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Raymond<br />
Reynaud<br />
ET L’ART SINGULIER<br />
LA<br />
FORCE<br />
EN<br />
DEDANS<br />
DOSSIER DE PRESSE<br />
Raymond Reynaud - La Diva chanta dans l’opéra
-2-
LA<br />
FORCE<br />
EN<br />
DEDANS<br />
Raymond Reynaud et l’art singulier<br />
DU 24 AVRIL AU 20 MAI 2017<br />
En avril 2017, l’Association <strong>de</strong>s Amis du Singulier<br />
Raymond Reynaud, avec la collaboration du service<br />
culturel <strong>de</strong> la mairie d’Arles, organise une exposition<br />
autour <strong>de</strong> l’oeuvre et du travail pédagogique <strong>de</strong><br />
l’artiste Raymond Reynaud. Cette exposition prendra<br />
place dans le cadre <strong>de</strong> l’Eglise <strong>de</strong>s Frères Prêcheurs.<br />
En 2003 déjà, la mairie d’Arles avait soutenu un<br />
évènement entièrement dédié à cet artiste. Avec<br />
cette nouvelle exposition, sera présenté un choix <strong>de</strong><br />
peintures et <strong>de</strong> sculptures représentatives du travail<br />
<strong>de</strong> ce singulier <strong>de</strong> l’art en regard d’une sélection <strong>de</strong><br />
travaux réalisés par certains <strong>de</strong> ses élèves (Martine<br />
Bayle, Jeanne Dis<strong>de</strong>ro, Renée Fontaine, André Gouin,<br />
Arlette Watelet Thozet) à l’Atelier du Quinconce Vert,<br />
que Raymond Reynaud anima <strong>de</strong> 1977 à 1990. En<br />
parallèle, pour illustrer le rayonnement <strong>de</strong> l’oeuvre<br />
<strong>de</strong> Raymond Reynaud, <strong>de</strong>s oeuvres réalisées par<br />
certains <strong>de</strong>s artistes avec lesquels il entretint <strong>de</strong><br />
fructueux échanges tout au long <strong>de</strong> sa vie, tels Jaber,<br />
Paul Duchein et Danielle Jacqui. Enfin, une salle tentera<br />
<strong>de</strong> recréer l’esprit « cabinet <strong>de</strong> curiosités » d’une<br />
<strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> la maison <strong>de</strong> l’artiste dans laquelle il accrochait<br />
dans un ordre aléatoire les <strong>de</strong>ssins, peintures<br />
et sculptures troqués ou offerts par ses amis artistes,<br />
tels Pakito Bolino, Chomo, Fernand Michel, Bruno<br />
Montpied, Marie Morel, Gérard Nicollet et beaucoup<br />
d’autres encore.<br />
Raymond Reynaud - La Danseuse la Rosa Rouge<br />
-3-
L'ART<br />
INVENTIF:<br />
RAYMOND REYNAUD<br />
SON ÉCOLE<br />
La Provence riche d’un passé artistique et d’un foisonnement <strong>de</strong> courants d’expression plastique,<br />
autant autochtones qu’extérieurs, a vu apparaître voilà un quart <strong>de</strong> siècle, l’Art Inventif, un concept<br />
imaginé par Raymond Reynaud.<br />
Ce passionné <strong>de</strong> peinture, également musicien, suivit tout d’abord l’enseignement <strong>de</strong>s Beaux-Arts<br />
à Salon, puis se perfectionna au cours <strong>de</strong> stages dans la capitale. Face au savoir-faire traditionnel<br />
rapi<strong>de</strong>ment un blocage et une impossibilité <strong>de</strong> peindre s’installèrent durant <strong>de</strong>s années. Puis la<br />
découverte <strong>de</strong>s travaux d’artistes naïfs et <strong>de</strong>s œuvres <strong>de</strong> Gaston Chaissac l’amenèrent à comprendre<br />
que l’imaginaire <strong>de</strong>vait se libérer d’un savoir appris et d’une technique emprisonnant la<br />
spontanéité. Il élabora alors sa propre expression artistique. Sans le savoir, à l’époque, il rejoignait<br />
déjà les préoccupations i<strong>de</strong>ntiques <strong>de</strong> Jean Dubuffet, du groupe Cobra, <strong>de</strong>s Hors-les-normes, <strong>de</strong>s<br />
Singuliers et <strong>de</strong> bien d’autres artistes <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières décennies.<br />
Comme eux, tâtonnant, il cherchera un langage plastique qui ren<strong>de</strong> au mieux sa vision du mon<strong>de</strong>.<br />
Il forgera les propres outils <strong>de</strong> son expression artistique. Tel un enfant attentif et émerveillé,<br />
il redécouvrira alors le mon<strong>de</strong>. Ainsi, une série <strong>de</strong> gouaches évoque avec délectation foires et<br />
cirques, fanfares, orchestres et divas. Devenu chantre <strong>de</strong> l’homme du commun, il revisite l’art<br />
populaire. Pour impressionner le spectateur, le lion ne doit-il pas être dix fois plus grand que le<br />
dompteur et la diva avoir une bouche capable d’avaler tout un orchestre ?<br />
Ces observations <strong>de</strong> la vie au quotidien lui serviront <strong>de</strong> point <strong>de</strong> départ pour une quête initiatique<br />
<strong>de</strong> plus en plus exigeante. Son œuvre s’avancera toujours plus avant dans la recherche du<br />
mystique, du sacré, du besoin d’absolu. Dans sa série <strong>de</strong>s péchés capitaux, il explore à travers une<br />
mise en scène <strong>de</strong>s plus évocatrices, les turpitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la nature humaine, tandis que sa longue<br />
fresque « la danse macabre », témoigne <strong>de</strong> notre lente déchéance jusqu’à la mort inévitable.<br />
-4-
Dans sa représentation <strong>de</strong> son Don<br />
Quichotte où, dit-il : “J’ai voulu interroger<br />
notre culture méditerranéenne et retrouver<br />
nos racines profon<strong>de</strong>s”, comment ne pas<br />
voir cette éternelle dualité <strong>de</strong> l’homme<br />
évoluant entre utopies et réalités terrestres.<br />
Face à cette désespérante réalité émergent<br />
<strong>de</strong>s compositions très architecturées,<br />
<strong>de</strong>s mandalas chargés <strong>de</strong> mysticisme.<br />
A ce niveau-là, il rejoint ce que Jung<br />
avance <strong>de</strong>vant les peintures symboliques<br />
indiennes ou tibétaines : “L’artiste n’y<br />
dépeint pas la froi<strong>de</strong> imagerie <strong>de</strong> quelques<br />
traités d’iconographie, mais il y déverse les<br />
fantasmes <strong>de</strong> son ego, subconscient dont<br />
il peut à la fois prendre connaissance et se<br />
libérer”.<br />
A travers ses rapports à la création plastique,<br />
proches <strong>de</strong>s traditions du compagnonnage,<br />
on conçoit que tout naturellement il<br />
ait voulu partager son expérience. Une<br />
nécessité intérieure l’a poussé vers les<br />
autres pour les amener vers une expression<br />
plastique la plus authentique possible,<br />
libérée du formalisme et <strong>de</strong> la tradition.<br />
Ainsi, en 1976 à la Maison <strong>de</strong> la Culture<br />
<strong>de</strong> Salon-<strong>de</strong>-Provence, il fon<strong>de</strong> un groupe<br />
expérimental <strong>de</strong> peintres : “Le Quinconce<br />
-Vert”. Là, durant une quinzaine d’années,<br />
assez curieusement, une centaine <strong>de</strong><br />
