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Traiter les traumatismes psychiques

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154 THÉRAPEUTIQUE<br />

connu ses succès en maintenant <strong>les</strong> b<strong>les</strong>sés <strong>psychiques</strong> dans la zone<br />

d’action de leur unité mais à l’abri du danger.<br />

Transposée en milieu civil, la proximité paraît moins impérieuse.<br />

Néanmoins, elle est recherchée quand cela est possible, surtout quand<br />

l’événement possiblement traumatogène est lié à l’activité professionnelle<br />

et que <strong>les</strong> victimes doivent revenir travailler sur <strong>les</strong> lieux mêmes de<br />

l’accident : salle de classe dans une école, bureau assez vaste dans une<br />

banque, salle municipale dans un quartier, etc. Lors d’une explosion<br />

dans un vieil immeuble parisien, dont <strong>les</strong> habitants se connaissaient<br />

bien, le débriefing eut lieu dans le café du coin qui nous avait réservé<br />

un espace isolé des autres consommateurs.<br />

Mais il faut éviter à tout prix que le lieu choisi soit celui où s’est<br />

déroulé l’événement, car cela faciliterait la répétition. Dans la pratique,<br />

à défaut d’une possibilité de respecter ce principe de proximité, <strong>les</strong><br />

débriefings faits à l’hôpital ne nous ont pas posés de problèmes particuliers.<br />

Le moment du débriefing<br />

Cette question est certainement plus importante que la précédente.<br />

On ne peut prendre à la lettre l’immédiateté de Salmon. On a vu que<br />

dans <strong>les</strong> critiques adressées au CISD de Mitchell, certains lui reprochaient<br />

d’exacerber <strong>les</strong> symptômes, exposant le sujet à une nouvelle<br />

violence. Il réalise, s’il est fait trop précocement, une intense « explosure<br />

» à l’expérience traumatisante.<br />

Il est donc important d’attendre que la victime ait retrouvé un équilibre<br />

émotionnel et mis en œuvre ses propres défenses contre <strong>les</strong> images<br />

mortifères auxquel<strong>les</strong> elle a été confrontée. Dans <strong>les</strong> débriefings de<br />

groupe, il est difficile de savoir où chacun en est par rapport à l’événement<br />

qu’il a vécu. Il est donc prudent de se donner un délai raisonnable,<br />

ce qui n’empêche pas de voir en cours de séance l’un ou l’autre<br />

quitter la salle, gagné par une émotion qu’il ne peut maîtriser. Dans<br />

l’armée, la séance de débriefing est toujours annoncée comme n’étant<br />

pas obligatoire. Mais l’armée est une institution où ce genre de propos<br />

est à interpréter au contraire comme une injonction à y être ; mais cela<br />

n’empêche pas certains de se dérober, prétextant que des soldats n’ont<br />

pas besoin de « psy ». Or, l’expérience montre que ceux qui échappent<br />

à la séance sont ceux qui vont aller le plus mal dans <strong>les</strong> jours qui suivent<br />

et cela, non pas parce qu’ils n’ont pas participé au débriefing, mais<br />

parce que plus ébranlés que <strong>les</strong> autres, ils n’auraient pas pu faire face à<br />

une telle séance, et ils l’ont bien senti (Lebigot, 1997b). Dans l’article

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