10.08.2016 Views

Sigmund Freud..Le Moi et le ça

Sigmund Freud..Le Moi et le ça

Sigmund Freud..Le Moi et le ça

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

<strong>Sigmund</strong> <strong>Freud</strong>, “ <strong>Le</strong> moi <strong>et</strong> <strong>le</strong> ça ” (1923) 27<br />

<strong>Moi</strong> s'oppose à lui, en tant que chargé des pouvoirs du monde intérieur, du<br />

Ça. Et nous devons nous attendre à ce que <strong>le</strong>s conflits entre <strong>le</strong> <strong>Moi</strong> <strong>et</strong> l'idéal<br />

reflètent, en dernière analyse, l'opposition qui existe entre <strong>le</strong> monde extérieur<br />

<strong>et</strong> <strong>le</strong> monde psychique.<br />

Ce que la biologie <strong>et</strong> <strong>le</strong>s destinées de l'espèce humaine ont déposé dans <strong>le</strong><br />

Ça, est repris, par l'intermédiaire de la formation idéa<strong>le</strong>, par <strong>le</strong> <strong>Moi</strong> <strong>et</strong> revécu<br />

par lui à titre individuel. Étant donné son histoire, son mode de formation, <strong>le</strong><br />

<strong>Moi</strong> idéal présente <strong>le</strong>s rapports <strong>le</strong>s plus intimes <strong>et</strong> <strong>le</strong>s plus étroits avec<br />

l'acquisition phylogénique, avec l'héritage archaïque de l'individu. Ce qui fait<br />

partie des couches <strong>le</strong>s plus profondes de la vie psychique individuel<strong>le</strong> devient,<br />

grâce à la formation du <strong>Moi</strong> idéal, ce qu'il y a de plus é<strong>le</strong>vé dans l'âme humaine,<br />

à l'échel<strong>le</strong> de nos va<strong>le</strong>urs courantes. Mais on tenterait en vain de localiser<br />

<strong>le</strong> <strong>Moi</strong> idéal de la même manière dont on localise <strong>le</strong> <strong>Moi</strong> tout court ou de <strong>le</strong><br />

plier à l'une des comparaisons par <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s nous avons essayé d'illustrer <strong>le</strong>s<br />

rapports entre <strong>le</strong> <strong>Moi</strong> <strong>et</strong> <strong>le</strong> Ça.<br />

Il est faci<strong>le</strong> de montrer que <strong>le</strong> <strong>Moi</strong> idéal satisfait à toutes <strong>le</strong>s conditions<br />

auxquel<strong>le</strong>s doit satisfaire l'essence supérieure de l'homme. En tant que formation<br />

substitutive de la passion pour <strong>le</strong> père, il contient <strong>le</strong> germe d'où sont nées<br />

toutes <strong>le</strong>s religions. En mesurant la distance qui sépare son <strong>Moi</strong> du <strong>Moi</strong> idéal,<br />

l'homme éprouve ce sentiment d'humilité religieuse qui fait partie intégrante<br />

de toute foi ardente <strong>et</strong> passionnée. Au cours du développement ultérieur, <strong>le</strong><br />

rô<strong>le</strong> du père avait été assumé par des maîtres <strong>et</strong> des autorités dont <strong>le</strong>s commandements<br />

<strong>et</strong> prohibitions ont gardé toute <strong>le</strong>ur force dans <strong>le</strong> <strong>Moi</strong> idéal <strong>et</strong><br />

exercent, sous la forme de scrupu<strong>le</strong>s de conscience, la censure mora<strong>le</strong>. La<br />

distance qui existe entre <strong>le</strong>s exigences de la conscience mora<strong>le</strong> <strong>et</strong> <strong>le</strong>s manifestations<br />

du <strong>Moi</strong> fait naître <strong>le</strong> sentiment de culpabilité. <strong>Le</strong>s sentiments sociaux<br />

reposent sur des identifications avec d'autres membres de la col<strong>le</strong>ctivité ayant<br />

<strong>le</strong> même <strong>Moi</strong> idéal.<br />

La religion, la mora<strong>le</strong>, <strong>le</strong> sentiment social, ces trois éléments fondamentaux<br />

de l'essence la plus é<strong>le</strong>vée de l'homme 1 , ne formaient au début qu'un tout<br />

indivisib<strong>le</strong>. D'après l'hypothèse que nous avons formulée dans Totem <strong>et</strong><br />

Tabou, ces trois éléments ont été acquis, au cours de l'évolution phylogénique,<br />

à la faveur du comp<strong>le</strong>xe paternel : la religion <strong>et</strong> <strong>le</strong>s restrictions mora<strong>le</strong>s, à la<br />

suite de la victoire remportée sur <strong>le</strong> Comp<strong>le</strong>xe d’Oedipe; <strong>le</strong>s sentiments sociaux,<br />

en présence de la nécessité de surmonter <strong>le</strong>s restes de la rivalité qui<br />

existait entre <strong>le</strong>s membres de la jeune génération. Dans toutes ces acquisitions<br />

mora<strong>le</strong>s, ce sont, semb<strong>le</strong>-t-il, <strong>le</strong>s hommes qui ont frayé la voie, <strong>et</strong> c'est à la<br />

suite d'une hérédité croisée qu'el<strong>le</strong>s seraient devenues éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> patrimoine<br />

des femmes. De nos jours encore, <strong>le</strong>s sentiments sociaux représentent une<br />

super-structure qui s'élève au-dessus des penchants de rivalité jalouse à l'égard<br />

des frères <strong>et</strong> sœurs. L'hostilité ne pouvant pas être satisfaite, il se produit à sa<br />

place une identification avec celui qui était primitivement un rival. Des<br />

observations faites sur des homosexuels atténués confirment la manière de<br />

1 Nous laissons ici de côté la science <strong>et</strong> l'art.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!