femmes, plus stagiaires qu’élèves, vont<br />
à son contact désapprendre traditions et<br />
ritualisme <strong>de</strong>s beaux-arts. Initiateur attentif,<br />
il va sans cesse insister sur le rôle <strong>de</strong> la<br />
réinvention.<br />
Raymond Reynaud - Regrets <strong>de</strong> Rose la mariée<br />
-5-
Raymond Reynaud - Souvenir d’un Auguste<br />
Pour cela il fait appel aux rêves, à l’imaginaire<br />
le plus débridé, aux analogies avec la musique<br />
ainsi qu’à d’autres disciplines. Dans son<br />
“ enseignement “ <strong>de</strong>s plus spécifiques, il cherche<br />
à amener ses “élèves” sur la voie d’une création<br />
impliquant toute leur personnalité. Certains le<br />
comparent à un maïeuticien, aidant à l’éclosion,<br />
à la libération du potentiel <strong>de</strong> création <strong>de</strong> tout<br />
individu, mais sa relation aussi avec l’autre<br />
révèle <strong>de</strong>s similitu<strong>de</strong>s proches <strong>de</strong> celle <strong>de</strong><br />
l’analyste.<br />
En 1989, il arrête “I’enseignement collectif”,<br />
pour se consacrer à un échange plus étroit entre<br />
maître et élève. En même temps, une remise en<br />
question sur la créativité aboutit au “ Mouvement<br />
Raymond Reynaud”.<br />
Toujours soumis à <strong>de</strong> perpétuelles<br />
interrogations, il a avancé dans son existence,<br />
construisant sa propre cosmogonie vers la<br />
lumière d’un ailleurs, assurément secret. Il<br />
laisse une œuvre majeure dans la mouvance<br />
<strong>de</strong> l’art singulier, comme <strong>de</strong> l’art tout court,<br />
heureusement préservée par l’association<br />
<strong>de</strong>s Amis <strong>de</strong> Raymond Reynaud. Mais dans<br />
l’aventure <strong>de</strong> la Singularité il reste aussi<br />
le maître <strong>de</strong> Sénas, celui qui a amené <strong>de</strong>s<br />
centaines d’élèves sur les voies d’une création<br />
autre libérée <strong>de</strong> bien <strong>de</strong>s formalismes.<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> Caire<br />
20 juin 2016<br />
-6-
QU’EST-CE<br />
QUE L’ART<br />
SINGULIER<br />
Si l’art singulier ne se laisse pas enfermer facilement<br />
par une définition, il est également difficile <strong>de</strong> dater<br />
avec précision l’apparition <strong>de</strong> ce terme. La plupart <strong>de</strong>s<br />
spécialistes s’accor<strong>de</strong>nt cependant pour l’associer à la mythique<br />
exposition organisée en 1978 au musée d’art mo<strong>de</strong>rne <strong>de</strong> la<br />
ville <strong>de</strong> Paris par Alain Bourbonnais et Michel Ragon. Si une<br />
définition exacte semble lointaine, un certain nombre <strong>de</strong><br />
constantes se retrouvent néanmoins chez la plupart <strong>de</strong>s créateurs<br />
dits singuliers. Si certains sont autodidactes, d’autres ont reçu<br />
une formation académique, mais s’en sont ensuite très vite<br />
détournés au profit d’une démarche beaucoup plus personnelle.<br />
Les productions d’un artiste singulier, lorsque ce <strong>de</strong>rnier ne<br />
cè<strong>de</strong> pas à <strong>de</strong>s facilités que dénonçait avec vigueur Raymond<br />
Reynaud, répon<strong>de</strong>nt d’abord à un besoin vital <strong>de</strong> création. Un<br />
besoin qui le pousse à emprunter <strong>de</strong>s voies différentes pour<br />
parvenir à exprimer son mon<strong>de</strong> intérieur. Il découvre et invente<br />
souvent ses propres techniques picturales au fur et à mesure que<br />
son univers imaginaire s’affirme.<br />
?<br />
Plus souple que la notion d’art brut, moins puriste et<br />
restrictif, c’est aujourd’hui le concept d’ «art singulier» qui semble en fait le meilleur<br />
équivalent français <strong>de</strong> la notion d’art outsi<strong>de</strong>r .<br />
Laurent Danchin<br />
-7-
-8-
RAYMOND<br />
REYNAUD<br />
Révélateur d’âmes<br />
Raymond Reynaud, était un artiste, un vrai,<br />
mais aussi un formidable révélateur d’âmes<br />
pour ceux qui acceptaient <strong>de</strong> s’engager à ses<br />
côtés au sein <strong>de</strong> l’atelier du Quinconce Vert.<br />
Il savait accompagner ses “élèves” jusqu’au<br />
tréfonds d’eux-mêmes, là où la peinture<br />
n’était plus une simple activité <strong>de</strong> peintre du<br />
dimanche, mais <strong>de</strong>venait une aventure tant<br />
plastique que spirituelle.<br />
Mais c’était aussi un bon copain, avec qui<br />
on pouvait parler d’art, <strong>de</strong> cuisine ou <strong>de</strong><br />
jardinage. Avec ses mots inimitables, sa<br />
bonhomie naturelle, il parlait plus juste que<br />
bien <strong>de</strong>s intellectuels patentés.<br />
Nous nous étions rencontrés en 1991 alors<br />
que je venais d’arriver dans la région. A<br />
Caphan, chez Renée Fontaine, je lui avais<br />
montré mon travail. Et bien que ne faisant<br />
pas partie du cercle d’artistes singuliers issus<br />
du Quinconce Vert, l’atelier qu’il avait animé<br />
avec rigueur et passion pendant 15 années<br />
à Salon-<strong>de</strong>-Provence, il avait accepté mes<br />
collages<br />
Raymond Reynaud aux “bordilles” ca 1992 DR<br />
-9-
au sein <strong>de</strong> l’exposition collective<br />
“Peintures singulières” à Saint<br />
Martin <strong>de</strong> Crau.<br />
A <strong>de</strong> multiples occasions, nos<br />
chemins se sont ensuite croisés<br />
lors <strong>de</strong> visites à sa maison atelier<br />
<strong>de</strong> Sénas, que j’ai fait découvrir<br />
à mes proches ainsi qu’à <strong>de</strong> très<br />
nombreux amis, ou lors <strong>de</strong> sa<br />
première exposition arlésienne en<br />
2003.<br />
Raymond avait également eu<br />
la gentillesse <strong>de</strong> monter une<br />
exposition <strong>de</strong> mes <strong>de</strong>ssins à Sénas<br />
au Cellier Saint Augustin, cave à<br />
vins transformée pour l’occasion en<br />
galerie d’art.<br />
Raymond Reynaud avait cette<br />
faculté rare <strong>de</strong> pouvoir entrer en<br />
contact avec <strong>de</strong>s gens d’âge et <strong>de</strong><br />
milieu très différents tout en restant<br />
toujours lui-même, fidèle à sa<br />
vision d’un art inspiré, authentique<br />
et sauvagement mystique.<br />
Il voulait sans cesse aller plus loin<br />
dans sa peinture, était rarement<br />
satisfait, poursuivant sa quête<br />
perpétuelle d’une peinture « vraie »<br />
et authentique.<br />
Mais loin d’être centré sur son<br />
seul travail, il aidait les artistes<br />
qui l’approchaient à progresser,<br />
à se frayer un chemin au cœur<br />
<strong>de</strong> leur imaginaire. Il était très<br />
méfiant envers les profiteurs,<br />
les rapaces, les capitalistes, les<br />
pollueurs, les magouilleurs, ceux<br />
qui représentaient à ses yeux le<br />
