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TRADUIRE ASTÉRIX EN ALLEMAND : TRANSPOSER OU INTERPRÉTER ?<br />

D’autre part, « Ah ! le petit vin blanc ! », écrit par Jean Dréjac et chanté par Lina<br />

Margy, suscite cette parodie dans la bouche des Romains enivrés durant leur<br />

entraînement : « Ah, le petit vin blanc, qu’on boit sous les colonnes… du côté<br />

d’l’A…cropoooole ! » (31-3, 4).<br />

La solution choisie par Penndorf est de remplacer ces refrains par des<br />

chansons populaires allemandes, respectivement « Ein Schiff wird kommen » (/un<br />

bateau viendra/), chanté par Lale Andersen, et « Lass den Sonnenschein herein »<br />

(/laisse entrer la lumière du soleil/ de Freddy Quinn. Cette solution présente<br />

l’avantage d’offrir une équivalence fonctionnelle dans le domaine festif. Celle-ci est<br />

immédiatement intelligible pour les lecteurs germanophones, tout en respectant<br />

l’esprit de la version originale, à défaut d’en garder la lettre.<br />

LE CAS-TYPE DES CALEMBOURS<br />

Comme l’a remarqué Henry (2003), le traitement des calembours constitue<br />

l’épreuve-phare de toute traduction, tant ces jeux de mots affectent l’épaisseur des<br />

signifiants et la polyvalence des signifiés, tout en mobilisant les compétences<br />

culturelles des locuteurs. Nous nous limitons à montrer quelques enjeux associés à<br />

de telles formations ludiques dans la traduction d’Astérix.<br />

Approche catégorielle<br />

En premier lieu, il est intéressant de voir comment les quatre grandes<br />

catégories de calembours attestées dans Astérix aux Jeux olympiques sont traitées<br />

lors de leur traduction.<br />

Beaucoup de ces calembours sont à dominante sémique, en ce qu’ils<br />

privilégient le jeu sur le double sens des mots. Ainsi en est-il quand un calembour<br />

explore la polysémie d’un nom propre, à l’instar de ce dialogue entre Tullius<br />

Mordicus et Cornedurus : « Ne me laisse pas tomber ! // Ne crains rien, je te<br />

soutiens, Mordicus » (7-5). Tout en étant le nom du personnage, Mordicus signifie<br />

aussi /obstinément/ dans l’expression « soutenir mordicus ». Si à l’écrit, la<br />

majuscule et la virgule orientent le lecteur vers une interprétation nominale de<br />

« Mordicus », son sémantisme adverbial restant toutefois à l’arrière-plan, à l’oral<br />

l’équivoque est plus forte du fait de l’absence de ces marqueurs : Cornedurus assuret-il<br />

seulement qu’il soutient le centurion Tullius Mordicus ? Ou lui promet-il de le<br />

soutenir fermement ? Quant à la traduction en allemand, elle ne rend nullement<br />

l’ambiguïté de « soutenir mordicus » : « Lass mich also nicht fallen ! // Keine<br />

Angst ! Ich stütze dich, Redeflus ! » 1 . On a en effet affaire à une simple<br />

translittération qui s’attache davantage au sens propre de la phrase qu’à son sens<br />

caché.<br />

D’autres calembours sont à dominante phonique, notamment lorsqu’ils<br />

jouent sur deux homonymes à la fois homophones et homographes. Revenons sur<br />

l’onomatopée déjà relevée, à présent éclairée par son cotexte : « Pour donner le<br />

départ, un officiel invoque le nom du fils du dieu Hermès… // Pan ! » (39-2). Le<br />

calembour porte ici sur l’homonymie totale du signifiant « Pan » qui participe à<br />

deux catégories lexicales : l’onomatopée vue et le nom propre du dieu grec.<br />

1 /Ne me laisse pas tomber ! // N’aies pas peur ! Je te soutiens, Redeflus !/.<br />

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