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TRADUIRE ASTÉRIX EN ALLEMAND : TRANSPOSER OU INTERPRÉTER ?<br />

ce type de traduction convient aux phrases brèves et aux termes monoréférentiels<br />

qui sont peu nombreux, il apparaît inopérant avec des textes pris en entier.<br />

– d’un autre côté, Lederer distingue la « traduction interprétative » qui vise à<br />

transférer un contenu sémantique analogue entre les deux langues concernées. Selon<br />

Lederer, ce type de traduction est caractérisé « par un grand nombre d’omissions et<br />

d’ajouts, ainsi que par de nombreux réagencements dans l’ordre des idées ». Et<br />

Lederer d’ajouter : « Si le traducteur peut exercer sa liberté par rapport aux mots,<br />

[…] il ne dispose pas de cette liberté par rapport au sens. »<br />

Pour sa part, Koller (2005) propose une dichotomie assez proche avec ses<br />

conceptions d’« équivalence dénotative » et d’« équivalence connotative » sur<br />

lesquelles il n’est guère utile d’insister.<br />

Les théories modulaires de la traduction sont davantage productives, du<br />

moment qu’elles l’envisagent comme un continuum de procédures auxquelles le<br />

traducteur est libre de recourir suivant les contraintes du texte-source. Parmi ces<br />

théories modulaires, celle de Vinay et de Darbelnet (1977) est l’une des plus<br />

anciennes, mais elle reste d’actualité, avec ses gradations conduisant d’une<br />

traduction directe à une traduction oblique. Gradations qui s’articulent sur plusieurs<br />

procédés : l’emprunt, le calque, le mot-à-mot, la transposition sémantique ou la<br />

variation conceptuelle.<br />

Dans notre article sur la traduction publicitaire (Bonhomme & Rinn 1997),<br />

nous nous situions dans une perspective similaire, en promouvant une typologie<br />

fonctionnelle de la traduction. Celle-ci repose sur le critère fondamental de sa<br />

pertinence contextuelle et interactive, selon l’univers discursif sous-tendant le texte<br />

traduit, les points de vue adoptés par le traducteur et l’image qu’il se fait de ses<br />

lecteurs. Dans cette optique, une telle approche fonctionnelle conduit le traducteur à<br />

recourir à des stratégies plurielles au cas par cas. Celles-ci alternent entre la<br />

traduction dite « littérale » (qui ne l’est jamais en réalité), la transposition<br />

homologique 1 , la transformation énonciative 2 et l’interprétation ouverte, de façon à<br />

s’adapter aux idéologèmes et aux culturèmes du public visé.<br />

Cette modulation fonctionnelle est clairement illustrée avec la traduction des<br />

principaux noms propres d’Astérix. Ainsi, on constate que les noms des deux héros,<br />

Astérix et Obélix, ne sont jamais traduits. Cela préserve leur lisibilité qui constitue<br />

la marque de fabrique de la bande dessinée de Goscinny et Uderzo à une échelle<br />

internationale. Dans ce cas, la conformité au texte-source prévaut sur l’adaptation.<br />

Par contre, plus les personnages sont secondaires, plus ils sont susceptibles de<br />

s’adapter au matériau linguistique des langues-cibles et à la sensibilité des publics<br />

visés. Cette adaptation conduit les traducteurs à sélectionner dans les personnages<br />

dénommés diverses facettes compatibles avec leur univers fictionnel. Entre autres,<br />

du fait que la locution soutenue « âge canonique » à la base d’Agecanonix est<br />

difficilement exportable hors du français, les traducteurs ont opté pour des<br />

réinterprétations plus typiques aux yeux de leurs lectorats. Ces dernières s’effectuent<br />

suivant une orientation tour à tour biblique (Matusalemix en italien 3 ), mythologique<br />

1 Dans ce cas, le sens global est préservé par delà les variations linguistiques effectuées.<br />

2 Celle-ci consiste à modifier les repères déictiques et les dispositifs temporels en fonction du système de<br />

la nouvelle langue.<br />

3 Ce nom propre est formé sur Mathusalem qui aurait vécu 969 ans d’après la Genèse.<br />

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