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Traiter les traumatismes psychiques

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L’EFFROI 37<br />

Ici, la perte de connaissance a recouvert l’expérience d’effroi qui se<br />

voit privée de toute possibilité de retour, même dans la vie onirique ; le<br />

sujet est incapable d’affronter ce qu’elle est : la révélation du réel de la<br />

mort.<br />

D’autres patients, moins complexes que celui-là et peu après l’événement<br />

traumatique, ont présenté cette séquence typique, effroi (dénié ou<br />

non), perte de connaissance mais jamais, nous a-t-il semblé, dans une<br />

situation où le sujet a à faire face à une menace durable ou à la fuir.<br />

En l’absence de lésion physique qui la justifie, la perte de connaissance<br />

pourrait être un moyen de défense contre le face-à-face avec le néant.<br />

La perte de connaissance, surtout quand elle est courte, est plus souvent<br />

observée par un témoin présent que remémorée par le sujet, ou alors<br />

sous la forme d’une brève éclipse de la conscience qui sépare deux<br />

moments facilement repérab<strong>les</strong>. La patiente que nous avons évoquée au<br />

chapitre 1, qui a vu sa sœur décapitée sous ses yeux, a d’abord perdu<br />

connaissance. A son réveil à l’hôpital, elle ne voulait pas croire <strong>les</strong><br />

assurances de son entourage qu’elle était seulement b<strong>les</strong>sée. Puis, même<br />

la lecture du P.V. de la gendarmerie ne lui a pas rendu la mémoire.<br />

Il fallut deux ans pour que l’atroce vérité lui revienne avec tous <strong>les</strong><br />

détails. Dans beaucoup de cas, <strong>les</strong> pertes de connaissance se distinguent<br />

difficilement a posteriori des effets du déni. Ils se traduisent tous deux<br />

alors par un phénomène d’oubli ou d’amnésie.<br />

LA DISSOCIATION PÉRI-TRAUMATIQUE<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />

Des auteurs américains utilisent le concept de « dissociation » pour<br />

décrire le vécu des sujets au moment du traumatisme et tout de suite<br />

après. Le questionnaire des expériences dissociatives de Marmar et<br />

al. comporte dix items censés être la traduction dans la clinique de<br />

la « rupture brutale de l’unité psychique au moment de l’expérience<br />

traumatique ». Utilisé dans une optique prédictive il se montre un<br />

instrument relativement fiable :<br />

« Plus la dissociation péritraumatique est intense, plus le risque de développer<br />

un état de stress post-traumatique ultérieur est sévère. » (Marmar<br />

et al., 1998).<br />

Sa marge d’erreur est aisément compréhensible. Neuf sur dix de ses<br />

items peuvent être retrouvés dans des états d’angoisse aigus, comme il<br />

s’en produit lors d’événements graves ou catastrophiques, sans qu’il y<br />

ait pour autant traumatisme psychique. C’est le cas de ces questions qui<br />

cernent la dépersonnalisation, la déréalisation, <strong>les</strong> troub<strong>les</strong> mnésiques<br />

ou la déstructuration de la conscience. Un seul item, le premier, est à

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