pouvoir <strong>de</strong> l’argent.<br />
Gérard Nicollet<br />
-10-
Un art viscéral<br />
DR<br />
Un art viscéral, écorché, électrique, dont le graphisme tremblé, la fragmentation infinie <strong>de</strong> l’image, les symétries approximatives<br />
à main levée ou les effets bizarres d’encadrements décoratifs font tout le charme étrange et déroutant.<br />
Laurent Danchin<br />
-11-
BIOGRAPHIE<br />
Raymond Reynaud est né le 8 octobre 1920 à<br />
Salon-<strong>de</strong>-Provence.<br />
Il est le fils <strong>de</strong> François Reynaud et <strong>de</strong> Charlotte Vouland,<br />
commerçants en grains et fourrages. Raymond<br />
perd sa mère vers l’âge <strong>de</strong> douze ans et sera élevé par<br />
sa « marâtre » après le remariage <strong>de</strong> son père.<br />
Peintre, sculpteur et plasticien français, proche <strong>de</strong><br />
la démarche artistique <strong>de</strong> Jean Dubuffet, il s’inscrit<br />
dans le mouvement <strong>de</strong> l’art singulier maïeutique.<br />
Grand admirateur <strong>de</strong> Chaissac et <strong>de</strong> l’art brut, il se<br />
définissait lui-même comme un artiste « singulier ».<br />
En 1934, il entre en apprentissage <strong>de</strong> peintre en<br />
bâtiment, ayant échoué au certificat d’étu<strong>de</strong>s.<br />
De 1935 à 1939, il suit parallèlement les cours du<br />
soir <strong>de</strong> peinture-décoration, d’anatomie, <strong>de</strong> fusain<br />
et <strong>de</strong> crayon à l’école d’art <strong>de</strong> Salon, où enseignent<br />
<strong>de</strong>s artisans bénévoles. Il obtient un premier prix<br />
<strong>de</strong> <strong>de</strong>ssin anatomique et un troisième prix <strong>de</strong><br />
fusain. Bouleversé par la découverte d’un nu cubiste<br />
<strong>de</strong> Picasso, il continue à peindre <strong>de</strong>s paysages<br />
provençaux dont il n’est pas satisfait. Par suite <strong>de</strong><br />
problèmes cardiaques, il est réformé au conseil <strong>de</strong><br />
révision.<br />
De 1938 à 1944, il travaille comme peintre <strong>de</strong> lettres<br />
au camp d’aviation <strong>de</strong> Salon et il étudie le saxophone<br />
et le solfège. Il anime <strong>de</strong> nombreux bals pendant<br />
cinq ans (Donald et ses Boys, puis Right Music, Bikini<br />
Jazz et Atomic Jazz), gagnant assez d’argent pour<br />
s’établir à son compte.<br />
-12-
En 1949, il <strong>de</strong>vient artisan peintre<br />
à Sénas où il exercera cette<br />
activité pendant dix-sept ans. Il prend<br />
l’habitu<strong>de</strong>, quand il termine un<br />
chantier, <strong>de</strong> laisser une <strong>de</strong> ses peintures<br />
au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> la cheminée.<br />
En 1950, sur le conseil d’un instituteur,<br />
Jean-Marie Serre, il suit un premier<br />
stage d’arts plastiques auprès <strong>de</strong><br />
peintres travaillant dans le courant <strong>de</strong><br />
l’Ecole <strong>de</strong> Paris.<br />
Jusqu’en 1980, <strong>de</strong>venu lui-même<br />
animateur, il suivra <strong>de</strong> nombreux stages<br />
à Marly-le-Roi, Dinan et Boulouris, dans<br />
le cadre <strong>de</strong>s Académies Populaires ou<br />
d’associations liées à la Fédération Léo<br />
Lagrange. Ses instructeurs sont Lucien<br />
Lautrec, Gilles Duché, Renée David et<br />
Pierre Hussenot.<br />
En 1952, il fon<strong>de</strong> le Groupe d’arts plastiques<br />
<strong>de</strong>s Alpilles sous la direction <strong>de</strong><br />
la fédération <strong>de</strong>s Académies populaires<br />
d’arts plastiques et y reste jusqu’en<br />
1957. La direction nationale <strong>de</strong>s<br />
Académies populaires, présidée par<br />
Lucien Lautrec, contribue à cette époque<br />
à la formation d’un grand nombre d’artistes,<br />
tant à Paris qu’en province.<br />
Pendant dix ans <strong>de</strong> 1958 à 1968, il<br />
arrête ses activités plastiques pour un<br />
temps <strong>de</strong> réflexion, se sentant bloqué<br />
et prisonnier d’un système.<br />
En 1959, il épouse Arlette Roux,<br />
membre du groupe <strong>de</strong>s Alpilles. Le<br />
couple s’installe à Orgon.<br />
En 1964, ils déménagent au Quartier<br />
<strong>de</strong> la Peyronnette à Sénas.<br />
© Clau<strong>de</strong> Bernard<br />
En septembre 1965 il met fin à son<br />
entreprise d’artisan-peintre, affaibli par<br />
<strong>de</strong> graves problèmes <strong>de</strong> santé (jusqu’à<br />
la retraite, il percevra une pension). Dix<br />
ans <strong>de</strong> dépression s’ensuivent.<br />
En 1968, il se remet au <strong>de</strong>ssin puis à la<br />
peinture, sous le choc <strong>de</strong> la découverte<br />
<strong>de</strong>s naïfs yougoslaves et <strong>de</strong> Gaston<br />
Chaissac, au musée <strong>de</strong>s Ponchettes,<br />
à Nice. Son œuvre personnelle<br />
commence. Il travaille par thèmes<br />
ou par séries : les quatre saisons, les<br />
sept péchés capitaux, les cirques, les<br />
fanfares.<br />
En 1973, premiere exposition<br />
personnelle à la mairie <strong>de</strong><br />
Saint-Maximin.<br />
En 1976, il participe à une exposition<br />
«Autour <strong>de</strong> Chaissac» à l’abbaye<br />
St-Pierre <strong>de</strong> Maillezais, en Vendée.<br />
En 1977, il crée et anime un atelier <strong>de</strong><br />
peinture pour adultes, “Le Quinconce<br />
Vert”, à Salon-<strong>de</strong>-Provence. Cet atelier<br />
donne une formation artistique à <strong>de</strong>s<br />
personnes sans expérience dans les<br />
arts plastiques ou non satisfaites <strong>de</strong><br />
l’enseignement académique. Le but <strong>de</strong><br />
Raymond Reynaud est <strong>de</strong> travailler sur<br />
l’imaginaire et <strong>de</strong> le faire déboucher sur<br />
une expression plastique singulière.<br />
Il travaille ses premiers totems et<br />
assemblages <strong>de</strong> bois récupérés dans<br />
les “bordilles”, les berges <strong>de</strong> la Durance.<br />
Jean Dubuffet lui apporte ses<br />
encouragements, <strong>de</strong> même que Michel<br />
Thévoz, conservateur <strong>de</strong> la Collection <strong>de</strong><br />
l’art brut <strong>de</strong> Lausanne.<br />
En 1979, exposition au Couvent<br />
Royal <strong>de</strong> St Maximin, organisée par<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> Caire, avec la participation<br />
<strong>de</strong> Frédéric Altmann.<br />
-13-
En août 1980, il visite la Collection <strong>de</strong> l’Art Brut <strong>de</strong> Lausanne<br />
et rencontre Michel Thévoz.<br />
De 1980 à 1981, il travaille sur une série intitulée “Les<br />
gran<strong>de</strong>s Figures” dans laquelle il réinvente le portrait en<br />
peignant <strong>de</strong>s visages qui occupent la toile entière.<br />
