10.08.2016 Views

Traiter les traumatismes psychiques

Traiter les traumatismes psychiques

Traiter les traumatismes psychiques

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

178 THÉRAPEUTIQUE<br />

Dans le premier entretien l’événement est survolé au niveau des faits,<br />

ou à peine évoqué. Plus tard, en revanche, quand le transfert est installé<br />

(on verra pourquoi ce peut être important dans le second exemple) on<br />

va parfois avoir recours à la technique du débriefing. Soit que c’est<br />

implicitement ce que le patient demande, il s’est produit des choses qui<br />

lui reviennent en mémoire et qui nécessitent de reparcourir <strong>les</strong> faits, <strong>les</strong><br />

émotions, <strong>les</strong> pensées. Soit que le thérapeute juge nécessaire de revenir<br />

au point de départ. Cela peut se faire selon <strong>les</strong> cas de deux façons : fragmentée<br />

en fonction des thèmes abordés, ou d’un seul tenant. Quelque<br />

chose d’important a été occulté, volontairement ou non. Deux exemp<strong>les</strong><br />

vont nous permettre d’illustrer ces « come-back » du débriefing.<br />

Mike<br />

Mike est un professionnel du cinéma. Il doit être né sous une mauvaise<br />

étoile, car à six ans d’intervalle il a subi deux agressions avec revolver sur<br />

<strong>les</strong> tempes ou sur la nuque d’une grande violence. Lors de la première, le<br />

temps de l’effroi est voué à l’image, une brève hallucination : « Je croyais<br />

que j’étais mort et... » il a vu tout devenir rouge, le sol était recouvert d’une<br />

nappe de sang et un corps troué de bal<strong>les</strong> se roulant dedans. Après trois<br />

mois de psychothérapie <strong>les</strong> cauchemars disparaissent, il n’a des « flashs »<br />

que quand il retourne sur <strong>les</strong> lieux de l’événement. Il est vu une heure<br />

deux fois par semaine mais ne raconte que quinze jours après l’avoir fait<br />

le rêve suivant, qui aurait dû être un rêve de fin de traitement, et encore<br />

après y avoir été poussé par une question précise (à un moment où dans<br />

la réalité il avait perdu en une seule soirée plusieurs objets se rapportant à<br />

son travail). Dans son rêve il perd sa camera « ultrasophistiquée ». Ajoutons<br />

enfin qu’enfant (trois ans) il a eu le visage brûlé au troisième degré et<br />

que la cicatrisation ne s’est terminée qu’autour de ses dix-huit ans. Un<br />

symptôme de névrose traumatique demeure tenace qui date de sa première<br />

agression : il sort très peu de chez lui car quand il est dehors, il a un<br />

sentiment de menace diffuse et sent une multitude de regards braqués sur<br />

lui. Il était intéressant de faire une séquence débriefing sur <strong>les</strong> échanges<br />

de regards entre lui et ses divers agresseurs. Cela l’a amené à parler des<br />

regards qui étaient posés sur lui du fait de sa défiguration dans son enfance<br />

et son ado<strong>les</strong>cence, sujet qu’il n’avait jamais pu aborder. Cela l’a amené<br />

aussi à parler du regard « dur » de son père, « un officier de haut rang dans<br />

l’armée », et il associe sur <strong>les</strong> serpents qui fixent leur proie, <strong>les</strong> paralysent<br />

et <strong>les</strong> dévorent. « Si j’avais un regard comme mon père, mes agresseurs<br />

auraient lâché leurs armes et se seraient enfuis. Au lieu de cela je <strong>les</strong> ai<br />

implorés lamentablement de me laisser en vie... J’ai honte. »<br />

Nous retrouverons dans l’observation suivante ce thème de la honte<br />

qui est souvent un point de résistance dans la psychothérapie. Il<br />

« oublie » de venir à la séance suivante, ce qui ne lui est jamais arrivé.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!