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TRADUIRE… INTERPRÉTER<br />

sait qu’en hébreu le premier se dit sâhaq, le second lâhaq. (En grec gelân et<br />

katagelân).<br />

Cette distinction permet à Sarah de se défendre quand dans la Genèse (17,<br />

15-20 et 18, 10-15) Dieu, après lui avoir annoncé qu’elle va avoir un enfant, se<br />

fâche de l’entendre rire.<br />

Dans d’autres langues (comme le latin qui désigne par le mot « risus », le rire<br />

positif ou négatif) un seul vocable désigne joie et moquerie.<br />

POLYSÉMIE ET HOMONYMIE. ONOMATOPÉES, ETC.<br />

Selon les langues, aux mots plus courts (en anglais) ou plus longs (en<br />

français), on utilisera de préférence l’effet polysémique ou la contrepèterie.<br />

Ce qui apparaît en général comme obstacle à la traduction, peut devenir<br />

l’objet d’un plaisir renouvelé. Rien n’est plus amusant que d’apprendre, en classe de<br />

langue, les mots qui désignent le hoquet, le soupir, les pleurs. De même, traduire ou<br />

inventer des histoires et des jeux de mots dans une langue étrangère ne peut que<br />

favoriser l’apprentissage du fait même des malentendus résultant des ambiguïtés<br />

sémantiques et des écarts culturels.<br />

Chaque langue, chaque civilisation a sa forme d’humour. Par exemple les<br />

histoires qui, en français, jouent sur les noms (« Mlle Annie Zette s’est mariée avec<br />

Ali Cœur. Leur mariage a été célébré par le Père Neau et l’abbé Rittif », etc.).<br />

En anglais, les histoires « Knock, knock jokes » qui jouent sur les<br />

onomatopées n’ont pas leur équivalent en français. Et en même temps, il est vrai de<br />

dire que, dans d’autres cas, en changeant simplement les noms de lieux et de<br />

personne, on peut « traduire » une histoire drôle d’une culture dans une autre. Ainsi<br />

on trouve certaines des anecdotes contenues dans Sagesse et idioties de Nast Eddin<br />

Hodja dans La Bible de l’humour juif de M. A. Ouaknin.<br />

Une histoire comme celle du ministre algérien qui disait (dans les années<br />

70) : « Nous étions au bord du gouffre mais nous avons fait un pas en avant » peut,<br />

hélas, être traduite et comprise dans différents pays.<br />

Pour montrer de façon humoristique le caractère idiomatique d’expressions<br />

populaires en français ou en allemand, les connotations et allusions implicites (en se<br />

moquant des manuels), P. Fasola et J.-C. Lyant ont rédigé leur « cahier de vacances<br />

buissonnières 1 » avec un lexique du type :<br />

Quand vous entendez : Comprenez :<br />

– déodorant – spray<br />

– l’horloge de Königsberg – Emmanuel Kant<br />

– nicht hinauslehnen – jeune fille à sa fenêtre rabrouée par sa marâtre<br />

– der cousin – à la mode de Bretagne<br />

– die kusine – Germaine<br />

– Herr Professor Doktor – M’sieur<br />

– ach so – ce que vous voulez<br />

– « Hochachtungs voll » se traduit pas une formule de quatre lignes.<br />

<strong>Traduire</strong> La Disparition de G. Perec en italien est possible mais il faut alors<br />

recréer le texte en transformant le « lipogramme » en e par un « lipogramme » en o.<br />

C’est lorsque l’un des interlocuteurs ne comprend pas, lorsqu’il joue le rôle<br />

du tiers naïf, que l’effet comique en est doublé. Rajsfus a étudié L’humour juif sous<br />

1 Savoir en rire, tome 2.<br />

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