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Sigmund Freud..Le Moi et le ça

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<strong>Sigmund</strong> <strong>Freud</strong>, “ <strong>Le</strong> moi <strong>et</strong> <strong>le</strong> ça ” (1923) 24<br />

Lors de la destruction du Comp<strong>le</strong>xe d’Oedipe, l'enfant est obligé de renoncer<br />

à prendre la mère pour obj<strong>et</strong> libidinal. Deux éventualités peuvent alors se<br />

produire : ou une identification avec la mère, ou un renforcement de l'identification<br />

avec <strong>le</strong> père. C'est c<strong>et</strong>te dernière éventualité que nous considérons<br />

généra<strong>le</strong>ment comme norma<strong>le</strong> ; el<strong>le</strong> perm<strong>et</strong> à l'enfant de conserver, jusqu'à un<br />

certain degré, l'attitude de tendresse à l'égard de la mère. A la suite de la disparition<br />

du Comp<strong>le</strong>xe d’Oedipe, la partie masculine du caractère du p<strong>et</strong>it<br />

garçon se trouverait ainsi consolidée. De même, la p<strong>et</strong>ite fil<strong>le</strong> peut être amenée,<br />

à la suite de la destruction du Comp<strong>le</strong>xe d’Oedipe, à s'identifier avec la<br />

mère (<strong>et</strong> si c<strong>et</strong>te identification existait déjà, el<strong>le</strong> subit un renforcement), ce qui<br />

a pour eff<strong>et</strong> l'affermissement de la partie féminine de son caractère.<br />

Ces identifications ne répondent pas du tout à notre attente, parce qu'el<strong>le</strong>s<br />

ne consistent pas dans l'absorption par <strong>le</strong> <strong>Moi</strong> de l'obj<strong>et</strong> auquel on a renoncé ;<br />

mais c<strong>et</strong>te variété d'identification s'observe éga<strong>le</strong>ment, plus souvent, il est<br />

vrai, chez <strong>le</strong>s p<strong>et</strong>ites fil<strong>le</strong>s que chez <strong>le</strong>s p<strong>et</strong>its garçons. On apprend souvent, au<br />

cours d'une analyse, que la p<strong>et</strong>ite fil<strong>le</strong>, après avoir été obligée de renoncer au<br />

père, en tant qu'obj<strong>et</strong> de penchant amoureux, érige sa masculinité en idéal <strong>et</strong><br />

s'identifie, non avec la mère, mais avec <strong>le</strong> père, c'est-à-dire avec l'obj<strong>et</strong> qui est<br />

perdu pour son amour. Cela dépend évidemment du degré de développement<br />

de ses propres dispositions masculines, quel<strong>le</strong> que soit d'ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong>ur nature.<br />

Il semb<strong>le</strong> donc que l'identification avec <strong>le</strong> père ou avec la mère, à la suite<br />

de la destruction du Comp<strong>le</strong>xe d’Oedipe, dépende, dans <strong>le</strong>s deux sexes, de la<br />

force relative des dispositions sexuel<strong>le</strong>s chez l'un <strong>et</strong> chez l'autre. Tel est <strong>le</strong><br />

premier aspect sous <strong>le</strong>quel la bisexualité se manifeste <strong>et</strong> intervient dans <strong>le</strong>s<br />

destinées du Comp<strong>le</strong>xe d’Oedipe. Mais el<strong>le</strong> se manifeste encore sous un autre<br />

aspect, beaucoup plus significatif. On a notamment l'impression que <strong>le</strong><br />

Comp<strong>le</strong>xe d’Oedipe simp<strong>le</strong> n'est pas celui qui s'observe <strong>le</strong> plus fréquemment,<br />

mais qu'il correspond à une simplification <strong>et</strong> schématisation voulue qui, dans<br />

beaucoup de cas, trouve d'ail<strong>le</strong>urs sa justification dans des raisons d'ordre<br />

pratique. Une recherche plus approfondie perm<strong>et</strong> <strong>le</strong> plus souvent de découvrir<br />

<strong>le</strong> Comp<strong>le</strong>xe d’Oedipe sous une forme plus complète, sous une forme doub<strong>le</strong>,<br />

à la fois positive <strong>et</strong> négative, en rapport avec la bisexualité originel<strong>le</strong> de<br />

l'enfant : nous voulons dire par là que <strong>le</strong> p<strong>et</strong>it garçon n'observe pas seu<strong>le</strong>ment<br />

une attitude ambiva<strong>le</strong>nte à l'égard du père <strong>et</strong> une attitude de tendresse libidina<strong>le</strong><br />

à l'égard de la mère, mais qu'il se comporte en même temps comme une<br />

p<strong>et</strong>ite fil<strong>le</strong>, en observant une attitude toute de tendresse féminine à l'égard du<br />

père <strong>et</strong> une attitude correspondante d'hostilité jalouse à l'égard de la mère.<br />

C<strong>et</strong>te intervention de la bisexualité est de nature à rendre diffici<strong>le</strong> la tâche qui<br />

consiste à établir avec précision <strong>le</strong>s rapports existant entre <strong>le</strong>s premiers choix<br />

d'obj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> <strong>le</strong>s premières identifications, <strong>et</strong> el<strong>le</strong> rend encore plus diffici<strong>le</strong> la<br />

description concrète <strong>et</strong> claire de ces rapports. Il se peut que l'ambiva<strong>le</strong>nce<br />

constatée dans <strong>le</strong>s rapports avec <strong>le</strong>s parents s'explique, d'une façon généra<strong>le</strong>,<br />

par la bisexualité, au lieu de provenir, ainsi que je l'avais supposé précédemment,<br />

de l'identification à la suite d'une attitude de rivalité.

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