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Traiter les traumatismes psychiques

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158 THÉRAPEUTIQUE<br />

qui avaient vécu une situation très difficile par la faute de plusieurs<br />

d’entre eux et qui étaient menacés de sanctions disciplinaires encore<br />

vagues : ils comptaient bien que le prix payé pendant l’événement leur<br />

vaudrait la clémence). Il n’est bien sûr pas question d’accepter un tel<br />

rôle. En outre, la hiérarchie souhaitant être informée de ce qui s’est<br />

dit et désirant savoir si sur un point précis elle a été mise en cause,<br />

peut, elle aussi, exercer une pression sur <strong>les</strong> débriefeurs. Mais dans<br />

ce cas comme dans l’autre, la confidentialité est respectée. Dans la<br />

pratique, cela n’empêche pas <strong>les</strong> débriefeurs de jouer de leur autorité<br />

pour convaincre <strong>les</strong> responsab<strong>les</strong> de s’abstenir de mesures punitives qui<br />

auraient un effet désastreux sur le groupe. Nous n’avons pas d’exemp<strong>les</strong><br />

que cet avis n’ait pas été suivi.<br />

Enfin, rien n’assure a priori que <strong>les</strong> participants, qui ne sont liés par<br />

aucune déontologie, garderont le silence sur <strong>les</strong> paro<strong>les</strong> échangées au<br />

cours de la réunion. En fait, pour l’essentiel — et cela nous l’avons<br />

toujours observé — c’est ce qu’ils font.<br />

Après ces présentations, la première difficulté consiste à faire démarrer<br />

la séance car il faut qu’un des participants accepte de parler le<br />

premier. Il peut arriver qu’un volontaire se présente spontanément ou<br />

que le meneur remarque l’envie de parler d’un des participants, il<br />

suffit alors de lui proposer la parole. Parfois, dans des groupes très<br />

hiérarchisés, il est souhaitable de s’entendre à l’avance avec le plus<br />

gradé en lui expliquant que s’il ne prend pas la parole le premier, <strong>les</strong><br />

autres n’oseront pas le faire. Ainsi dans un groupe isolé, un médecin<br />

qui avait été pris lui-même dans l’action avait dû, devant le silence<br />

des participants, commencer à parler le premier, disant combien il avait<br />

été bouleversé malgré l’habitude que lui avait donnée sa profession de<br />

soigner <strong>les</strong> b<strong>les</strong>sés (Gautier, 1998).<br />

Ce premier récit est généralement rapide, comme si le locuteur avait<br />

hâte d’en finir. Il faut alors intervenir en expliquant que ce n’est pas<br />

de cette manière que l’on va procéder et faire reprendre la narration<br />

pas à pas, parfois fraction de seconde par fraction de seconde, l’interrompant<br />

aussi souvent que cela est nécessaire. Il est effectivement<br />

important que l’événement soit examiné dans ses moindres détails,<br />

naturellement du point de vue de la victime. Ce qui a été dit au cours du<br />

débriefing constituera un socle solide pour <strong>les</strong> constructions langagières<br />

ultérieures, qu’el<strong>les</strong> se fassent à l’abri de l’inconscient, qui n’est jamais<br />

au repos, ou dans une adresse à l’autre, dans une psychothérapie.<br />

L’expérience montre néanmoins qu’il arrive souvent que, si minutieux<br />

que soit ce travail, des zones d’ombre persistent, qui correspondent à<br />

la mise en œuvre du mécanisme de déni (voir chapitre sur l’effroi).

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