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Traiter les traumatismes psychiques

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160 THÉRAPEUTIQUE<br />

Les pensées sont peut-être ce qu’il y a de plus important dans un<br />

débriefing, mais el<strong>les</strong> ne sont pas toujours faci<strong>les</strong> à retrouver. À chaque<br />

instant de l’événement, une ou plusieurs pensées ont jailli, qui marquent<br />

le passage d’une expérience subie à une expérience pensée et parlée.<br />

Lorsque le débriefing est suivi d’un entretien individuel, certaines de<br />

ces pensées peuvent être le point de départ d’une élaboration de l’événement.<br />

Parfois le sens ultime de ce qui a été ébauché sur le moment<br />

n’apparaît que beaucoup plus tard. Ce qui est le plus courant, c’est que<br />

le travail de pensée amorcé durant la séance se poursuit à l’insu du sujet,<br />

créant des significations qui ôtent aux images leur force destructrice.<br />

Dans certains cas le sujet devra aussi parler de ses sensations corporel<strong>les</strong>,<br />

mais il faut souvent s’abstenir de <strong>les</strong> rechercher, dans le viol par<br />

exemple. Le récit du déroulement de l’événement sera complété par des<br />

questions sur <strong>les</strong> circonstances qui ont amené le sujet à s’y trouver :<br />

était-il volontaire ou non pour participer à cette mission, a-t-il pris la<br />

place d’un camarade, s’attendait-il à quelque chose de dangereux ?...<br />

Les éléments biographiques plus personnels seront plutôt évoqués lors<br />

de l’entretien individuel. Le sujet sera aussi invité à décrire son état<br />

de santé dans <strong>les</strong> jours qui ont suivi, à parler de ses relations avec son<br />

entourage, professionnel ou familial.<br />

Dans <strong>les</strong> débriefings qui fonctionnent bien, le récit fait par l’un est<br />

souvent interrompu par un autre, soit pour exprimer son désaccord,<br />

soit au contraire parce que la formulation du camarade a fait naître<br />

une association d’idées qu’il est impérieux de livrer tout de suite. Ces<br />

entrecroisements entre <strong>les</strong> différents récits sont naturellement à favoriser,<br />

dans la mesure où ce sont eux qui vont faire que, peu à peu, le sujet<br />

ne s’adresse plus au meneur mais au groupe. Le groupe devient le lieu<br />

du transfert et il en tirera ce qui était un des buts de Mitchell : un effet de<br />

cohésion renforcée. Néanmoins le débriefeur a un rôle important, car il<br />

doit veiller à ce que tous ces entrecroisements de paro<strong>les</strong> n’aboutissent<br />

pas à un désordre peu souhaitable ici (alors qu’il n’a aucune incidence<br />

dans un groupe de parole). Il faut que chaque sujet qui parle puisse<br />

aller jusqu’au bout de son récit malgré <strong>les</strong> multip<strong>les</strong> interruptions. Ces<br />

interventions el<strong>les</strong>-mêmes doivent être encouragées à aller jusqu’au<br />

bout de leurs intentions. Cela demande une grande vigilance et c’est une<br />

raison pour qu’il y ait plusieurs débriefeurs afin que l’un des débriefeurs<br />

puisse veiller à ce que chacun ait pu aller jusqu’au bout de ce qu’il avait<br />

à dire. Il faut ajouter que <strong>les</strong> traumatisés, devenus plus que <strong>les</strong> autres très<br />

sensib<strong>les</strong> à la question d’abandon, supportent très mal d’être « laissés en<br />

plan » avec leur discours.

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