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Sigmund Freud..Le Moi et le ça

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<strong>Sigmund</strong> <strong>Freud</strong>, “ <strong>Le</strong> moi <strong>et</strong> <strong>le</strong> ça ” (1923) 39<br />

Il est hors de doute que, chez ces personnes, quelque chose s'oppose à <strong>le</strong>ur<br />

rétablissement, dont l'approche est redouté comme un danger. On dit que,<br />

chez el<strong>le</strong>s, prédomine, non la volonté de guérir, mais <strong>le</strong> besoin d'être malade.<br />

Lorsqu'on analyse c<strong>et</strong>te résistance par <strong>le</strong>s moyens habituels, lorsqu'on en<br />

dissocie l'attitude de provocation à l'égard du médecin <strong>et</strong> la fixation à tel<strong>le</strong>s ou<br />

tel<strong>le</strong>s formes d'aggravation morbide, on constate que ce qui subsiste constitue<br />

l'obstac<strong>le</strong> <strong>le</strong> plus puissant au rétablissement, plus puissant que ceux représentés<br />

par <strong>le</strong> narcissisme réfractaire, par l'attitude négative à l'égard du médecin<br />

<strong>et</strong> par <strong>le</strong> désir du malade d'obtenir une aggravation de son état.<br />

On constate notamment qu'il s'agit d'un facteur pour ainsi dire « moral »,<br />

d'un sentiment de culpabilité qui trouve sa satisfaction dans la maladie <strong>et</strong> ne<br />

veut pas renoncer au châtiment représenté par la souffrance. Constatation peu<br />

consolante, mais devant laquel<strong>le</strong> il faut s'incliner. Pour <strong>le</strong> malade cependant<br />

ce sentiment de culpabilité reste mu<strong>et</strong>, il ne lui dit pas qu'il est coupab<strong>le</strong>; <strong>et</strong><br />

lui-même se sent, non coupab<strong>le</strong>, mais malade. Ce sentiment se manifeste seu<strong>le</strong>ment<br />

sous la forme d'une résistance, diffici<strong>le</strong> à vaincre, au rétablissement. Il<br />

est non moins diffici<strong>le</strong> de convaincre <strong>le</strong> malade que tel<strong>le</strong> est la véritab<strong>le</strong> raison<br />

de sa résistance ; il s'en tiendra plutôt à l'explication qui se présente plus<br />

naturel<strong>le</strong>ment à son esprit, à savoir que <strong>le</strong> traitement analytique n'est pas celui<br />

dont il puisse attendre la guérison 1 .<br />

La description que nous venons de donner s'applique aux cas <strong>le</strong>s plus<br />

extrêmes, mais probab<strong>le</strong>ment aussi, dans une mesure plus atténuée, à beaucoup<br />

de névroses, peut-être à toutes <strong>le</strong>s névroses graves. On peut même se<br />

demander si ce n'est pas ce facteur, c'est-à-dire la manière dont se comporte <strong>le</strong><br />

<strong>Moi</strong> idéal, qui joue un rô<strong>le</strong> décisif dans la gravité plus ou moins grande d'une<br />

affection névrotique. Aussi croyons-nous devoir ajouter quelques remarques<br />

au suj<strong>et</strong> de la manifestation du sentiment de culpabilité dans des circonstances<br />

diverses.<br />

1 Il n'est pas faci<strong>le</strong> à l'analyste de lutter contre l'obstac<strong>le</strong> représenté par <strong>le</strong> sentiment de<br />

culpabilité inconscient. Nous n'avons aucun moyen direct de <strong>le</strong> combattre ; <strong>et</strong> quant aux<br />

moyens indirects, nous ne disposons que de celui qui consiste à m<strong>et</strong>tre au jour, progressivement,<br />

ses raisons inconscientes refoulées <strong>et</strong> à <strong>le</strong> transformer ainsi peu à peu en un<br />

sentiment de culpabilité conscient. Ou a une chance particulière de réussir dans <strong>le</strong>s cas où<br />

il s'agit d'un sentiment de culpabilité inconscient qui est emprunté, c'est-à-dire qui résulte<br />

d'une identification avec une autre personne qui fut jadis l'obj<strong>et</strong> d'une fixation érotique.<br />

<strong>Le</strong> sentiment de culpabilité, ainsi emprunté, constitue souvent <strong>le</strong> seul reste, diffici<strong>le</strong>ment<br />

reconnaissab<strong>le</strong>, des rapports amoureux abandonnés. L'analogie avec ce qui se passe dans<br />

la mélancolie est ici évidente. Lorsqu'on réussit à découvrir, sous <strong>le</strong> sentiment de<br />

culpabilité inconscient, c<strong>et</strong>te ancienne fixation érotique, la tâche thérapeutique se trouve<br />

souvent résolue d'une façon brillante ; dans <strong>le</strong> cas contraire, <strong>le</strong> résultat des efforts<br />

thérapeutiques reste très incertain. Il dépend, en premier lieu, de l'intensité du sentiment<br />

de culpabilité, à laquel<strong>le</strong> la thérapeutique est souvent incapab<strong>le</strong> d'opposer une force du<br />

même ordre de grandeur. Il dépend peut-être aussi de la personne de l'analyste, c'est à-<br />

dire du fait de savoir si c<strong>et</strong>te personne est tel<strong>le</strong> que <strong>le</strong> malade puisse la m<strong>et</strong>tre à la place<br />

de son <strong>Moi</strong> idéal ; ce qui, dans l'affirmative, implique de la part du médecin la tentation<br />

d'assumer <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de prophète, de sauveur d'âmes. Or, comme <strong>le</strong>s règ<strong>le</strong>s de l'analyse<br />

s'opposent rigoureusement à une pareil<strong>le</strong> utilisation de la personnalité du médecin, nous<br />

devons avouer loya<strong>le</strong>ment qu'il y a là un obstac<strong>le</strong> de plus à l'action de l'analyse dont <strong>le</strong><br />

but consiste, non à rendre <strong>le</strong>s réactions morbides impossib<strong>le</strong>s, mais à donner au <strong>Moi</strong> la<br />

liberté de se décider dans un sens ou dans un autre.

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