Le 8 avril 1982, il reçoit une lettre d’encouragement <strong>de</strong><br />
Jean Dubuffet. Par la suite, les travaux <strong>de</strong> Raymond Reynaud<br />
entreront dans la collection Neuve Invention à Lausanne<br />
(collection annexe <strong>de</strong> l’art brut).<br />
En 1984, il envoie <strong>de</strong>ux sculptures à Lausanne.<br />
En 1985, après quatre années <strong>de</strong> travail, il termine le<br />
polyptyque “Jean <strong>de</strong> Florette”, inspiré <strong>de</strong>s personnages du<br />
roman <strong>de</strong> Marcel Pagnol.<br />
En 1986, il entre en contact avec Ma<strong>de</strong>leine Lommel <strong>de</strong><br />
l’Aracine, Alain Bourbonnais <strong>de</strong> La Fabuloserie et Françoise<br />
Henrion d’Art en Marge, à Bruxelles.<br />
En 1987, il rend visite à Chomo, dans la forêt <strong>de</strong><br />
Fontainebleau.<br />
Le 20 septembre 1988, il est opéré du cœur à l’hôpital <strong>de</strong> La<br />
Timone à Marseille.<br />
En 1989, l’œuvre <strong>de</strong> Reynaud fait l’objet d’un mémoire <strong>de</strong><br />
maîtrise rédigé par Alice Splimont-Angla<strong>de</strong> et soutenu à la<br />
faculté Paul Valéry <strong>de</strong> Montpellier sous le titre <strong>de</strong> “Raymond<br />
Reynaud, peintre singulier”. C’est la première fois qu’un<br />
peintre singulier est représenté à l’université. Ces travaux <strong>de</strong><br />
recherche ont été dirigés par le professeur et historien <strong>de</strong> l’art<br />
Marie-Domitille Porcheron.<br />
L’année 1990 voit la création du Mouvement singulier<br />
Raymond Reynaud à Sénas et la dissolution <strong>de</strong> l’atelier du<br />
Quinconce Vert. Ce mouvement regroupe <strong>de</strong>s élèves ou <strong>de</strong>s<br />
peintres dans la mouvance <strong>de</strong> l’art singulier. La même année,<br />
sa Maison Musée à Sénas, où l’artiste habite avec son<br />
épouse Arlette et où sont installées <strong>de</strong>s centaines <strong>de</strong> tableaux<br />
et <strong>de</strong> sculptures, est répertoriée dans le livre <strong>de</strong> Clau<strong>de</strong> Arz,<br />
le “Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> la France insolite” aux éditions Hachette- 1995.<br />
De 1992 à 1994 : polyptyque sur le thème du Don Quichotte<br />
<strong>de</strong> Cervantès.<br />
En 1993, sort un documentaire <strong>de</strong> Stéphane Jean-Baptiste,<br />
Pascale Massicot et Eric Potte (Art et Communication, Nevers)<br />
“Raymond Reynaud : le troisième cerveau”.<br />
En 1993, <strong>de</strong>ux tableaux sont envoyés à la Collection <strong>de</strong> l’art<br />
brut <strong>de</strong> Lausanne.<br />
D’octobre 1995 à juillet 1996, Don Quichotte est présenté<br />
dans Art Brut & Compagnie, à la Halle Saint Pierre, à Paris.<br />
En 1995, création <strong>de</strong> l’Association <strong>de</strong>s Amis <strong>de</strong> Raymond<br />
Reynaud. Un projet <strong>de</strong> musée et <strong>de</strong> fondation voit le jour<br />
mais n’aboutira pas faute <strong>de</strong> moyens financiers.<br />
Le 21 avril 1996, visite d’une délégation du Folk Art Museum<br />
<strong>de</strong> New York guidée par Chris Cappiello et Beth Bergin.<br />
En 1998, il participe à la réalisation <strong>de</strong> “Hôpital brut”, un film<br />
d’animation du collectif “Le <strong>de</strong>rnier cri” diffusé sur Canal+.<br />
Depuis les années 1980, il est l’objet <strong>de</strong> nombreux articles<br />
dans la <strong>presse</strong> culturelle et <strong>de</strong> reportages télévisés.<br />
En effet, l’universitaire spécialiste <strong>de</strong> l’art brut et singulier<br />
Laurent Danchin consacre plusieurs analyses <strong>de</strong> ses travaux<br />
dans le magazine d’art anglais Raw Vision (cette publication<br />
périodique a obtenu le Prix Camera <strong>de</strong> l’UNESCO <strong>de</strong> meilleur<br />
magazine d’Art en 1998).<br />
En 1999, Alain Paire édite “Raymond Reynaud, un singulier<br />
<strong>de</strong> l’art” (Images en manœuvres editions, Marseille).<br />
En 2000 il termine sa “monumentoile” Pierrot <strong>de</strong>s lunes (4m<br />
x 3m) pour les Ateliers Publics d’Allonnes.<br />
-14-
Raymond Reynaud est présenté aux côtés d’autres<br />
artistes sur Arte lors du Théma “Les allumés <strong>de</strong> l’art<br />
brut”.<br />
En octobre et novembre 2001, rétrospective à<br />
Martigues.<br />
En janvier et février 2003, exposition à l’Espace<br />
Van Gogh, à Arles.<br />
D’avril à juin 2004, exposition au Château <strong>de</strong>s<br />
Templiers <strong>de</strong> Gréoux-les-Bains.<br />
Le 10 juillet 2007, Raymond Reynaud décè<strong>de</strong><br />
à Cavaillon, soit trois jours avant le début d’une<br />
exposition rétrospective, présentant plus <strong>de</strong><br />
cinquante années <strong>de</strong> création, au château <strong>de</strong><br />
l’Empéri à Salon-<strong>de</strong>-Provence.<br />
Après son décès, il fait l’objet <strong>de</strong> nombreux hommages<br />
dont l’inauguration d’un square à son nom<br />
le 28 septembre 2007 et d’une statue en présence<br />
<strong>de</strong> l’actrice Andréa Ferréol le 21 mai 2008 à Sénas.<br />
Il a réalisé aussi d’étranges mandalas d’un<br />
graphisme électrique qui n’est pas sans rapport<br />
avec les problèmes nerveux dont il se plaignait.<br />
DR<br />
On doit fuir le calculé, le professionnel, le peintre doit aller vers le spontané, le<br />
mystérieux, le fantasme, le rêve, véritables langages primitifs et naturels <strong>de</strong>s<br />
communications universelles.<br />
-15-
LE<br />
QUIN<br />
CONCE<br />
VERT<br />
Raymond Reynaud anima<br />
l’atelier du Quinconce Vert <strong>de</strong><br />
1977 à 1990. Cet atelier était<br />
original car il était ouvert à <strong>de</strong>s<br />
personnes <strong>de</strong> formations diverses<br />
issues <strong>de</strong> milieux sociaux très<br />
variés.<br />
Il apportait une formation<br />
plastique à <strong>de</strong>s gens qui n’avaient<br />
jamais peint ou qui étaient<br />
mal à l’aise dans les écoles<br />
traditionnelles.<br />
La majorité <strong>de</strong>s participants étaient<br />
<strong>de</strong>s femmes, seuls quelques<br />
hommes étaient présents.<br />
Le but <strong>de</strong> son fondateur était <strong>de</strong><br />
révéler l’imaginaire présent en<br />
chacun <strong>de</strong>s élèves à travers une<br />
expression plastique singulière et<br />
personnelle.<br />
Jean Dubuffet apporta ses<br />
encouragements à cet atelier,<br />
<strong>de</strong> même que Michel Thévoz,<br />
conservateur <strong>de</strong> la collection d’art<br />
brut <strong>de</strong> Lausanne.<br />
-16-
J’ai créé mon école pour plusieurs raisons...<br />
D’abord je pensais que je pouvais apprendre à <strong>de</strong>ssiner et<br />
