATENCE<br />
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
Est appelé ainsi le temps qui sépare l’événement traumatique de la<br />
première manifestation du syndrome de répétition. Cette période de<br />
latence a été la première caractéristique clinique mise en évidence par<br />
Oppenheim (Oppenheim 1888), à la fin du siècle dernier, lors de la<br />
première description des névroses traumatiques. Ce qui avait frappé<br />
<strong>les</strong> cliniciens, c’est que cette période pouvait durer longtemps, des<br />
semaines ou des mois, et qu’elle était suivie de manifestations névrotiques<br />
qui pouvaient être d’une grande sévérité.<br />
Elle a été considérée jusqu’à une période récente comme « silencieuse<br />
», c’est-à-dire asymptomatique. On sait mieux aujourd’hui que si<br />
elle peut être discrète sur le plan clinique, elle peut aussi présenter toute<br />
la symptomatologie d’une névrose traumatique, hormis le syndrome de<br />
répétition.<br />
Sur le plan psychopathologique, elle peut difficilement se<br />
comprendre autrement que par un mécanisme de déni qui porte<br />
sélectivement sur le moment traumatique lui-même, soit que le sujet<br />
ne veuille pas, à son insu, lui attribuer d’importance pour des raisons<br />
narcissiques, par exemple, soit que le psychisme du sujet ne serait<br />
pas capable d’en soutenir la violence au cours de sa réapparition (cf.<br />
chap. 2. « L’effroi »).<br />
On peut donc décrire des phases de latence extrêmement diverses,<br />
tant par la symptomatologie présentée que par le degré de gêne et<br />
de souffrance constatées. Le clinicien, lui, aura des difficultés à faire<br />
un diagnostic. Mais parfois son expérience du discours des psychotraumatisés<br />
l’amène à soupçonner que des symptômes en apparence