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Traiter les traumatismes psychiques

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QUATRE OBSERVATIONS DE PRISES EN CHARGE 209<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />

Toutefois, il n’oublie pas <strong>les</strong> sévices qu’il a fait endurer à sa sœur<br />

(jusqu’à lui cogner la tête contre un mur) et il remarque que ses<br />

scarifications ne le lavent pas du « mal » dont il est porteur. Dans un<br />

cauchemar de cette période, il retrouve comme une vision « réelle » le<br />

regard de son père, ce regard qui le « glace d’effroi » et le fait hurler<br />

de terreur. Ce qui l’amène à une énigme, la même qui lui a valu son<br />

incarcération : quand il est revenu chez sa mère, son fantasme a vite été<br />

de la tuer avec un couteau et de la découper en petits morceaux, puis<br />

de faire subir le même traitement à sa sœur, enfin de se tuer. Et cela,<br />

dit-il, dans le but d’effacer le mal qu’avait fait son père, en le répétant.<br />

Étrange motivation !<br />

Il n’est pas étonnant qu’il ait été perçu d’abord comme psychotique.<br />

Le trauma mène toujours dans la zone de l’originaire. Et ne pas y rester<br />

immergé, c’est avoir à ce moment-là ce fantasme de faire quelque chose<br />

pour son père. Un élément a ici son importance : lors des scènes de<br />

violence sanglante entre ses parents, sa mère prenait toujours un couteau<br />

pour se défendre. Le retour de ce souvenir souligne à nouveau que<br />

pour Pierre c’est d’elle que vient le danger, danger d’anéantissement<br />

psychique que seul un père pourrait prévenir.<br />

Ce « père », il va l’obliger à se manifester. Il vole son dossier d’hospitalisation,<br />

s’attendant à y trouver la trace écrite de ce que son psychiatre<br />

l’aime. Il détient au contraire la preuve que celui-ci l’a trahi dès le début.<br />

Les mots du vocabulaire psychiatrique claquent comme des injures (en<br />

particulier « pervers polymorphe »). Il exige des explications avec une<br />

véhémence toute paranoïaque. Il refuse d’entendre que son acte porte<br />

atteinte au lien de confiance entre lui et son thérapeute. Son désarroi se<br />

traduit par une nouvelle phlébotomie. Il éprouve après ce geste le besoin<br />

de décrire par le menu <strong>les</strong> pratiques perverses de sa famille d’accueil.<br />

Le pervers, ce n’est pas lui. Dans un rêve, sa mère lui fait une fellation.<br />

Quelques jours plus tard, au téléphone, cette dernière change complètement<br />

son discours habituellement accusateur. Elle se reconnaît<br />

fautive, lui dit « qu’elle était pour quelque chose dans ce qui était arrivé<br />

à ses enfants. » Pierre est très ému, pour la première fois il se met à<br />

pleurer, il se trouve inhumain. Quelque chose d’important s’est passé<br />

pour lui avec cet aveu maternel. Il retrouve des souvenirs de scènes<br />

sexuel<strong>les</strong> entre ses parents, parle de son dégoût de la sexualité, avance<br />

l’hypothèse que c’est sa fascination pour la violence de ses géniteurs<br />

qui lui rend la vie si douloureuse :<br />

« Tous <strong>les</strong> jours je pense au suicide, c’est épuisant. »<br />

Entre morcellement et « lutte première contre <strong>les</strong> fantasmes destructeurs<br />

de la mère »,

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