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Traiter les traumatismes psychiques

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QUATRE OBSERVATIONS DE PRISES EN CHARGE 201<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />

Pour le personnel du service, c’est un patient difficile, qui s’alcoolise<br />

souvent et devient alors agressif, parfois suicidaire, parfois à la limite<br />

du passage à l’acte violent. Lors d’une permission (encore) :<br />

« Je voulais me suicider, j’avais tout prévu. J’ai commencé par brûler<br />

tous mes papiers d’identité, mon diplôme de BEP, tout ce qui porte mon<br />

nom ; avec mon passé, mon présent et mon avenir pourri, il faut du<br />

courage pour vivre, et si je suis toujours vivant à mon âge c’est que j’ai<br />

toujours été sûr de réussir mon suicide. »<br />

Pierre formule alors le même vœu qu’Œdipe, à la fin de sa vie à<br />

Colonne, sur lequel se termine la pièce de Sophocle : « µη ϕùναι »<br />

(« n’être jamais né ») que Lacan (Lacan, 1986) traduit par : « plutôt ne<br />

pas être ».<br />

Le motif de sa TS ? Il ne sait pas qui il est et il porte le nom de<br />

son père : « l’homme le plus pourri qui existe, il buvait, vendait de la<br />

drogue, il se prostituait pour avoir de l’argent et avait plusieurs femmes,<br />

ça me fait horreur d’être de son sang. »<br />

Et il ajoute :<br />

« Je hais <strong>les</strong> Arabes et je porte leur nom. »<br />

Ces paro<strong>les</strong> graves, violentes sont proférées dans une sorte d’indifférence<br />

et ne déclenchent que peu d’émotions.<br />

Dans le service, la majorité des médecins et des infirmiers le considèrent<br />

comme psychotique. L’anxiété massive que l’on devine derrière<br />

son apparente froideur, et qui éclate lorsqu’il est alcoolisé et violent,<br />

et la profondeur de sa détresse incitent à lui prescrire un neuroleptique<br />

sédatif et un antidépresseur. Une procédure d’HDT est prête au cas où le<br />

personnel serait débordé par sa violence qui paraît très menaçante pour<br />

<strong>les</strong> individus qui croisent son chemin. La longueur de l’hospitalisation<br />

est due essentiellement au temps nécessaire à la mise en place d’un stage<br />

professionnel qui lui agrée, qu’il fera en grande partie en étant encore à<br />

l’hôpital, et qui débouche sur un emploi en Écosse. Sa mère refuse de<br />

le reprendre avec elle et lui-même s’oppose à cette solution.<br />

Dans la masse des informations que Pierre livre peu à peu assez<br />

facilement, pour meubler <strong>les</strong> entretiens ou quand il croise un infirmier<br />

qui lui propose de discuter, l’une d’entre el<strong>les</strong> retient notre attention<br />

plus particulièrement. Lorsqu’il avait deux ans et demi, (cet âge, vérifié<br />

beaucoup plus tard sur le dossier de la DASS que le sujet a réussi à<br />

obtenir, est tout à fait probable), il a assisté à une scène violente où son<br />

père hurlait et cognait la tête de sa mère contre le mur de la chambre.<br />

Le sang giclait. Par la suite, là le délai est incertain, l’enfant s’est mis à<br />

avoir des cauchemars répétant la scène, dans <strong>les</strong>quels il apparaissait et

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