à peindre à ceux qui en avaient le désir, ensuite, je trouvais<br />
qu’il fallait défendre la bonne peinture et amener les gens<br />
à distinguer une œuvre valable d’un tableau médiocre.<br />
L’école a été fondée avec l’accord <strong>de</strong> la MJC <strong>de</strong> Salon.<br />
Nous l’avons appelée “Le Quinconce Vert”.<br />
Elle a fonctionné avec un nombre d’élèves important.<br />
Au bout <strong>de</strong> quelques années, j’ai estimé que le travail<br />
stagnait et qu’il fallait avoir <strong>de</strong> plus gran<strong>de</strong>s exigences.<br />
J’ai donc augmenté la difficulté.<br />
Certains se sont découragés, le nombre <strong>de</strong>s<br />
élèves s’est réduit. C’est un bien :<br />
la qualité est plus gran<strong>de</strong>.<br />
Soucieux <strong>de</strong> maintenir ce<br />
niveau, j’ai décidé d’arrêter mon<br />
enseignement à la MJC.<br />
Cependant je ne renonce pas<br />
à faire travailler ceux qui sont<br />
désireux <strong>de</strong> poursuivre avec moi :<br />
le groupe se restreint et se donne<br />
d’autres exigences.<br />
C’est tout et c’est bien. Désormais,<br />
il s’appelle : “Mouvement<br />
Singulier Raymond Reynaud”<br />
Raymond Reynaud<br />
Affiche du Quinconce Vert<br />
-17-
LES<br />
ÉLÈVES<br />
MARTINE BAYLE<br />
Née en 1949 à Sénas<br />
Martine Bayle est une coloriste <strong>de</strong> grand<br />
talent qui, avec une maîtrise parfaite <strong>de</strong>s<br />
graphismes et <strong>de</strong>s harmonies, sait, en<br />
très peu <strong>de</strong> couleurs donner l’impression<br />
d’une gran<strong>de</strong> explosion <strong>de</strong> tonalités.<br />
Jeanine Rivais<br />
J’ai pensé à Raymond Reynaud parce<br />
que je le connaissais par le biais <strong>de</strong>s<br />
élèves que j’avais eus, qui trouvaient<br />
que c’était quelqu’un <strong>de</strong> rigoureux dans<br />
le travail, même peut-être un peu trop,<br />
finalement était venu le moment où j’en<br />
avais besoin et que je l’acceptais, et j’ai<br />
été voir Raymond Reynaud. La première<br />
chose qu’il m’a <strong>de</strong>mandé c’est : « Vous<br />
êtes venu me voir pourquoi ? ».<br />
Et là ça été la gran<strong>de</strong> surprise parce que<br />
je n’avais pas pensé du tout à ce qu’on me<br />
pose comme ça brutalement la question,<br />
et que finalement c’était la question profon<strong>de</strong><br />
que j’aurais dû me poser, et je me<br />
suis entendue dire : « J’ai un problème<br />
<strong>de</strong> fond et <strong>de</strong> forme ». Il m’a <strong>de</strong>mandé<br />
si j’acceptais <strong>de</strong> lui montrer mon travail,<br />
et en lui montrant mon travail, ce dont<br />
il s’est aperçu et qui était flagrant, c’est<br />
qu’en fait la forme avait vraiment pris la<br />
place du fond et que ça s’était inversé.<br />
-18-
Il m’a dit : « Ce qui va être gênant chez vous, c’est<br />
votre métier, vous avez un parcours classique, vous<br />
avez fait les beaux-arts, vous avez été enseignante,<br />
donc vous avez un discours culturel sous une<br />
certaine forme, et est-ce que vous allez être capable<br />
d’enlever toute certitu<strong>de</strong> et <strong>de</strong> travailler sur un trait,<br />
la qualité d’un trait par rapport à une émotion, <strong>de</strong><br />
rester très près <strong>de</strong> cette chose là ».<br />
Et effectivement, ça été très dur parce que je ne<br />
m’étais jamais aperçue que le passé culturel et le<br />
savoir faire avaient pesé si lourd dans la balance.<br />
Je pense que quand Raymond dit « J’amène les<br />
gens vers l’art singulier », je pense qu’il veut dire,<br />
j’amène les gens <strong>de</strong>puis où ils sont, dans leur<br />
culture, avec ce qu’ils sont, et ce qu’ils ont acquis,<br />
<strong>de</strong> trop, <strong>de</strong> pas assez, et en trouvant le fil conducteur<br />
propre à chacun. Il a un côté très intuitif qui fait qu’il<br />
sent très bien qu’il y a ce petit fil conducteur, il le<br />
découvre, et il vous le fait découvrir après, et il vous<br />
amène petit à petit à vous faire reconnecter avec<br />
vos possibilités profon<strong>de</strong>s. Même si c’est quelque<br />
chose qui ne va pas sortir sous une forme jolie,<br />
esthétique, c’est quelque chose qui vous appartient<br />
profondément, qui ne lui appartient pas, et<br />
finalement être singulier c’est être profondément<br />
original.<br />
Martine Bayle<br />
Martine Bayle - Sans titre<br />
Extrait <strong>de</strong> « La force en <strong>de</strong>dans » (2000),<br />
documentaire <strong>de</strong> Jean-Michel Zazzi<br />
-19-
-20-<br />
Renée Fontaine - La tour <strong>de</strong> Babel.
RENÉE FONTAINE<br />
Née en 1936. Vit à Saint-Martin-<strong>de</strong>-Crau.<br />
Institutrice à la retraite.<br />
Peintre amateur <strong>de</strong> reproductions ou <strong>de</strong><br />
paysages, elle avait cessé <strong>de</strong> peindre en<br />
1975, ne trouvant plus les moyens <strong>de</strong><br />
progresser dans son travail.<br />
En 1982, elle rencontre Raymond<br />
Reynaud à l’occasion d’une conférence<br />
<strong>de</strong>stinée aux enseignants où ce <strong>de</strong>rnier<br />
présente sa conception <strong>de</strong> la peinture.<br />
Depuis, Renée Fontaine a fréquenté<br />
l’atelier du Quinconce Vert jusqu’à sa<br />
fermeture. La peinture est pour elle un<br />
moyen d’aller chercher au plus profond<br />
d’elle-même l’émotion ressentie face au<br />
mon<strong>de</strong>, et <strong>de</strong> l’exprimer avec <strong>de</strong>s couleurs<br />
et <strong>de</strong>s formes, au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s mots et <strong>de</strong>s<br />
apparences, pour mieux s’en libérer et<br />
retrouver une forme <strong>de</strong> sérénité.<br />
“En octobre 1983, j’ai rencontré Raymond<br />
à une journée pédagogique dans<br />
le cadre <strong>de</strong>s maternelles. J’avais été<br />
invitée par une collègue <strong>de</strong> Salon qui<br />
m’avait dit « Tu <strong>de</strong>vrais venir, <strong>de</strong>main<br />
après-midi, il y a un peintre qui vient<br />
nous expliquer <strong>de</strong>s tableaux, toi qui peins<br />
ça t’intéresserait ». J’y suis allée et là j’ai<br />
rencontré Raymond, ce petit bonhomme<br />
qui payait pas <strong>de</strong> mine avec sa casquette,<br />
ses grosses lunettes, un peu gauche, qui<br />
a commencé à expliquer. Il a expliqué<br />
et pour moi, c’est <strong>de</strong>venu une évi<strong>de</strong>nce,<br />
j’ai tout compris. Ensuite, je suis allée au<br />
Quinconce Vert à Salon. Là, un mercredi<br />
après-midi, je me pointe là-bas et il me<br />
dit : « Installe toi là », il me donne une<br />
feuille blanche et un crayon et il me dit :<br />
“Essaie <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssiner comme les autres<br />
