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NOUVELLES TRADUCTIONS : MOTIVATIONS ET RÉALISATIONS<br />

des séquences rimés et des passages en prose) est une contrainte majeure. La syntaxe<br />

est très inégale.<br />

La superposition des langues (certaines répliques sont notamment en français<br />

dans les textes) se retrouvent dans les deux textes.<br />

En résumé on pourrait dire que La Dame de Pique présente relativement peu<br />

d’éléments non standard sur le plan langagier, tandis que Boris Godounov en<br />

abonde.<br />

Les différences entre les langues de départ et d’arrivée concernent tous les<br />

niveaux du langage à l’écrit et à l’oral. Une traduction a toujours par rapport aux<br />

autres, quand il s’agit d’un même texte, une certaine spécificité que nous essaierons<br />

de dégager. Notre objectif n’est pas de dire en quoi telle ou telle traduction est<br />

meilleure (ou pire) qu’une autre, mais de définir sa différence linguistique et<br />

stylistique par rapport aux autres traductions. C’est-à-dire que nous nous livrons<br />

pour les traductions à un exercice de stylistique comparée. Le style de l’original et<br />

l’original seront pris en compte dans la mesure où ils permettent d’expliquer les<br />

choix des traducteurs. Nous allons commencer par La Dame de Pique.<br />

LA DAME DE PIQUE OU LA FACILITÉ 1<br />

Nous avons choisi six traductions de La Dame de Pique étalées dans le temps<br />

dont deux récentes (Dimitri Sesemann et Michel Niqueux). Nous allons essayer de<br />

voir en quoi ces traductions sont différentes, quels sont leurs traits marquants.<br />

L’ASPECT GRAMMATICAL<br />

La langue russe et la langue française présentent bien évidemment des<br />

différences sur plusieurs niveaux. Certains aspects font partie de ceux dont avait<br />

parlé Roman Jakobson dans son article sur la traduction 2 , ceux qui sont à l’origine<br />

d’une difficulté supplémentaire pour le traducteur. Il s’agit des catégories<br />

grammaticales présentant « un plus grand » choix dans la langue d’arrivée (la langue<br />

cible) que dans la langue de départ (la langue source). Si les exemples de Jakobson<br />

concernent surtout le nombre et le genre, nous allons nous pencher sur l’article<br />

(présent en français, absent en russe), et les tiroirs verbaux, beaucoup plus<br />

diversifiés en français qu’en russe, encore que le russe dispose de l’aspect pour<br />

pallier ce manque.<br />

Dans La Dame de Pique l’alternance du passé dans ses deux formes possibles<br />

(aspect perfectif et aspect imperfectif) a fait l’objet de remarques de V.Vinogradov 3<br />

Prenons comme exemple les deux premières phrases de la Dame de Pique :<br />

Однажды играли в карты у конногвардейца Нарумова. Долгая зимняя ночь<br />

прошла незаметно ; сели ужинать в пятом часу утра.<br />

Paul de Julvécourt (1843) 4 traduit : Un de ces soirs, on s’était mis à jouer<br />

aux cartes chez le garde à cheval Naroumoff, et comme à jouer, les nuits passent<br />

1 Je remercie ici Nastia Egorova que j’ai accompagnée dans ses recherches portant sur la traduction de<br />

Prosper Mérimée et d’André Gide.<br />

2 Roman Jacobson. On Linguistics Aspects of Translation. R.A. Brower (ed.) On Translation. New York,<br />

Oxford University Press, 1966.<br />

3 Op.cit.<br />

4 Nous nous limiterons aux traductions françaises les plus réputées, en y incluant les plus récentes. Il y en<br />

a eu d’autres, citées notamment par Hélène Henry dans «Notes sur les traductions en français de La Dame<br />

de Pique. Revue des études slaves, LIX/1-2, 1987, Paris., ainsi que dans d’autres bibliographies, comme<br />

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