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Traiter les traumatismes psychiques

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100 CLINIQUE<br />

au traumatisme psychique. Dans le même temps, le plus influent d’entre<br />

eux, la télévision, se débarrasse de la tutelle de l’État et s’efforce de<br />

combler <strong>les</strong> attentes du public : la manière de traiter <strong>les</strong> événements, par<br />

exemple <strong>les</strong> faits divers et <strong>les</strong> catastrophes collectives, va se modifier.<br />

Ces changements vont avoir un impact sur nos patients. Nous avons vu<br />

qu’ils ne pouvaient trouver à l’intérieur d’eux-mêmes un mécanisme<br />

capable de « traiter » la scène qui a fait effraction. Peu à peu ils vont<br />

être confrontés, dans le monde, à des images et des informations qui<br />

vont s’adresser directement à ce « corps étranger interne ».<br />

Avant d’examiner l’impact des médias sur ces patients, nous rappellerons<br />

ce qu’est une névrose traumatique et comment ils évoluent.<br />

Puis nous verrons <strong>les</strong> modes habituels d’engagement dans un processus<br />

thérapeutique. Ce sont <strong>les</strong> deux points sur <strong>les</strong>quels il nous faudra juger<br />

de l’influence de la médiatisation. Enfin, nous terminerons sur une<br />

question : le corps médical en France est-il prêt à accompagner <strong>les</strong><br />

évolutions qui se dessinent ?<br />

Depuis quelques années, une pratique s’est instaurée dans le civil et<br />

dans l’armée : l’intervention immédiate, sur <strong>les</strong> lieux du drame, ou dans<br />

<strong>les</strong> deux-trois jours qui suivent (Lebigot, 1998).<br />

Il a été reproché à la « cellule d’urgence médicopsychologique » (cf.<br />

infra) d’intervenir auprès des victimes sans attendre qu’une demande<br />

de soins soit énoncée. L’expérience montre qu’au sortir d’un traumatisme<br />

psychique le sujet n’imagine aucune interlocution possible pour<br />

l’horreur qu’il a traversée, pas même avec ses proches. Il ne sait que<br />

faire de ce réel de la mort qui a fait effraction en son intimité. L’enjeu<br />

d’une rencontre à ce moment-là est plutôt de prévention, mais elle<br />

peut constituer aussi le premier temps d’un soin à venir. Pour le sujet<br />

s’ouvre un espace pour la parole, alors qu’il part d’une position du<br />

type : « Personne ne peut me comprendre. » Sollicité, il se met à dire,<br />

à tenter d’expliquer ce qui lui est arrivé, et finalement à exprimer sa<br />

surprise de s’être senti « écouté ». L’événement l’a plongé dans ce que<br />

Lacan appelle une « inhumaine solitude », parce que dans le moment<br />

de l’effroi le langage l’a abandonné. La rencontre qui lui est proposée<br />

lui permet de revenir dans la « communauté des vivants » (Daligand,<br />

Cardona, 1996).<br />

Pour certains, cette rencontre sera la seule. Elle a pour effet le plus<br />

visible de leur permettre d’aborder avec leur entourage l’enfer qu’ils ont<br />

traversé et, sans qu’ils en soient nécessairement conscients, de mettre en<br />

mouvement le travail associatif, d’autres entretiens n’étant pas ressentis<br />

comme nécessaires. Pour d’autres, surtout si apparaît le syndrome de<br />

répétition, il se révèle que la marque traumatique et ce qu’elle a réveillé

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