Traiter les traumatismes psychiques
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LES SOINS POST-IMMÉDIATS (LE DÉBRIEFING) 139<br />
proprement dit, marque une nette préférence pour le mode « éducationnel<br />
». Il prend ainsi moins le risque qu’un exercice de parole trop<br />
précoce sur l’événement n’aggrave la déstabilisation des participants.<br />
En outre, la dernière phase de l’intervention est considérée comme très<br />
importante. Ces multip<strong>les</strong> rencontres qui ont lieu après le débriefing<br />
sont indispensab<strong>les</strong> pour compléter l’action de celui-ci et ne pas laisser<br />
<strong>les</strong> victimes en suspens dans quelque chose d’inachevé. Il semble que<br />
Sokol ait ressenti le besoin de ménager « un temps pour conclure »,<br />
ce qui est exactement notre position, avec, il est vrai, une technique<br />
différente.<br />
LE DÉBRIEFING DE MITCHELL<br />
© Dunod – La photocopie non autorisée est un délit<br />
Nous nous attarderons plus longtemps sur le débriefing de Mitchell<br />
pour plusieurs raisons. La première, c’est qu’il a servi de modèle à<br />
la plupart des débriefings effectués en milieu civil et militaire dans la<br />
plupart des pays occidentaux. Et lorsqu’on parle sans plus de précision<br />
de débriefing, c’est à celui-là qu’on pense aujourd’hui. La deuxième<br />
raison, c’est qu’il a fait l’objet de violentes critiques qui se sont faites à<br />
partir de « méta-analyses » scientifiques qui ont abouti à la conclusion<br />
que le débriefing n’améliorait pas l’état du sujet, à moyen ou long terme,<br />
et que même parfois il l’aggravait. La troisième raison justifiant une<br />
étude plus poussée du débriefing de Mitchell est que <strong>les</strong> remarques et<br />
<strong>les</strong> évaluations portant sur son efficacité sont faites à partir de pratiques<br />
qui ne sont jamais complètement explicitées et qui donnent l’impression<br />
d’avoir peu de rapport avec la complexité du dispositif et du protocole<br />
imaginés par Mitchell. Sa méthode telle qu’il l’a décrite en 1995 est<br />
beaucoup plus élaborée qu’on ne le croit généralement et possède une<br />
cohérence interne intéressante. Si en France nous nous sommes démarqués<br />
du débriefing de Mitchell sur certains points qui nous paraissaient<br />
aller à l’encontre d’une visée thérapeutique, nous nous sommes en<br />
revanche inspirés globalement de sa rigueur méthodologique et de son<br />
souci de mener l’action entreprise jusqu’à son terme.<br />
Dans son article de 1995, duquel seront tirées toutes <strong>les</strong> citations qui<br />
lui sont rapportées (Mitchell, 1995), il traite de front deux techniques<br />
différentes et qui s’appliquent à des situations différentes : le débriefing<br />
collectif pour <strong>les</strong> équipes de sauveteurs et <strong>les</strong> « interventions dans la<br />
communauté » qui concerne le civil. Pour la clarté de l’exposé, nous <strong>les</strong><br />
examinerons séparément en commençant par le CISD (Critical Incident<br />
Stress Debriefing).