Traiter les traumatismes psychiques
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222 CONCLUSION<br />
très rare que des entreprises tardives soient rapidement efficaces : nous<br />
en avons cité un cas particulièrement spectaculaire (cf. p. 175).<br />
Troisième constatation, l’importance de la névrose dans l’installation<br />
et la plus ou moins grande sévérité de la névrose traumatique. Les thérapies<br />
brèves ne se font que chez des sujets capab<strong>les</strong> de se débarrasser<br />
de ce morceau d’originaire qu’ils ont inopinément récupéré à l’occasion<br />
de l’effraction traumatique.<br />
Les autres psychothérapies psychodynamiques que nous avons brièvement<br />
présentées — qui ne bénéficiaient ni d’une hospitalisation, ni<br />
d’une prise en charge intensive — nous ont permis de voir comment on<br />
sort du trauma. À chaque fois il s’agissait pour le patient de retrouver<br />
sa position œdipienne, au sens large de son rapport à l’objet primitif de<br />
satisfaction. Si la culpabilité est ici un bon guide c’est que celle qui est<br />
liée à la transgression que réalise le trauma est de même nature que celle<br />
qui est liée aux approximations de la traversée œdipienne.<br />
Enfin nous avons évoqué ces patients qui pour diverses raisons ne se<br />
laisseront pas prendre dans un processus psychodynamique. La relation<br />
transférentielle est de l’ordre de l’idéalisation du thérapeute, ce qui avec<br />
l’appoint de la chimiothérapie permet de pacifier le déchaînement de la<br />
pulsion de mort. Sans compter qu’on ne sait jamais ce que trame en<br />
silence l’inconscient à l’insu du patient et du thérapeute — voir <strong>les</strong> cas<br />
de Julie (cf. p. 173) et de Pierre (cf. p. 197).<br />
Nous voudrions aussi faire une remarque sur l’importance de la<br />
clinique. Celle-ci doit être bien connue du praticien, tant dans ses<br />
expressions sémiologiques observab<strong>les</strong>, que dans ce qu’elle révèle du<br />
processus psychopathologique à l’œuvre chez le patient. C’est son<br />
discours qui en porte le témoignage et il nécessite une écoute attentive,<br />
et parfois des demandes de développements ou de précisions.<br />
Nous terminerons en rendant l’hommage qui leur est dû aux<br />
psychotropes, antidépresseurs, anxiolytiques, parfois anticonvulsivants,<br />
plus rarement neuroleptiques. Mais leur bon usage nécessite d’en bien<br />
connaître <strong>les</strong> effets tels qu’ils se dégagent des études pharmacologiques<br />
<strong>les</strong> plus récentes (Ducrocq, 2005). Il y a en expérimentation des<br />
substances (bêta bloquants) qui, prescrits dans <strong>les</strong> heures qui suivent le<br />
trauma, empêcheraient le développement ultérieur d’un syndrome de<br />
répétition (Vaiva, 2005). Ce pourrait être un progrès du fait que celui-ci<br />
joue un rôle majeur dans l’entretien et l’aggravation de la névrose. Mais<br />
nous n’avons encore jamais vu en psychiatrie de médicaments qui font<br />
plus que s’attaquer aux symptômes. Si ces médications confirment leur<br />
intérêt, <strong>les</strong> psychothérapeutes devront s’adapter à la nouvelle forme que<br />
prendront <strong>les</strong> syndromes psychotraumatiques.