le village <strong>de</strong> Jean <strong>de</strong> Florette”. Comme<br />
ça <strong>de</strong> but en blanc, <strong>de</strong>ssiner un village,<br />
sans avoir <strong>de</strong> motif <strong>de</strong>vant moi, j’étais<br />
incapable <strong>de</strong> faire quelque chose. J’ai<br />
dit : Je m’en vais. Et la semaine suivante,<br />
je suis retournée et là, petit à petit, je<br />
suis rentrée dans sa façon <strong>de</strong> faire, qui<br />
était d’imaginer <strong>de</strong>vant la page blanche<br />
le ressenti <strong>de</strong> quelque chose. Chaque<br />
semaine, on avait un thème, le village,<br />
le boulanger... Chacun s’exprimait à sa<br />
façon, et sur une quinzaine qu’on était,<br />
il n’y avait aucune chose <strong>de</strong> pareille.<br />
Raymond m’a permis d’exprimer ce que<br />
j’avais au fond <strong>de</strong> moi.”<br />
Renée Fontaine<br />
-21-
ANDRÉ GOUIN<br />
Né en 1946 à Sénas où il vit toujours<br />
aujourd’hui.<br />
Difficile quand on doit parler d’un<br />
peintre brut <strong>de</strong> ne pas faire référence<br />
à Jean Dubuffet. Résumons. L’art brut :<br />
l’art <strong>de</strong> ceux qui n’ont jamais appris le<br />
métier <strong>de</strong> peintre, l’art <strong>de</strong>s fous, <strong>de</strong>s<br />
prisonniers, <strong>de</strong> la France profon<strong>de</strong>, l’art<br />
en marge.<br />
Cet art si difficile à cerner, à enfermer<br />
dans les digues du discours critique,<br />
que les conservateurs <strong>de</strong>s arts<br />
plastiques y per<strong>de</strong>nt leurs mots : l’art<br />
brut est tantôt singulier, indompté,<br />
irrégulier, instinctif...<br />
L’art d’André Gouin s’accommo<strong>de</strong><br />
<strong>de</strong> tous ces qualificatifs. Singulier,<br />
parce qu’il se singularise face<br />
aux productions contemporaines<br />
montrées et commentées dans les<br />
galeries et les musées. Indompté<br />
parce qu’il contrevient aux mo<strong>de</strong>s et<br />
aux snobismes. Indompté parce qu’il<br />
suit uniquement sa sensibilité.<br />
André Gouin n’a jamais appris la<br />
peinture. Il peint <strong>de</strong>puis cinq ou six<br />
ans seulement, guidé par sa seule<br />
passion. Mais il a fait une rencontre<br />
essentielle, celle <strong>de</strong> Raymond<br />
Reynaud, peintre singulier, fondateur<br />
du « mouvement singulier Raymond<br />
Reynaud ». Ce mouvement est une<br />
école <strong>de</strong> contestation et <strong>de</strong> remise en<br />
cause <strong>de</strong> la peinture d’aujourd’hui qui<br />
a eu le soutien <strong>de</strong> Jean Dubuffet et <strong>de</strong><br />
Michel Thevoz. Raymond Reynaud<br />
ai<strong>de</strong> ceux qui viennent travailler avec<br />
lui à découvrir ce qu’ils ont à dire et à<br />
trouver les moyens <strong>de</strong> le dire.<br />
André Gouin s’est soumis à cette sorte<br />
<strong>de</strong> maïeutique et il a appris à connaître<br />
son mon<strong>de</strong> intérieur, à savoir ce qu’il<br />
avait envie <strong>de</strong> peindre : « les péchés<br />
capitaux », « les fables <strong>de</strong> La Fontaine »,<br />
« les masques », qui sont autant <strong>de</strong><br />
reflets <strong>de</strong> la physionomie humaine.<br />
André Gouin, agriculteur <strong>de</strong> son métier,<br />
sait observer, se taire, prendre le<br />
temps <strong>de</strong> réfléchir. Il est poète sans le<br />
savoir, humoriste aussi, naïf et critique<br />
à la fois.<br />
Alice Angla<strong>de</strong><br />
-22-
Fils d’agriculteur et voisin <strong>de</strong> Raymond Reynaud,<br />
j’ai connu Arlette et Raymond pendant plus <strong>de</strong><br />
trente ans, et à maintes et maintes reprises vu<br />
ses œuvres, attiré, intrigué et passionné par son<br />
travail, sa persévérance et sa recherche.<br />
Un jour d’automne 1985, Arlette et Raymond<br />
m’ont <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong> faire un tableau, alors que<br />
je n’avais jamais peint <strong>de</strong> ma vie, j’étais d’ores et<br />
déjà dans cet art imaginaire qui vous dévore et<br />
passionne.<br />
Cela m’apporte une gran<strong>de</strong> réflexion et me fait<br />
voir un mon<strong>de</strong> tout autre. Dommage que je n’ai<br />
point assez <strong>de</strong> revenu pour arrêter le travail et me<br />
consacrer tout entier à la peinture, j’ai l’impression<br />
<strong>de</strong> perdre mon temps et ma vie au travail.<br />
Merci Raymond et Arlette.<br />
André Gouin<br />
André Gouin - Sans titre<br />
-23-
Arlette Watelet Thozet - La Colère (encre <strong>de</strong> chine, papiers découpés et collés)<br />
ARLETTE WATELET THOZET<br />
Née en Lorraine. Vit à Lambesc.<br />
Lorsque j’ai fait la connaissance <strong>de</strong><br />
Raymond j’avais 33 ans lui 61. Il m’est<br />
apparu immédiatement comme un<br />
homme très âgé, petit, un peu voûté,<br />
casquette en tweed et pantalon <strong>de</strong><br />
velours... on sentait l’homme <strong>de</strong> la<br />
terre. Il marchait un peu <strong>de</strong> guingois<br />
à cause d’une jambe qui semblait<br />
vouloir le quitter à chaque pas et qu’il<br />
ramenait consciencieusement dans le<br />
droit chemin sans jamais se plaindre.<br />
Curieusement au fil <strong>de</strong>s années, son<br />
aspect n’a plus évolué, c’est comme<br />
s’ il s’était figé dans le temps ... pour<br />
moi, il était né vieux.<br />
Ce qui frappait chez cet homme<br />
souffreteux et tremblotant c’était<br />
cette immense énergie créatrice<br />
qui l’habitait entièrement, il l’avait<br />
magistralement domestiquée et<br />
la libérait en flot continu avec une<br />
régularité <strong>de</strong> métronome. Vivre pour<br />
lui c’était créer, créer en permanence,<br />
sans relâche. Il cheminait droit <strong>de</strong>vant<br />
lui, sur un chemin labyrinthique,<br />
rempli <strong>de</strong> méandres, d’entrelacs et <strong>de</strong><br />
correspondances païennes dont lui<br />
seul avait le secret, un chemin d’une<br />
complexité extrême, mais bordé <strong>de</strong><br />
part et d’autre par <strong>de</strong>ux lignes bien<br />
distinctes que personne n’aurait pu<br />
franchir et encore moins détourner. Il<br />
était d ‘une seule pièce, soli<strong>de</strong> comme<br />
un roc car... il s’était créé lui-même.<br />
Sa façon <strong>de</strong> s’exprimer était aussi<br />
une création, un discours ca<strong>de</strong>ncé,<br />
dénué <strong>de</strong> toute fioriture, mais qu’il<br />
ponctuait <strong>de</strong> termes provençaux<br />
dont je ne connaissais pas toujours<br />
la signification et qui me faisaient<br />
sourire, création musicale singulière,<br />
vivante et terriblement efficace; sans<br />
jamais élever la voix, il avertissait<br />
