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Traiter les traumatismes psychiques

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QUATRE OBSERVATIONS DE PRISES EN CHARGE 193<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />

Beaucoup ont présenté par la suite de séquel<strong>les</strong> psychotraumatiques.<br />

Nous allons présenter ici la prise en charge psychothérapique d’un de<br />

ces patients, originaire d’Afrique du Nord.<br />

Elle montre, s’il était nécessaire, que la différence des cultures<br />

patient-thérapeute n’empêche pas le transfert de s’établir et de produire<br />

ses effets.<br />

Ses effets, dans le cas d’un traumatisme psychique, sont le passage<br />

d’une culpabilité originaire : avoir contemplé ce qu’il ne fallait pas,<br />

le réel de la mort, image désormais à disposition dans l’appareil psychique,<br />

et qui pousse à l’exclusion du sujet du monde des humains.<br />

Passage donc d’une culpabilité originaire à une culpabilité œdipienne<br />

qui permet au sujet de reprendre sa place dans ce monde des humains<br />

grâce à la redécouverte de la participation de chacun à l’histoire du mal.<br />

Point de réel inintégrable dans le symbolique, le trauma n’est pas<br />

curable. La névrose traumatique en revanche peut l’être, lorsque l’événement<br />

traumatique prend la signification d’un châtiment pour une faute<br />

non précisée.<br />

Dans le cas que nous présentons, le sujet est très près de nommer<br />

cette faute, ici un désir incestueux.<br />

Leila est une biologiste algérienne de trente-deux ans, divorcée,<br />

venue en France pour parfaire son cursus universitaire (elle veut s’orienter<br />

vers la recherche) et aussi pour échapper aux pressions familia<strong>les</strong> et<br />

socia<strong>les</strong> quant à son célibat. Son diplôme algérien n’étant pas reconnu,<br />

elle travaille comme assistante dans un laboratoire pour payer ses<br />

études.<br />

En 1995, elle est hospitalisée dans le service de psychiatrie de l’hôpital<br />

de Percy, une semaine après avoir été victime d’un attentat. L’effroi<br />

causé par l’explosion a été immédiatement suivi d’un moment de dépersonnalisation<br />

(« Ce n’est pas moi qui étais présente »). Elle rentre chez<br />

elle aussi vite qu’elle le peut et ce n’est qu’en arrivant qu’elle « réalise »<br />

ce qui s’est passé. Elle a alors une violente réaction émotionnelle.<br />

Depuis, elle ne dort plus, ne mange plus et des cauchemars sont apparus.<br />

Après ce bref récit, ce qu’elle exprime d’abord, c’est de la culpabilité et<br />

de la honte.<br />

Elle s’est mise à penser intensément à ses parents qui, à Alger,<br />

« vivent ça tous <strong>les</strong> jours ». Elle veut dormir, ne plus penser à rien,<br />

ne plus voir surtout <strong>les</strong> images de la télévision qui lui provoquent des<br />

reviviscences.<br />

Leila est la quatrième d’une fratrie de neuf enfants. Dans <strong>les</strong> entretiens,<br />

elle révèle au bout de quelques jours une autre raison de se sentir

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