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Traiter les traumatismes psychiques

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128 THÉRAPEUTIQUE<br />

<strong>les</strong> soldats rentrent à leur base après un événement particulièrement<br />

critique, celui-ci n’est parfois que brièvement évoqué avec le ou <strong>les</strong><br />

militaires concernés, avec généralement la mention que « ç’aurait pu<br />

être pire » (s’ils avaient été tués par exemple). Puis la section reprend<br />

ses activités, tel<strong>les</strong> que prévues. Chacun des soldats se trouve alors<br />

dans une grande solitude par rapport à ses camarades et <strong>les</strong> effets du<br />

trauma se feront sentir plus tard avec une force ravageuse. La pratique<br />

récente d’accueillir <strong>les</strong> militaires au retour de l’accident ou de la mission<br />

mortelle (il peut y avoir des tués dans le groupe) change considérablement<br />

leur devenir. Un psychiatre, un infirmier ou même, depuis peu,<br />

un médecin <strong>les</strong> interroge sur ce qu’ils ont vécu et nouent avec eux une<br />

relation prévue pour durer plusieurs jours si nécessaire. Mais ce qui<br />

change aussi c’est l’attitude des camarades : à la pudeur traditionnelle<br />

fait place un accueil qui sollicite un récit. Cela ne veut pas dire qu’il<br />

n’apparaîtra pas, à un moment ou à un autre, un syndrome de répétition,<br />

mais cela veut dire que le sujet saura qu’il n’est pas sans recours dans<br />

sa communauté d’appartenance. Nous croyons aussi que la force de<br />

déclenchement des symptômes spécifiques sera moindre.<br />

Dans le civil on a d’autres indices de l’effet de cet accueil immédiat.<br />

Un passager du RER, par exemple, qui sort d’un attentat et rentre<br />

directement chez lui, n’éprouvera aucune envie de raconter son histoire<br />

autrement que d’une façon concise et factuelle à sa famille. Celle-ci<br />

respectera son silence, mais <strong>les</strong> jours et <strong>les</strong> semaines passant, un malentendu<br />

va s’installer entre celui qui souffre en silence et l’entourage qui<br />

supporte de moins en moins bien l’isolement du sujet, son irritabilité,<br />

son mutisme, etc. Si un accueil a eu lieu au sortir de la bouche de métro,<br />

si le sujet a déjà été sollicité à parler de l’expérience qu’il vient de vivre,<br />

ou même s’il a seulement entendu d’autres passagers le faire, il sera<br />

plus enclin à raconter chez lui l’épreuve qu’il a traversée et à tenter de<br />

partager au moins cette partie de la souffrance qui est communicable.<br />

La fonction d’interlocution<br />

L’effroi est un moment de silence, de blanc, d’absence de mots.<br />

Il ne peut être dit, mis en paro<strong>les</strong>, car aucune parole ne peut dire le<br />

néant. Celui qui sort d’une telle expérience est immédiatement assuré<br />

qu’elle est incommunicable et que, pour cette raison, personne ne peut<br />

le comprendre. Il n’imagine aucune interlocution possible. Il a vécu<br />

quelque chose qui le différencie radicalement de ses semblab<strong>les</strong> et qui<br />

constitue un obstacle à toute relation langagière avec eux.<br />

Sachant cela, mais n’en sachant pas plus, le « psy » va néanmoins<br />

aborder la victime, lui parler, la toucher, entrer avec elle en relation

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