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TRADUIRE… INTERPRÉTER<br />

spécialistes du latin. Cela étant dit, sans qu’il soit nécessaire de posséder de solides<br />

notions en latin, il paraît évident que les différentes terminaisons données changent<br />

parfois la syntaxe et donc le sens.<br />

Par exemple : tusit > iust ; Lobetus > lobetas ; Presviterueum > presbiter<br />

cum ; Eunologi > Ennalegi ; Oliva baro > Olliubaro ; Argelena > Argeleva ;<br />

Filmeta > Tilmeta<br />

De même, les noms propres ne peuvent être attestés par aucune<br />

documentation annexe. Leur transcription et leur certification posent donc ici un<br />

grave problème.<br />

Enfin, on trouve deux autres inscriptions, en catalan, beaucoup plus récentes<br />

et visibles, donc de forme plus attestée :<br />

Se feu est Altar en lo any 1811 per Baltasar Subietas ;<br />

Axo ya es trobà en lo Altar bell.<br />

Un aspect interprétatif de ces inscriptions de différentes époques permet de<br />

retracer finalement les vicissitudes, et par conséquent l’histoire de la pièce. En effet,<br />

si l’inscription du couvercle est antérieure à celle en latin, datée vers le XI e siècle, et<br />

antérieur aussi à la fondation de l’église (acte fondateur du 4 avril 1089), nous<br />

pouvons déduire facilement que la lipsanothèque fut réutilisée. Enfin, les<br />

inscriptions en catalan du XIX e siècle expliquent la redécouverte de cette pièce à<br />

l’occasion de la reconstruction de l’autel.<br />

Le chercheur va rajouter encore du sens à ces inscriptions sous un angle<br />

linguistique : d’une part, la syntaxe des inscriptions les plus anciennes montre une<br />

énonciation différente, où le « je » est celui de l’objet, avec un changement<br />

d’énonciation dans les inscriptions du XIX e siècle, où l’objet n’est plus l’acteur<br />

énonciateur.<br />

D’autre part, ces inscriptions nous renseignent sur l’évolution de l’état de la<br />

langue dans une même région. Dans les dernières inscriptions, on retrouve une<br />

influence castillane dans le « ya », avec l’emploi du [j] qui n’est pas usuel en catalan<br />

qui lui préfère « ja ». De même, le pronom « lo », forme abandonnée à partir du<br />

début du XX e siècle au profit de « el », semble montrer une influence « provençale »<br />

(occitane).<br />

Le problème des transcriptions de noms propres et celui des abréviations<br />

trouve son pendant dans ce deuxième objet : un autel portable de Sant Pere de<br />

Rodes, originaire de la même région que le précédent objet, et exposé aussi au<br />

musée d’art diocésain de Gérone.<br />

On y lit une inscription partielle sur l’avers, en latin, dans un style de capitale<br />

romaine où les U sont différenciés des V : HIC VIRTUS TONANTIS EXAUDIT<br />

PIE ORATEM, MERITA SCOV POSSUNT ADIUVARI ORATEM. Elle peut se<br />

traduire par : « la vertu du dieu tonnant est d’écouter l’orant pieux. Les mérites des<br />

saints peuvent aider celui qui prie ».Nous retrouvons aussi ici une abréviation :<br />

SCOV pour SANTORUM. On ne voit malheureusement pas cette face : c'est le<br />

revers qui est exposé. Cependant les fiches des classeurs proposées aux visiteurs la<br />

mentionnent. Sur le revers, une figure porte un livre dans un médaillon est à ses<br />

côtés, une inscription l’identifie : IHNSEGLT. Cette inscription est à traduire<br />

comme : Saint Jean l’évangéliste à travers l'abréviation de IOHANNES<br />

EVANGELISTA. Une autre inscription au verso est remarquable : IOSUE ET<br />

ELIMBURGA FIERI IUSSERUNT à traduire plus ou moins par « Josué et

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