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Traiter les traumatismes psychiques

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50 CLINIQUE<br />

Je ressens très violemment ce premier contact avec le réel. Je me rappelle<br />

être frappé par une souffrance profonde, impressionnante, qui secoue et<br />

englobe entièrement mon être. J’ai un mal de tête très puissant, des vertiges,<br />

suis dans un état de confusion totale comme si l’on m’avait asséné un<br />

coup de massue et placé simultanément le visage face à un vent glacial. [...]<br />

Ma seule action possible est la résistance. Aucune pensée, aucune image<br />

n’est là ; aucun mouvement ou réflexe physique ne fait écho.<br />

Je suis allongé sur le ventre <strong>les</strong> bras étendus le long du tronc, la tête<br />

droite orientée dans le prolongement du corps, le visage face au lit. Je ne<br />

prendrai conscience de tout cela que progressivement. Je suis dans une<br />

totale immobilité physique et en proie à un processus mental incontrôlable.<br />

[...]<br />

Dans un premier temps donc cet état inquiétant perdure et je ne suis animé<br />

d’aucune énergie ou volonté pour que cela change. Durant cet épisode mes<br />

yeux restent fermés.<br />

Je suis allongé sur le ventre et essaie de soulever la tête. Cela est impossible.<br />

[...]<br />

Après un certain laps de temps, j’essaie volontairement de [la] redresser<br />

mais elle reste dans une immobilité totale.<br />

Je produis une série d’efforts afin d’arriver à la faire « décoller » sans résultat.<br />

Je suis alors saisi d’une forte angoisse et au prix d’efforts très intenses,<br />

monopolisant toute mon énergie, je la lève de quelques centimètres [...] :<br />

elle paraît plus qu’infiniment lourde, littéralement soudée au lit. J’entrevois<br />

ici la possibilité qu’elle bouge, mais ne peux pas discerner si mes sensations<br />

sont dues aux douleurs musculaires conséquentes à l’effort où à un réel<br />

mouvement. [...]<br />

Durant cette phase mes yeux sont mi-ouverts, cependant recouverts d’un<br />

voile important. [...]<br />

Mon champ de conscience est pour l’heure exclusivement limité aux parties<br />

physiques de mon être : à ma tête, mon cou, très vaguement mon corps (du<br />

fait qu’il est inerte et froid) ; dans une confusion totale, sans que je sache<br />

effectivement ce que je suis, qui je suis, où je suis, ce que je fais là, etc.<br />

La représentation mentale de mon anatomie est à l’image de son ressenti.<br />

Je suis en quelque sorte constitué uniquement d’une tête et d’un cou qui<br />

prennent toute la place – comme si j’étais « un gros têtard » – le reste<br />

n’existe pas.<br />

Je me retourne avec difficulté. [...]<br />

Après un temps d’attente, aucune des parties de mon corps ne pouvant<br />

bouger, je mobilise l’ensemble de celui-ci d’un seul mouvement sur le<br />

côté que je perçois comme « intuitif », « animal ». Cette sorte de lente<br />

« torsion » a pour conséquence de me faire gravir imperceptiblement un<br />

degré de conscience : mes yeux s’ouvrent (s’ouvrent-ils réellement ?), je<br />

suis sur un lit (l’idée est vague). [...]<br />

(Stéphane décrit longuement <strong>les</strong> étapes diffici<strong>les</strong> qui vont progressivement<br />

de la station couchée à la station debout.)

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