en cas <strong>de</strong> dérapage, lorsque nous<br />
cédions à la facilité. Il nous poussait<br />
inlassablement à retourner au plus<br />
profond <strong>de</strong> nous-même pour y puiser<br />
la vérité, sans jamais s’immiscer<br />
dans notre parcours ou influer sur la<br />
direction à prendre « Tu vas trouver »<br />
disait-il... Et nous trouvions, c’était dur<br />
et au final complètement libérateur, et<br />
là son bonheur était visible...<br />
Il nous a guidés dans ce chemin<br />
initiatique afin que nous parvenions<br />
à la connaissance <strong>de</strong> nous-même, son<br />
action était assez extraordinaire car elle<br />
provoquait une immense ouverture<br />
en nous ramenant au plus profond, au<br />
plus serré <strong>de</strong> nous-mêmes.<br />
Raymond m’ a appris “la liberté”.<br />
Arlette Watelet-Thozet<br />
-24-
(1931-2011)<br />
Toute petite déjà, j’aimais peindre et <strong>de</strong>ssiner. Adolescente, j’ai été<br />
prise d’une nouvelle frénésie <strong>de</strong> peindre <strong>de</strong>s paysages et autres.<br />
Une fois mariée, j’ai dû cesser car je n’avais plus le temps, les<br />
enfants... et autres. C’est par une émission <strong>de</strong> télévision régionale<br />
en 1981 que j’ai connu Raymond Reynaud, l’existence <strong>de</strong> son<br />
groupe (Le Quinconce Vert).<br />
JEANNE DISDERO-REY<br />
Cela m’a bien intéressée. Malgré ma gran<strong>de</strong> timidité, j’ai pris le<br />
courage d’aller m’inscrire à ses cours. Je ne l’ai pas regretté.<br />
C’est merveilleux, il a su nous faire découvrir cette peinture<br />
personnelle qui nous vient <strong>de</strong> notre moi profond, notre subconscient.<br />
Je peins <strong>de</strong> préférence le soir au moment où tombe la nuit<br />
avec toutes ses ombres et son mystère.<br />
Je peins avec mes entrailles, avec mon<br />
âme, avec mon souffle.<br />
Dans les couleurs, je verse l’amour <strong>de</strong>s êtres<br />
qui vivent sur cette terre, les mille traits <strong>de</strong><br />
Dieu, les miroirs <strong>de</strong> la vie, le calme <strong>de</strong> la<br />
mort, la transparence <strong>de</strong> l’oubli.<br />
Je sais que cette voie est la bonne, c’est<br />
pourquoi aujourd’hui je suis heureuse <strong>de</strong><br />
peindre. Et jamais je ne pourrai m’en passer<br />
car ce serait être privée <strong>de</strong> parole, privée <strong>de</strong><br />
regard sur le mon<strong>de</strong>.<br />
J’avance les yeux ouverts, afin <strong>de</strong> discerner<br />
l’arrière-fond <strong>de</strong> cet univers.<br />
Jeanne Dis<strong>de</strong>ro-Rey<br />
Jeanne Dis<strong>de</strong>ro-Rey - Les signes du Zodiaque<br />
-25-
LES<br />
AMIS<br />
ARTISTES<br />
-26-
PAUL DUCHEIN<br />
Né en 1930 à Rabastens.<br />
Fait ses étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> pharmacie à Toulouse. Vit et<br />
travaille à Montauban.<br />
Commence à peindre à l’âge <strong>de</strong> 14 ans et travaille<br />
avec le céramiste Giovanni Leonardi pendant ses<br />
étu<strong>de</strong>s secondaires.<br />
Parallèlement à son métier, il fréquente les<br />
artistes et s’intéresse à la création artistique sous<br />
toutes ses formes, organise <strong>de</strong>s expositions, écrit<br />
<strong>de</strong> nombreux articles et préfaces, se passionne<br />
pour l’art brut, l’art populaire et les arts premiers.<br />
Découverte du surréalisme et <strong>de</strong> Breton, rencontres<br />
déterminantes avec François Mathey,<br />
conservateur non conventionnel du musée <strong>de</strong>s<br />
Arts Décoratifs, le peintre surréaliste Jacques<br />
Hérold, Alphonse Chave, galeriste hors normes,<br />
passionné d’art brut, Vieira da Silva et d’autres....<br />
Dès 1966, il réalise “clan<strong>de</strong>stinement” <strong>de</strong>s assemblages;<br />
il a composé à ce jour près <strong>de</strong> 2000 boîtes<br />
et plusieurs centaines <strong>de</strong> collages et assemblages<br />
par cycles thématiques.<br />
Première exposition en 1986 à la galerie Chave à<br />
Vence préfacée par François Mathey.<br />
Durant vingt ans (1974 - 1994) est directeur <strong>de</strong> la<br />
rédaction <strong>de</strong> la revue nationale <strong>de</strong>s pharmaciens<br />
pour laquelle il rédige <strong>de</strong>s chroniques régulières<br />
et compose <strong>de</strong>s photomontages pour les couvertures.<br />
Prési<strong>de</strong> et anime <strong>de</strong>puis 1972 les “ Rencontres<br />
d’Art” au musée Ingres <strong>de</strong> Montauban. Dans<br />
ce même musée en 1989, Raymond Reynaud<br />
participera à l’exposition « Les instinctifs du midi »<br />
aux côtés <strong>de</strong> Marie Morel, Philippe Aïni et d’autres<br />
artistes singuliers.<br />
Mais c’est bien là le mystère <strong>de</strong> ces boîtes, <strong>de</strong> n’être jamais figées, <strong>de</strong> toujours permettre<br />
une échappée sur son propre mon<strong>de</strong>. Regar<strong>de</strong>z bien ces théâtres, ils sont ouverts <strong>de</strong><br />
tous côtés et n’atten<strong>de</strong>nt que vous pour s’animer. La formidable charge émotive qu’ils<br />
renferment n’est rien si vous n’avez en vous le potentiel <strong>de</strong> rêve qui la fera s’activer.<br />
Comme dans certains cafés, ON PEUT APPORTER SON MANGER.<br />
Il vaut mieux même. Alors, si vous avez appétit <strong>de</strong> merveilleux, <strong>de</strong> poésie et <strong>de</strong> mystère,<br />
si n’est pas encore flétrie la part d’enfance qui reste en chacun <strong>de</strong> nous, poussez la porte<br />
<strong>de</strong>s théâtres <strong>de</strong> Paul Duchein, vous en serez émerveillé.<br />
C’est la chance que je vous souhaite.<br />
Clau<strong>de</strong> Roffat<br />
-27-
Une peinture <strong>de</strong> Jaber se lit comme un rébus, ou comme on déchiffre une carte <strong>de</strong><br />
corsaire, avec tous ses détails à décrypter dans tous les coins. Laurent Danchin<br />
Jaber El Majoub est né en 1938 dans une<br />
famille <strong>de</strong> bergers <strong>de</strong> M’Saken (banlieue<br />
<strong>de</strong> Sousse) en Tunisie.<br />
A l’âge <strong>de</strong> 6 ans il a perdu sa mère<br />
et a été pratiquement élevé par sa<br />
soeur. Il n’a pas pu fréquenter l’école<br />
car il <strong>de</strong>vait gar<strong>de</strong>r les animaux pour<br />
nourrir sa famille. Il n’a donc jamais pu<br />
apprendre à lire et écrire.<br />
En 1958 il prend la direction <strong>de</strong><br />
Marseille et y travaille comme<br />
boulanger avant <strong>de</strong> monter à<br />
Paris <strong>de</strong>ux ans plus tard. Les petits<br />
enfants du boulanger <strong>de</strong> la rue <strong>de</strong>s<br />
Blanc-Manteaux se souviennent<br />
encore <strong>de</strong> lui, car le grand-père a<br />
soigneusement conservé quelques<br />
