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Traiter les traumatismes psychiques

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84 CLINIQUE<br />

considérer comme faisant partie du syndrome de répétition des phénomènes<br />

qui n’apparaissent pas être la pleine reproduction d’une situation<br />

vécue, mais qui sont seulement en lien direct avec la pure violence qui<br />

la caractérisait. La réaction de sursaut, assez banale, en est l’illustration<br />

la mieux connue. Le patient réagit à un stimulus sensitif ou sensoriel<br />

inattendu comme à l’annonce d’une menace vitale. Mais on rencontre<br />

aussi, plus rarement, des états où le sujet se trouve brutalement sous<br />

l’emprise de la pulsion de mort, avec ce qu’elle a d’aveugle. Il est<br />

probable qu’un certain nombre de crimes sont commis dans cet état-là,<br />

et des experts psychiatres informés en psychotraumatologie pourraient<br />

nous en fournir des exemp<strong>les</strong>.<br />

Dans notre pratique clinique, nous voyons des sujets qui savent que<br />

dans certaines circonstances, ou même sans que rien ne le laisse prévoir,<br />

ils peuvent soudainement être submergés par leur propre violence. Le<br />

plus souvent d’ailleurs, ce qu’ils craignent c’est de retourner contre<br />

eux-mêmes cette violence (on sait que le taux de suicide est élevé dans<br />

la population des névroses traumatiques). Dans ces cas, ce n’est pas une<br />

raison toujours suffisante à leurs yeux pour consulter un psychiatre. En<br />

revanche, s’ils pressentent qu’ils pourraient devenir des meurtriers, ils<br />

feront souvent cette démarche.<br />

Nous allons relater un de nos cas susceptib<strong>les</strong> d’illustrer cette problématique.<br />

Nous l’avons choisi parce qu’il est exemplaire à plus d’un titre<br />

et montre combien le concept de névrose traumatique est plus adéquat<br />

que celui de Post-Traumatic Stress Disorder pour rendre compte des<br />

effets du trauma.<br />

Frédéric<br />

Frédéric est un brigadier chef de trente-cinq ans qui est adressé en consultation<br />

(avec souhait d’hospitalisation) à sa demande par son médecin<br />

d’unité. « Je ne sais plus où j’en suis », dit-il. Depuis quelques mois, il a<br />

des accès brusques de tension intérieure qui durent dix minutes environ,<br />

au cours desquels il a le sentiment qu’il pourrait faire vraiment du mal à<br />

quelqu’un. Ces crises se rapprochent et il sent venir le drame. Par exemple,<br />

il ne porte jamais de couteau sur lui, et lorsqu’il sent la tension monter, il<br />

cherche immédiatement un endroit où être seul.<br />

À son grand soulagement, il est hospitalisé et nous avons des entretiens<br />

quotidiens. Le neurologue de l’hôpital fait faire un bilan de comitialité qui<br />

s’avérera négatif.<br />

Ses crises ne datent pas d’aujourd’hui et ont été dans le passé beaucoup<br />

plus rares, mais certaines sont restées pour lui mémorab<strong>les</strong>, en particulier<br />

dans <strong>les</strong> mois qui ont suivi son retour des charniers de Goma, au Zaïre<br />

(nous en reparlerons). Un jour qu’il fait un stage de conduite des véhicu<strong>les</strong><br />

de l’avant blindés, il a l’impulsion subite de foncer sur la voiture qui vient

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