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Sigmund Freud..Le Moi et le ça

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<strong>Sigmund</strong> <strong>Freud</strong>, “ <strong>Le</strong> moi <strong>et</strong> <strong>le</strong> ça ” (1923) 11<br />

de se plaindre de ce que <strong>le</strong> dynamisme psychique se manifeste toujours sous<br />

un doub<strong>le</strong> aspect (conscient <strong>et</strong> inconscient) 1 .<br />

Mais <strong>le</strong>s recherches psychanalytiques ultérieures ont montré que ces distinctions<br />

étaient, el<strong>le</strong>s aussi, insuffisantes <strong>et</strong> insatisfaisantes. Parmi <strong>le</strong>s situations<br />

dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s ce fait apparaît d'une façon particulièrement n<strong>et</strong>te, nous<br />

citerons la suivante qui nous semb<strong>le</strong> décisive. Nous nous représentons <strong>le</strong>s processus<br />

psychiques d'une personne comme formant une organisation cohérente<br />

<strong>et</strong> nous disons que c<strong>et</strong>te organisation cohérente constitue <strong>le</strong> <strong>Moi</strong> de la personne.<br />

C'est à ce <strong>Moi</strong>, prétendons-nous, que se rattache la conscience, c'est lui qui<br />

contrô<strong>le</strong> <strong>et</strong> surveil<strong>le</strong> <strong>le</strong>s accès vers la motilité, c'est-à-dire l'extériorisation des<br />

excitations. Nous voyons dans <strong>le</strong> <strong>Moi</strong> l'instance psychique qui exerce un contrô<strong>le</strong><br />

sur tous ses processus partiels, qui s'endort la nuit <strong>et</strong> qui, tout en dormant,<br />

exerce un droit de censure sur <strong>le</strong>s rêves. C'est encore de ce <strong>Moi</strong> que<br />

partiraient <strong>le</strong>s refou<strong>le</strong>ments, à la faveur desquels certaines tendances psychiques<br />

sont, non seu<strong>le</strong>ment éliminées de la conscience, mais mises dans l'impossibilité<br />

de se manifester ou de s'exprimer d'une façon quelconque. Au<br />

cours de l'analyse, ces tendances, éliminées par <strong>le</strong> refou<strong>le</strong>ment, se dressent<br />

1 Voir à ce suj<strong>et</strong> Bemerkungen über den Begrift des Unbewussten, dans «Sammlung<br />

K<strong>le</strong>iner Schriften zur Neurosen<strong>le</strong>hre », 4e Série. Il convient de signa<strong>le</strong>r une nouvel<strong>le</strong><br />

orientation dans la critique de l'inconscient. Certains auteurs qui, tout en consentant à<br />

reconnaître <strong>le</strong>s faits psychanalytiques, se refusent à adm<strong>et</strong>tre l'inconscient, ont recours à<br />

c<strong>et</strong> argument irréfutab<strong>le</strong> que la conscience el<strong>le</strong>-même, en tant que phénomène, présente<br />

de nombreux degrés d'intensité <strong>et</strong> de clarté. De même qu'il y a des processus dont nous<br />

avons une conscience vivre, frappante, autant dire concrète, il en est d'autres dont nous<br />

avons une conscience faib<strong>le</strong>, à peine perceptib<strong>le</strong> ; <strong>et</strong>, ajoutent ces auteurs, <strong>le</strong>s processus<br />

dont nous avons la conscience la plus faib<strong>le</strong> sont précisément ceux auxquels la psychanalyse<br />

applique improprement la qualification d'inconscients, alors qu'en réalité ils<br />

seraient conscients quand même ou, tout au moins, demeureraient « dans la conscience »,<br />

capab<strong>le</strong>s, si on <strong>le</strong>ur prête une attention suffisante, de devenir p<strong>le</strong>inement <strong>et</strong> intensément<br />

conscients.<br />

Pour autant que des arguments puissent jouer un rô<strong>le</strong> quelconque dans la solution<br />

d'une question qui, comme cel<strong>le</strong> qui nous occupe, dépend étroitement de conventions ou<br />

de facteurs affectifs, nous dirons ceci : conclure du fait que la conscience présente une<br />

échel<strong>le</strong> de n<strong>et</strong>t<strong>et</strong>é <strong>et</strong> de clarté à l'inexistence de l'inconscient équivaut à affirmer la nonexistence<br />

de l'obscurité, parce que la lumière présente toutes <strong>le</strong>s gradations, depuis<br />

l'éclairage <strong>le</strong> plus cru jusqu'aux lueurs <strong>le</strong>s plus atténuées, à peine perceptib<strong>le</strong>s, ou à tirer<br />

des innombrab<strong>le</strong>s degrés de vitalité un argument en faveur de la non-existence de la mort.<br />

Ces raisonnements peuvent, jusqu'à un certain point, être ingénieux, mais ils sont<br />

dépourvus de toute va<strong>le</strong>ur pratique, ce dont on ne tarde pas à se rendre compte dès qu'on<br />

veut en tirer certaines conséquences, dans <strong>le</strong> genre de cel<strong>le</strong>-ci, par exemp<strong>le</strong> : puisque<br />

l'obscurité n'existe pas, point n'est besoin d'allumer des lumières; puisque la mort n'existe<br />

pas, tous <strong>le</strong>s organismes sont immortels. En outre, en ramenant l'imperceptib<strong>le</strong> à la conscience,<br />

on se prive de la seu<strong>le</strong> certitude directe <strong>et</strong> immédiate que comporte la vie<br />

psychique. Une conscience dont on ne sait rien me paraît, en eff<strong>et</strong>, une hypothèse beaucoup<br />

plus absurde que cel<strong>le</strong> d'une vie psychique inconsciente. Enfin, ceux qui ont cherché<br />

à assimi<strong>le</strong>r l'inconscient à l'imperceptib<strong>le</strong> n'ont pas tenu compte des conditions dynamiques<br />

auxquel<strong>le</strong>s la conception psychanalytique attribue, au contraire, une importance<br />

capita<strong>le</strong>. <strong>Le</strong>s auteurs en question négligent, en eff<strong>et</strong>, deux faits : ils oublient, en premier<br />

lieu, combien il est diffici<strong>le</strong> de prêter une attention suffisante à ce qui est imperceptib<strong>le</strong> <strong>et</strong><br />

quels efforts il faut déployer à c<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> ;<strong>et</strong> ils ignorent, en deuxième lieu, qu'alors même<br />

que ces efforts sont couronnés de succès, la conscience ne reconnaît pas ce qui lui était<br />

resté jusqu'alors imperceptib<strong>le</strong>, qu'el<strong>le</strong> <strong>le</strong> repousse comme quelque chose d'étranger <strong>et</strong> de<br />

contraire. La tentative de réduire l'inconscient à l’imperceptib<strong>le</strong> ou à ce qui est peu<br />

perceptib<strong>le</strong> n'apparaît ainsi que comme une conséquence du préjugé qui postu<strong>le</strong> l'identité<br />

du psychique <strong>et</strong> du conscient.

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