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Traiter les traumatismes psychiques

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LE TRAUMATISME PSYCHIQUE 19<br />

Conditions favorisant la survenue du traumatisme<br />

psychique<br />

Dans la métaphore freudienne de la vésicule vivante, l’effraction de la<br />

membrane protectrice a lieu quand l’événement surprend le sujet en état<br />

de repos. L’effet de surprise et la brutalité du choc permettent l’intrusion<br />

de l’image mortifère. C’est le cas pour <strong>les</strong> civils qui n’envisagent jamais<br />

qu’une mort brutale puisse venir <strong>les</strong> frapper au cœur de leur vie quotidienne<br />

: passagers du métro qui rentrent chez eux après une journée de<br />

travail, automobilistes dans la détente d’un départ en voyage... C’est<br />

aussi le cas des soldats à l’arrière ou en bivouac quand l’attaque <strong>les</strong><br />

surprend dans un lieu où ils se croyaient protégés.<br />

Cependant, une menace directe de mort peut faire effraction dans le<br />

psychisme de personnes prévenues, préparées, ce qui pourrait nuancer<br />

la théorie de Freud sur l’efficacité de la protection fournie par l’angoisse.<br />

En effet, il peut y avoir traumatisme pendant des périodes de<br />

combat où le soldat est anxieux, tendu, son esprit mobilisé à l’extrême.<br />

Il est vrai que dans <strong>les</strong> récits que font <strong>les</strong> militaires après coup, il est<br />

toujours dit que la menace a surgi à un endroit qu’ils n’avaient pas<br />

prévu. Sont également victimes de traumatisme <strong>les</strong> sauveteurs ou <strong>les</strong><br />

médecins, familiarisés, du moins le croient-ils, avec la mort.<br />

On peut citer l’exemple de ce jeune soldat, à Goma, chargé de pelleter des<br />

cadavres. Il en remplissait sa benne et allait <strong>les</strong> jeter dans la fosse commune<br />

creusée par ses camarades. Un jour, alors qu’il lève son chargement avant<br />

de démarrer, la tête d’un ado<strong>les</strong>cent roule et vient le fixer dans <strong>les</strong> yeux.<br />

Ce croisement de regards entre lui et le mort reviendra plus tard dans ses<br />

cauchemars.<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />

Dans ces cas, l’effraction traumatique est survenue avec l’apparition<br />

d’un élément qui va causer un choc brutal. Le traumatisme provient<br />

de la rencontre brusque d’un détail insoutenable qui fait irruption dans<br />

le champ de vision, se surajoutant à l’horreur préexistante, détail dont<br />

l’horreur dépasse en intensité ce que le sujet avait essayé d’anticiper.<br />

L’instant du trauma est en général très bref, il s’agit souvent, comme<br />

on vient de le dire, de la perception d’un détail si insupportable qu’il<br />

ne peut être intégré et devient « ce corps étranger interne ». On repère<br />

facilement dans <strong>les</strong> récits des anciens déportés de camps de concentration<br />

<strong>les</strong> instants, souvent nombreux, toujours très brefs, qui ont fait<br />

traumatisme.<br />

L’un d’eux raconte que, circulant entre <strong>les</strong> baraquements, la veille de Noël,<br />

il avait débouché sur la place du camp où s’élevait le traditionnel sapin :

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