Traiter les traumatismes psychiques
Traiter les traumatismes psychiques
Traiter les traumatismes psychiques
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
LE TRAUMATISME PSYCHIQUE 17<br />
sur la surface polie de son bouclier ; le regard de la méduse ainsi filtrée<br />
lui évitait le face-à-face mortel (Crocq, 2002a). Il en est de même de<br />
l’écran ou de la parole. Ils peuvent montrer la mort, raconter la mort<br />
mais ils ne sont que des médiateurs et non le réel de la mort. Une mère<br />
qui apprend au téléphone la nouvelle de la mort accidentelle de son<br />
fils pourra présenter par la suite des troub<strong>les</strong> <strong>psychiques</strong> graves, mais<br />
jamais de nature traumatique, quand bien même la mort de son fils serait<br />
advenue dans des circonstances particulièrement affreuses.<br />
Nous pouvons aussi citer l’exemple d’une hôtesse de l’air qui avait eu une<br />
expérience traumatique lors de l’un de ses vols. Elle vivait avec une amie et<br />
c’est cette amie qui faisait le plus de cauchemars. En fait, ces cauchemars<br />
étaient des rêves d’angoisse, des constructions fantasmatiques en rapport<br />
avec <strong>les</strong> liens qui unissaient <strong>les</strong> deux femmes.<br />
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
Les constructions fantasmatiques reconstruisent la scène à partir des<br />
représentations mais ne disposent pas d’images du réel : il s’agit là<br />
d’une élaboration verbale, autrement dit, on reste dans le domaine du<br />
langage.<br />
Le trauma par procuration n’existe pas, pas plus que n’existe le<br />
trauma transgénérationnel : la pathologie d’un enfant dont le grand-père<br />
a séjourné dans un camp de concentration et qui rêve de chambre à<br />
gaz ne peut être considérée comme une pathologie traumatique mais<br />
comme le résultat d’une tendresse filiale ou d’un désir d’appartenance<br />
communautaire. Les événements à l’origine de ces troub<strong>les</strong> n’atteignent<br />
le sujet qu’à travers une parole, une pensée, une image interne, c’est-àdire<br />
des phénomènes qui mobilisent <strong>les</strong> représentations. Il n’y a pas là<br />
d’effraction mais seulement la mise à l’épreuve de l’appareil psychique<br />
par des créations fantasmatiques, productrices d’angoisse.<br />
Oublier que le trauma résulte d’une perception, c’est s’exposer à voir<br />
le trauma un peu partout. Ainsi, certaines études épidémiologiques américaines<br />
surestiment considérablement le nombre de rencontres traumatiques<br />
dans la population et de PTSD. La raison en est essentiellement<br />
d’inclure dans leur comptage grand nombre de situations de deuil.<br />
Dans ces cas, <strong>les</strong> rêves d’angoisse sont pris pour des cauchemars de<br />
répétition et le reste de la symptomatologie du PTSD peut effectivement<br />
se rencontrer après la perte d’un être cher.<br />
Tous <strong>les</strong> organes des sens peuvent être à l’origine d’un traumatisme :<br />
la vue le plus souvent, mais aussi l’ouïe (attentats), l’olfaction (odeurs<br />
de cadavres), le toucher, le goût (goût de cyanure) et <strong>les</strong> sensations<br />
proprioceptives.