Traiter les traumatismes psychiques
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LES SOINS POST-IMMÉDIATS (LE DÉBRIEFING) 147<br />
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
Ce qui revient à dire que lors de tel<strong>les</strong> situations, il convient d’adopter<br />
des comportements culturellement prescrits. Au fond, dirions-nous,<br />
ce débriefing se présentait comme une méthode standardisée et facile<br />
d’accès pour répondre adéquatement à la situation. Il évitait d’avoir à<br />
réfléchir sur des pratiques plus personnalisées et visant le long terme,<br />
et d’avoir à mettre en œuvre une politique de soins plus complexe et<br />
peut-être plus coûteuse. Les auteurs cités formulent un autre reproche :<br />
ce débriefing prend indûment la place de projets personnalisés adaptés à<br />
chaque individu. Deahl, Guillham, Thomas (Deahl, Guillham, Thomas<br />
et coll., 1999) portent leur critique sur <strong>les</strong> débriefeurs qui sont ici des<br />
« welfare professionals ». Dans d’autres études prises pour référence, ce<br />
sont des infirmières d’un service de chirurgie qui « opèrent » auprès des<br />
accidentés. Dans le fond, cette polémique ne nous a rien appris qu’on<br />
ne sache déjà et a discrédité une méthode qui ne demandait qu’à être<br />
repensée. Certains des auteurs précités admettent au demeurant que leur<br />
critique porte moins sur le débriefing que sur son emploi : il est fait sans<br />
discernement en raison de la simplicité apparente et trompeuse de la<br />
procédure.<br />
Le résultat de cette disqualification du débriefing, et qui nous paraît<br />
tragique dans certaines situations (le tsunami de décembre 2004 par<br />
exemple ou la prise en charge des victimes des attentats de Londres<br />
en juillet 2005) est que <strong>les</strong> psychiatres britanniques n’organisent pas de<br />
soins immédiats pour leurs ressortissants au moment où ils en auraient<br />
vraiment besoin. Le travail fait par leurs collègues français dans le<br />
cadre du SAMU mondial en Indonésie et au Sri Lanka montre de façon<br />
évidente l’importance qu’il y a à s’occuper des rescapés d’une telle<br />
tragédie. Des publications sont en préparation concernant et le travail<br />
fait sur place et l’accueil à Roissy et <strong>les</strong> prises en charge à moyen terme<br />
de ceux qui en avaient besoin. La précocité des soins et la qualité des<br />
psychiatres ou psychologues qui <strong>les</strong> dispensaient ont eu un effet curatif<br />
(et probablement préventif, ce qui sera tout de même à vérifier) qui,<br />
compte tenu de l’état des victimes au départ, a surpris <strong>les</strong> thérapeutes<br />
eux-mêmes (Baubet, 2005 ; Cremniter, 2005).<br />
LE DÉBRIEFING PRATIQUÉ EN PAYS FRANCOPHONES<br />
Une réflexion préalable s’imposait sur <strong>les</strong> buts assignés au débriefing<br />
et sur <strong>les</strong> moyens de <strong>les</strong> atteindre. En premier lieu, il était nécessaire<br />
d’être bien d’accord sur quelque chose qui ressort de l’évidence : le<br />
débriefing s’adresse avant tout à des personnes qui ont été confrontées