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Traiter les traumatismes psychiques

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L’EFFROI 41<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />

Nous pensons qu’il faut respecter <strong>les</strong> défenses propres du sujet par<br />

rapport à cette expérience extrême qu’il vient de traverser. Dans <strong>les</strong><br />

premiers temps, s’il faut l’inciter à nous parler, à rétablir le primat de la<br />

parole sur l’image, ceci doit se faire sans sollicitations trop pressantes.<br />

Il est souhaitable de le laisser nous dire ce qu’il a envie de nous dire, ce<br />

qu’il se sent prêt à livrer de son vécu.<br />

Il est certain que la méthode du débriefing telle qu’elle est utilisée<br />

dans d’autres pays, souvent très précocement, où <strong>les</strong> sujets sont pressés<br />

d’en dire le plus possible, de relater en détail leurs perceptions,<br />

leurs pensées et leurs émotions, force <strong>les</strong> défenses que le sujet est en<br />

train de mettre en place. Cette façon de procéder va plutôt dans le<br />

sens d’une aggravation des effets de l’effraction qu’elle n’apporte un<br />

apaisement. Elle favorise la répétition au lieu de permettre l’amorce<br />

d’un travail d’élaboration. C’est ce que montrent <strong>les</strong> études qui ont été<br />

faites concernant l’utilité des débriefings qui, à terme, soit ne modifient<br />

pas l’évolution des sujets, soit conduisent à une aggravation (Lebigot,<br />

Damiani et Mathieu, 2001).<br />

Ce n’est que quand <strong>les</strong> sujets ont utilisé avec succès leurs propres<br />

mécanismes de défense, qu’ils ont récupéré une stabilité émotionnelle<br />

durable, qu’un questionnement précis concernant l’événement peut être<br />

entrepris, avec précaution néanmoins.<br />

La pratique montre que c’est rarement dans ces débriefings pratiqués<br />

un peu à distance des faits qu’un récit de l’expérience d’effroi est<br />

recueilli. Plus souvent, c’est au cours du travail psychothérapique que<br />

le sujet éprouve, à un moment ou à un autre, le désir de revenir en détail<br />

sur ce qu’il a vécu à ce moment-là, le récit de l’effroi devenu possible<br />

donne une nouvelle impulsion au travail d’élaboration. Certains sujets<br />

ont d’ailleurs une sorte de perception de la résistance que constitue pour<br />

eux, à ce moment de leur travail psychothérapeutique, le non-souvenir<br />

de ce moment de l’effraction. Il est par ailleurs difficile de juger du<br />

moment opportun pour effectuer un véritable débriefing, qu’il soit individuel<br />

ou collectif.<br />

L’effroi, c’est la confrontation au réel de la mort, au néant, c’est<br />

la perte pour le sujet de sa condition d’homme, c’est-à-dire d’« être<br />

parlant ». Nul ne sort indemne de cette expérience, et <strong>les</strong> praticiens<br />

doivent être suffisamment avertis s’ils veulent aider leurs patients, en<br />

prenant la mesure du caractère indicible de ce qu’ils ont vécu et en<br />

évitant de <strong>les</strong> y confronter trop précocement, à un moment où ils n’ont<br />

pas la possibilité de l’affronter.

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