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Traiter les traumatismes psychiques

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48 CLINIQUE<br />

dernier cas, l’infiltration de traits de discordance se révèle à une analyse<br />

attentive, en particulier une bizarrerie qui imprègne le discours du<br />

patient. Nous avons eu l’occasion de rencontrer plusieurs de ces cas<br />

mais nous voudrions ici détailler l’un d’entre eux dans la mesure où<br />

des circonstances particulières ont permis d’observer très précisément<br />

le travail déstructurant du processus de la psychose sur le syndrome de<br />

répétition.<br />

Char<strong>les</strong><br />

Char<strong>les</strong> a vingt-trois ans, il est célibataire et vit chez son père à la suite du<br />

divorce de ses parents, travaille comme ouvrier jardinier dans une entreprise<br />

qui répond aux demandes des municipalités de la Région parisienne.<br />

Alors qu’il rentre de son travail, il se trouve dans une rame du RER dans<br />

laquelle explose une bombe. Il reçoit une projection de vis et de boulons qui<br />

lui occasionnent des b<strong>les</strong>sures superficiel<strong>les</strong> et a également <strong>les</strong> tympans<br />

crevés. Il est alors hospitalisé immédiatement en prévision d’une double<br />

tympanoplastie. Après l’opération, il est de plus en plus angoissé et <strong>les</strong><br />

ORL lui proposent une hospitalisation en psychiatrie. A son arrivée dans<br />

le nouveau service l’angoisse est intense et si manifeste qu’on lui prescrit<br />

des doses importantes de neuroleptiques sédatifs. Il parle beaucoup de sa<br />

difficulté à s’empêcher de répondre à ses impulsions suicidaires et demande<br />

à être surveillé.<br />

Dès la première nuit, il a un cauchemar de répétition (ce n’est pas le<br />

premier) qui reproduit tel quel l’attentat que le jeune homme a vécu. Mais,<br />

dès le lendemain, son cauchemar commence à se modifier. L’explosion<br />

de la bombe projette sur lui, non plus des vis et des boulons, mais des<br />

morceaux de chair humaine. Les nuits suivantes, la tranchée du métro<br />

se transforme en un fleuve de sang puis la bombe lui sectionne un bras,<br />

qui tombe sur le plancher de la rame et qui avance lentement vers lui<br />

par reptation des doigts. Habituellement la modification des cauchemars<br />

marque un travail d’élaboration. Ce n’est pas le cas ici où au contraire se<br />

lit un travail de morcellement psychotique. Dès le deuxième jour qui suit son<br />

admission, le patient se voit adjoindre à ses neuroleptiques sédatifs, une<br />

prescription d’antipsychotique à dose élevée. Celle-ci arrête la progression<br />

du processus dissociatif, tout en mettant un terme à ses cauchemars, et,<br />

quelques semaines plus tard, à ses impulsions suicidaires. Il n’empêche que<br />

le patient est entré dans une schizophrénie avec surgissement de temps<br />

à autre d’éléments délirants persécutifs. Il a beaucoup de mal à retrouver<br />

un travail, vit désormais chez sa mère dans une petite ville de province. Il<br />

bénéficie d’un suivi régulier.<br />

Comme on le voit dans ce chapitre, il y aurait lieu de distinguer, selon<br />

le professeur Crocq, <strong>les</strong> troub<strong>les</strong> immédiats des troub<strong>les</strong> précoces, mais<br />

la ligne de partage n’est pas toujours très franche. L’important est de

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