pièces <strong>de</strong> Jaber.<br />
En effet dès qu’il avait une pause, il<br />
<strong>de</strong>ssinait par terre au charbon <strong>de</strong> bois<br />
et faisait cuire la pâte à pain en forme<br />
d’oiseau, <strong>de</strong> poisson ou <strong>de</strong> fleur.<br />
L’après-midi, il vendait ses gouaches<br />
et amusait le public place St Michel.<br />
Il s’intéressait aussi à la boxe et a<br />
effectué dix-sept combats. Ses talents<br />
<strong>de</strong> chanteur - auteur - compositeur<br />
lui ont ouvert les portes du Petit<br />
Conservatoire <strong>de</strong> Mireille. Il enregistra<br />
<strong>de</strong>ux 45 tours chez Pathé-Marconi.<br />
Quelques années plus tard, il fut<br />
découvert par une riche américaine<br />
qui l’emmena en Amérique. Elle<br />
avait découvert à juste titre qu’il avait<br />
la carrure pour <strong>de</strong>venir un artiste<br />
<strong>de</strong> dimension internationale. Ils se<br />
marièrent rapi<strong>de</strong>ment et Jaber ouvrit<br />
une galerie très bien située à San Francisco.<br />
Au bout <strong>de</strong> quelques mois, la galerie<br />
était <strong>de</strong>venue le lieu <strong>de</strong> ren<strong>de</strong>z-vous<br />
<strong>de</strong> tous les a<strong>de</strong>ptes <strong>de</strong> la scène Flower<br />
Power. L’aspect commercial <strong>de</strong> l’affaire<br />
ne l’intéressait pas. Il préférait offrir ses<br />
travaux aux visiteurs.<br />
En 1971, il obtint le premier prix <strong>de</strong><br />
peinture parmi 800 candidats au<br />
Plainfield Art Festival.<br />
Il <strong>de</strong>vint célèbre, mais son mariage fut<br />
un échec.<br />
JABER<br />
De retour à Paris il exposa en 1977<br />
à l’American Center of Artists, ce qui<br />
relança sa carrière à Paris. Ses amis et<br />
collectionneurs le firent participer ou<br />
organisèrent pour lui <strong>de</strong> nombreuses<br />
expositions prestigieuses.<br />
Il entra dans bon nombre <strong>de</strong> collections<br />
privées et publiques <strong>de</strong> par le<br />
mon<strong>de</strong> et figure aujourd’hui dans tous<br />
les musées consacrés à l’art brut ou<br />
outsi<strong>de</strong>r.<br />
Comme pour <strong>de</strong> nombreux artistes, sa<br />
pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> gloire connut son déclin<br />
avec la crise <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong>s années<br />
1990. Les galeries qui le défendaient<br />
disparurent.<br />
Au lieu <strong>de</strong> se lamenter, il prit son sort<br />
en main en vendant à nouveau ses<br />
gouaches cette fois dans le quartier<br />
Beaubourg, nouveau haut lieu <strong>de</strong> l’art<br />
contemporain.<br />
-28-
Jaber - Tête<br />
-29-
-30-
DANIELLE JACQUI<br />
Danielle Jacqui, dite « Celle qui peint », est une<br />
peintre et sculptrice , née le 1er janvier 1934 à Nice.<br />
Elle vit à Roquevaire (Bouches-du-Rhône), où<br />
elle est célèbre pour avoir entièrement décoré<br />
sa maison.<br />
Fondatrice du festival d’art singulier <strong>de</strong> Roquevaire,<br />
elle est l’une <strong>de</strong>s plus emblématiques<br />
figures <strong>de</strong> ce mouvement issu <strong>de</strong> l’art brut et<br />
<strong>de</strong> l’ art hors-les-normes.<br />
Danielle Jacqui naît d’un père joaillier et d’une<br />
mère militante féministe. La rapi<strong>de</strong> séparation<br />
<strong>de</strong> ses parents constitue un déchirement<br />
à la suite duquel elle est placée en pension,<br />
pour être finalement confiée à un couple<br />
d’instituteurs en 1945.<br />
Elle est alors formée à la métho<strong>de</strong> Freinet à<br />
Saint-Rémy-<strong>de</strong>-Provence, ce qui marquera durablement<br />
son travail par le développement<br />
d’une énergie <strong>de</strong> libre expression.<br />
À la fin <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong>, elle doit arrêter ses<br />
étu<strong>de</strong>s et épouse, à l’âge <strong>de</strong> 18 ans, un maçon<br />
dont elle aura quatre enfants.<br />
À la suite <strong>de</strong> son divorce en 1970, elle <strong>de</strong>vient<br />
brocanteuse, métier qui lui donne le goût <strong>de</strong> la<br />
récupération.<br />
À partir <strong>de</strong> 1971, elle entame une production<br />
<strong>de</strong> peintre qu’elle commence à montrer.<br />
En 1976, lors <strong>de</strong> sa première exposition à<br />
Marseille, elle découvre les liens qui existent<br />
entre son travail et ceux <strong>de</strong>s autres artistes<br />
« en marge » et, en 1981, après une visite<br />
au musée Robert Tatin, elle débute l’œuvre<br />
monumentale qui la rendra célèbre : la décoration<br />
<strong>de</strong> sa propre maison, dont le principe est<br />
<strong>de</strong> ne pas laisser un seul centimètre carré sans<br />
son intervention en peinture, mosaïques, etc.<br />
En 1990, elle fon<strong>de</strong> et organise le festival d’art<br />
singulier <strong>de</strong> Roquevaire, puis d’Aubagne<br />
À partir <strong>de</strong> novembre 2006 , elle est invitée à<br />
réaliser un « Colossal d’art brut » à Aubagne.<br />
Le travail <strong>de</strong> Danielle Jacqui est représenté<br />
dans <strong>de</strong>s lieux et collections concernant<br />
l’art singulier : la Fabuloserie (Dicy), le Site<br />
<strong>de</strong> la Création Franche (Bègles), le musée<br />
international d’art naïf Anatole Jakovsky (Nice).<br />
-31-
RE<br />
MERCI<br />
EMENTS<br />
Christophe Lespilette,<br />
Service culturel <strong>de</strong> la ville d’Arles,<br />
Jean-Clau<strong>de</strong> Caire, membre d’honneur<br />
Bulletin <strong>de</strong>s amis <strong>de</strong> François Ozenda<br />
Laurent Danchin, membre d’honneur<br />
Amis <strong>de</strong> Mycelium,<br />
Jean-Michel Zazzi<br />
Réalisateur<br />
Les citations <strong>de</strong> Laurent Danchin sont extraites du livre :<br />
“Aux frontières <strong>de</strong> l’art brut, Le Livre d’art”, Collection Mycelium, 2014<br />
Avec le soutien du service culturel <strong>de</strong> la ville d’Arles<br />
-32-
CONTACTS<br />
Association <strong>de</strong>s Amis du Singulier Raymond Reynaud<br />
Michel Semal, prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> l’AASRR<br />
464, Boulevard Saint Roch<br />
84240 La Tour d’Aigues<br />
Tél : 04 90 68 21 75<br />
06 10 97 54 90<br />
Gérard Nicollet, commissaire d’exposition<br />
06 26 97 91 88<br />
Françoise Barthélémy, secrétaire <strong>de</strong> l’AASRR<br />
06 85 64 01 30<br />
Raymond Reynaud sur Internet :<br />
http://reynaud.raymond.free.fr/<br />
https://www.facebook.com/Association<strong>de</strong>sAmisduSingulierRaymondReynaud/<br />
https://fr.pinterest.com/sonolor/raymond-reynaud/<br />
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