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NOUVELLES TRADUCTIONS : MOTIVATIONS ET RÉALISATIONS<br />

indéfinis. Chez Gide il n’y en a qu’un seul : le petit pied..., une botte..., le bas<br />

rayé..., le soulier. De même chez Sesemann -la jambe, une botte, le bas, le soulier...<br />

et chez Niqueux la jambe, une botte, le bas, l’escarpin. Nous sommes ici comme<br />

souvent dans le texte, face à l’exception de Mérimée (et donc de Meynieux) dans le<br />

choix de l’article. Ces cas ne concernent bien évidemment que les contextes où un<br />

tel choix est possible et leur nombre assez limité.<br />

On constate également l’emploi du passé simple chez André Gide (voir<br />

l’exemple ci-dessus) là où les autres traducteurs useraient plutôt du plus que parfait<br />

qui donne une vision plus détaillée du passé dans son étendue, mais qui n’a pas le<br />

caractère définitif, coupé du présent, propre au passé simple. On peut supposer que<br />

l’emploi du passé simple représente la réponse de Gide à la phrase hachée et souvent<br />

très courte de Pouchkine. Par contre tous les traducteurs (sauf Julvécourt, qui<br />

remanie presque complètement la syntaxe) est unanime sur l’emploie de l’imparfait<br />

du subjonctif sans qu’on s’en aperçût. C’est là un impératif de la langue française à<br />

l’écrit lié à l’emploi de sans que.<br />

D’un point de vue grammatical il y a peu de liberté d’expression dans la<br />

traduction. Il y en a beaucoup plus dans les remaniements syntaxiques et le choix<br />

lexical.<br />

La ponctuation est presque toujours flottante. Dans l’exemple cité c’est le cas<br />

surtout chez Mérimée, Julvécourt et Sesemann. Gide et Niqueux tentent de<br />

minimiser les écarts.<br />

LE LEXIQUE<br />

Certaines de ces traductions présentent des particularités lexicales ponctuelles<br />

et/ou généralisées.<br />

C’est le cas de Dimitri Sesemann. Il opte souvent en présence de références<br />

typiquement russes vers la xénophilisation (selon Umberto Ecco 1 ), ou l’exotisation<br />

(selon A. Berman 2 ) qui se traduit par la présence d’emprunts ou de calques 3 . Dans<br />

l’exemple cité il est le seul à introduire (avec une note de bas de page) le chevaliergarde,<br />

inexistant en français. Ce type de procédés est moins fréquent chez Mérimée<br />

et Meynieux (boudoutchnik pour будочник, par exemple) et peu présent pour les<br />

autres.<br />

Sur le plan lexical Sesemann cherche systématiquement à rabaisser l’image<br />

de Lizaveta Petrovna et sa relation avec Hermann et à rehausser celle de la vielle<br />

comtesse. Hermann a aperçu un frais minois chez Sesemann (свежее личико chez<br />

Pouchkine, minois correspondrait aussi à мордочка, мордашка), tandis que<br />

Mérimée, Julvécourt et Gide optent pour un frais visage, Niqueux est le seul à suivre<br />

Sesemann qui, par contre, est le seul à dire, par exemple, les larmes de la<br />

malheureuse fille, sa détresse séduisante (les autres traducteurs optent pour jeune<br />

fille, et charme étonnant, que lui donnait sa douleur, ou la beauté touchante de sa<br />

douleur, le charme admirable de sa douleur etc.) Chez Pouchkine nous voyons<br />

1 On pourrait se référer ici à son article dans « Le plaisir des formes » édité par le Centre Roland-Barthes<br />

(Editions du Seuil, paris 2003) ou à son livre (« Dire presque la même chose », Traduction française,<br />

Grasset, Paris 2003).<br />

2 Op. cit.<br />

3 Ces procédés font aussi partie des sept procédés spécifiques de la traduction selon J.-P. Vinay et J.<br />

Darbelnet (La stylistique comparée du français et de l’anglais, Paris, Didier, 1977).<br />

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