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Traiter les traumatismes psychiques

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146 THÉRAPEUTIQUE<br />

de ce côté-ci de l’Atlantique (mais peut-être avons-nous tort), ils ne<br />

paraissent pas être <strong>les</strong> meilleurs interlocuteurs dans une telle situation.<br />

On voit à travers cet exemple que le dispositif imaginé par Mitchell,<br />

parce qu’il a quelque chose de rassurant pour <strong>les</strong> intervenants, a été<br />

étendu à bien d’autres situations que cel<strong>les</strong> pour <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> il avait été<br />

conçu. En témoignent <strong>les</strong> études prouvant son inefficacité, et même sa<br />

nocivité. Ce dispositif a bien des défauts qui résultent en partie, à notre<br />

avis, de son refus de principe d’accepter qu’il soit un acte thérapeutique<br />

et d’en tirer <strong>les</strong> conséquences. Les débriefeurs se cramponnent à leur<br />

rôle de pédagogues bienveillants. Ils peuvent heureusement, on l’a vu,<br />

être débordés par la situation et l’accepter. Ainsi ont-ils une chance que<br />

ce qu’ils n’avaient ni prévu ni voulu arrive, à savoir que <strong>les</strong> perceptions,<br />

<strong>les</strong> émotions et <strong>les</strong> pensées puissent trouver à se lier. Il n’en reste pas<br />

moins que le texte de Mitchell est d’une grande richesse et mérite d’être<br />

lu attentivement, avec un regard critique bien entendu. Il fourmille<br />

d’indications précieuses, en particulier sur ce qui fait, dans la pratique,<br />

notre faib<strong>les</strong>se à nous Français : la préparation de l’intervention, que<br />

nous négligeons si souvent, et <strong>les</strong> actions post-débriefing, qui chez nous<br />

peuvent être totalement absentes.<br />

Polémique actuelle<br />

Nous avons déjà fait allusion à la polémique développée à propos<br />

du débriefing. Ces critiques ont commencé à paraître sous des plumes<br />

autorisées dès 1995. C’est à peu près à ce moment-là que <strong>les</strong> Français<br />

reprennent la méthode pour leur propre compte et que son usage se<br />

répand dans notre pays. Nous l’avons vu, ces critiques sont probablement<br />

injustes si el<strong>les</strong> visent le débriefing de Mitchell stricto sensu. El<strong>les</strong><br />

ne manquent cependant pas de pertinence par rapport à certains de ses<br />

aspects mais el<strong>les</strong> ne vont jamais à l’essentiel qui est ce parti pris pédagogique<br />

qui imprègne le CISD, son but normatif et l’impossibilité qu’il<br />

instaure de lier dans une parole créatrice, faits, pensées et émotions.<br />

Quelques-unes des critiques formulées à l’encontre du débriefing de<br />

Mitchell le furent par des auteurs anglo-saxons.<br />

B. Raphaël, L. Medrun et A.C. Mac Farlane (Raphaël, Medrun, Mac<br />

Farlane, 1995) s’interrogent sur la raison de l’engouement pour cette<br />

méthode et émettent l’hypothèse qu’elle avait répondu à trois exigences<br />

:<br />

« Le besoin chez <strong>les</strong> non impliqués de lutter contre leur désespoir et leur<br />

culpabilité de survivants, le besoin des rescapés de parler, enfin, pour <strong>les</strong><br />

responsab<strong>les</strong>, le besoin de se montrer concernés et affectés. »

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