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Traiter les traumatismes psychiques

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PSYCHOTHÉRAPIES PSYCHODYNAMIQUES 177<br />

allemands ou viet-minhs, <strong>les</strong> torturés, ceux qui, enfants, ont été victimes<br />

de sévices et <strong>les</strong> otages de longue durée. Outre <strong>les</strong> liens qui peuvent<br />

<strong>les</strong> attacher à un ou plusieurs éventuels <strong>traumatismes</strong>, ils ne peuvent<br />

envisager de « guérir » d’une partie si importante de leur vie, ce qui<br />

signifierait la passer par pertes et profits. Devenus adultes, ces derniers<br />

n’ont pas la même clinique que <strong>les</strong> traumatisés d’âge plus tardif. Il n’est<br />

plus possible ici de parler de névrose traumatique. D’abord supposer<br />

que toute la population d’un camp ou presque est névrotique n’aurait<br />

pas de sens. D’autre part, la structure de la personnalité « antérieure »<br />

n’est pas reconnaissable, car <strong>les</strong> images traumatiques forment dans<br />

l’appareil psychique un bloc trop massif et étendu, mêlé à d’autres<br />

souffrances inoubliab<strong>les</strong>. La symptomatologie aussi est très différente<br />

et nous renvoyons à l’article très complet de Targowla, qui décrivait<br />

un syndrome asthéno-dépressif (Targowla, 1950) des déportés et prisonniers.<br />

Le traitement est difficile et ne touche à peu près jamais au<br />

cœur de la souffrance. Les <strong>traumatismes</strong> eux-mêmes ne sont jamais<br />

décrits et leur simple évocation fait surgir une très grande émotion.<br />

Seule une relation transférentielle de qualité a une petite efficacité, ce<br />

qui suppose de ne pas être insistant pour obtenir un récit des faits.<br />

S’aider d’un accompagnement social et administratif n’est pas inutile,<br />

ainsi que parfois la prescription de psychotropes. Nous n’avons pas eu à<br />

traiter des victimes de la torture, mais F. Sironi semble avoir trouvé un<br />

moyen de contourner <strong>les</strong> obstac<strong>les</strong> que nous évoquions. Les patients ne<br />

sont pas invités à parler d’eux, mais à reconstituer <strong>les</strong> buts profonds de<br />

leurs bourreaux (Sironi, 1999).<br />

Le débriefing différé<br />

© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />

Le débriefing est une méthode de soin conçue pour <strong>les</strong> soins postimmédiats,<br />

et il se révèle une excellente introduction à une éventuelle<br />

psychothérapie à court, moyen ou long terme. Tout ce qui dans l’événement<br />

est utile pour la suite n’y a pas forcément été dit, mais viendra à<br />

son heure dans la succession des entretiens (Lebigot, 2001).<br />

Lorsque la prise en charge a lieu tardivement, il n’est généralement<br />

pas souhaitable de commencer par le débriefing. Ce n’est pas pour<br />

traiter de l’événement que le patient vient nous voir, mais être soulagé<br />

de ses symptômes. Commencer par un questionnement sur ce que justement<br />

il veut oublier est vécu comme agressif, et de toute façon ce n’est<br />

pas sa demande. Celle-ci devra bien sûr évoluer, mais pas forcément<br />

dans ce sens-là.

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