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TRADUIRE… INTERPRÉTER<br />

comme source d’enrichissement, tout en tenant compte d’autres facteurs<br />

extralinguistiques comme le contexte de réception du texte et les instructions<br />

données par le client. Quels sont les obstacles auxquels se heurte le traducteur,<br />

quelles sont les circonstances dans lesquelles des choix doivent être opérés et quels<br />

sont les procédés utilisés pour préserver l’équivalence entre texte source et texte<br />

cible ? C’est ce que nous nous proposons d’étudier dans ce travail.<br />

À LA RECHERCHE DE L’ÉQUIVALENCE<br />

Conçue à l’origine comme une relation formelle entre textes, l’équivalence<br />

est redéfinie dans les années 1960 par Eugene Nida qui la replace dans le champ de<br />

la pragmatique, avec la notion d’équivalence dynamique et d’effet équivalent sur le<br />

destinataire du texte cible. E. Nida (1969 : 130) n’hésite pas à affirmer que dans la<br />

recherche de l’équivalence, les éléments linguistiques ne sont pas les seuls facteurs à<br />

considérer et que, en fait, les éléments culturels sont peut être même plus importants.<br />

Les signes linguistiques sont en effet interprétés en fonction du bagage cognitif de<br />

chaque lecteur, de son univers de croyances et de points de vue individuels et<br />

collectifs, une interdépendance que René Ladmiral et Edmond Marc Lipiansky<br />

(1989 : 95) expriment dans ces termes :<br />

Le langage n’est pas seulement un instrument de communication. C’est aussi un<br />

ordre symbolique où les représentations, les valeurs et les pratiques sociales<br />

trouvent leurs fondements. Ces dimensions du social ne sont pas disjointes ; au<br />

contraire, elles s’interpénètrent profondément. Les représentations et les valeurs<br />

à travers lesquelles une société construit sa vision du monde et son identité<br />

résident essentiellement dans le langage ; celui-ci est l’agent fondamental de la<br />

socialisation de l’individu et de son intégration à la culture. Mais la culture ellemême<br />

n’est pas extérieure à l’ordre du discours : le langage ne se contente pas de<br />

mettre des « noms » sur des objets physiques et culturels ; il est le champ où ces<br />

objets sont produits comme représentations sociales [...].<br />

L’étude du processus d’interprétation qui permet de générer de telles<br />

représentations a été abordée dans des perspectives différentes, dont les plus<br />

intéressantes pour la traduction sont, entre autres, les espaces mentaux (Fauconnier,<br />

1984), la sémantique des cadres et des scènes (Goffman, 1974, Fillmore, 1977), et la<br />

sémantique du prototype (Kleiber, 1990). Ces travaux ont contribué de façon<br />

significative à montrer la complexité de la construction du sens et l’importance des<br />

aspects liés aux éléments symboliques et aux expériences collectives d’un groupe<br />

linguistique donné. Charles Fillmore (1977 : 63) en particulier, donne une définition<br />

intéressante des schémas cognitifs (cognitive scenes) dans lesquels s’organise notre<br />

expérience :<br />

I intend to use the word scene – a word I am not completely happy with – in a<br />

maximally general sense, to include not only visual scenes but familiar kinds of<br />

interpersonal transactions, standard scenarios, familiar layouts, institutional<br />

structures, enactive experiences, body image ; and in general, any kind of<br />

coherent segment, large or small, of human beliefs, actions, experiences, or<br />

imaginings.<br />

Ces éléments agissent comme des filtres de type culturel qui constituent un<br />

code tout aussi important que le code linguistique et, comme le souligne David<br />

Katan (1999 : 20), bien plus difficile à saisir. En effet, du point de vue cognitif, la<br />

traduction est une opération entre deux systèmes sémiotiques qui consiste à gérer le<br />

matériau linguistique de façon à établir des correspondances entre les

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